Quinze ans de réclusion pour le violeur sataniste qui a sévi dans le centre Var

Il est des procédures qui marquent plus que d’autres. Il suffit de balayer du regard la salle de la cour criminelle du Var au moment des plaidoiries pour constater que le dossier jugé cette semaine restera dans les mémoires du tribunal judiciaire de Draguignan. Juges d’instruction, greffiers, avocats… Un public rompu aux joutes avec l’innommable qui, pourtant, a été éprouvé dans son humanité.

“Il a regardé dans l’abîme et y a sombré”

“Eric (1) a regardé dans l’abîme et y a sombré” note Me Coline Martin en défense. Les acteurs de ce procès y ont jeté un œil et cela a suffi à les choquer…

Accusé de viols et d’agressions sexuelles sur mineurs ainsi que sur ses enfants, de corruption de mineurs, de consultation d’images pédopornographique ou encore de provocation directe de mineur à la consommation excessive d’alcool, Eric a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle.

À l’issue de sa peine, il devra respecter un suivi socio-judiciaire d’une durée de sept ans comprenant une injonction de soins. En cas de non-respect de cette obligation, il encourra une peine d’emprisonnement de cinq ans. Il lui est en outre interdit, à titre définitif, d’exercer une activité professionnelle ou bénévole en lien avec des mineurs.

Aux 94 (!) questions posées à la cour, seules deux ont reçu une réponse négative. Le viol d’Eric sur Ambre ne l’a pas été sur personne vulnérable, quand bien même la jeune fille avait bu énormément d’alcool les heures précédentes. Et aucune image ou vidéo pédopornographie n’ayant été retrouvée dans les ordinateurs du couple, le délit de détention n’a pas été retenu.

Cinq ans de prison pour la mère incestueuse

En revanche, la cour a bien retenu l’altération du discernement chez Sophie, ex-compagne d’Eric, accusée d’agressions sexuelles sur mineurs, y compris incestueuses, corruption de mineurs et consultation d’images pédopornographique. Mais cette altération ne lui a pas permis d’obtenir un bénéfice de réduction de peine.

Déclarée coupable, la mère de famille a été condamnée à cinq ans d’emprisonnement. Tout comme Eric, elle devra s’astreindre à un suivi socio-judiciaire de cinq ans à sa sortie de détention et n’aura pas le droit, durant dix ans, d’exercer une activité en lien avec des mineurs.

Enfin, la cour a ordonné le retrait total de l’autorité parentale aux deux accusés. Leurs enfants, aujourd’hui âgés de 6 et 8 ans, vivent depuis 2020 au sein d’un établissement de SOS Villages d’enfants dans les Alpes-de-Haute-Provence et gardent contact avec leurs grands-parents paternels.

Arrivée libre et n’ayant jamais connu la détention, Sophie est repartie du tribunal les menottes aux poignets. Toujours aussi apathique et n’ayant fait preuve d’aucune empathie envers les victimes. Comme le “fantôme” qu’elle était lors de cette soirée de juillet 2020 où Clara avait été violée…

Complexe d’infériorité

“Elle n’a pas de dangerosité au sens psychiatrique du terme en l’absence de sollicitations par un tiers animé de pulsions perverses, rappelle Me Philippe Bertolino en défense. C’est tout le contexte, de dépendance, de soumission, de peur, qui l’a amenée à commettre ces horreurs.”

Corruptrice par sa passivité, “par son abstention”, Sophie aurait été écrasée par l’aura et l’ego de son compagnon. Un compagnon qui a toujours lutté, selon Me Martin, contre un “complexe d’infériorité”. “Il a voulu se créer un personnage plus fort que ce qu’il est en réalité. Depuis sa plus tendre enfance, il n’a vécu que des rejets, des harcèlements.”

En quête d’acceptation – à l’image de ses futures victimes – Eric a alors cherché à adhérer à un groupe. À tout prix. Et peu importe si pour cela il faut adorer Satan. “Quand il rencontre Sophie, il trouve un double narcissique. Ses croyances vont le conduire vers la perversion. Mais il n’y avait pas de stratégie machiavélique, de thèse mystique.” Me Martin en veut pour preuve les autres “adultes” présents lors de ces soirées de débauches, comme le frère de Sophie ou le meilleur ami d’Eric.

Le trentenaire assure être aujourd’hui adepte de la “spiritualité positive chrétienne”. Mais tel l’apôtre Paul, il devra souffrir sur le chemin de la rédemption. Au moins quinze ans.

Quinze ans de réclusion pour le violeur sataniste qui a sévi dans le centre Var