Les jeunes visés par les dérives sectaires : une exposition dans les écoles pour sensibiliser

 « Les dérives sectaires, tu connais ? » interroge l’exposition destinée aux collégiens et lycéens de l’île. Organisée par l’ADFI Réunion avec la MGEN, elle sera présentée aux élèves à partir du mois d’octobre à la demande des principaux et proviseurs. « Ils sont réceptifs sur ce sujet » se réjouit le président de l’ADFI, Serge Fabresson. Pour le moment, environ un quart des établissements sont concernés par ce temps de sensibilisation.

« Nous avons voulu organiser cette exposition suite au contexte post-Covid et parce qu’à La Réunion il y a une forte tendance à la croyance » explique Serge Fabresson. « J’insiste sur le fait que chacun est libre de croire mais il ne doit pas être sous emprise en perdant son argent, le goût de vivre, ses proches… ».

C’est ce qui est notamment expliqué à travers l’exposition : « Il ne faut pas confondre la secte et la religion », peut-on lire sur la première affiche, « La religion est basée sur la spiritualité : elle vise donc à combler des aspirations humaines. Mais si la croyance porte préjudice à sa propre personne ou à celle de son entourage, il s’agit peut-être de dérives sectaires. Il est bon de repérer certains signes ».

« Les plus jeunes sont particulièrement visés »

Pourquoi sensibiliser dès l’adolescence ? D’après un sondage Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès, les jeunes perçoivent beaucoup moins positivement les bienfaits de la science qu’il y a 50 ans. Les 18-24 ans étaient 6% en 1972 à considérer que la science fait plus de mal que de bien. Aujourd’hui, ils sont 17%. Chez les 11-24 ans, ils sont 16%. Les jeunes sont au contraire plus nombreux que leurs ainés à croire aux théories du complot, aux para-sciences comme l’astrologie, la voyance ou la sorcellerie et aux superstitions à caractère occulte comme les esprits. L’une des causes relevées par l’étude : l’utilisation intensive des réseaux sociaux comme source d’information.

 « La baisse d’intérêt pour les sciences coïncide avec les dérives sectaires » explique Serge Fabresson. « L’adolescent est par principe dans le doute » poursuit-il. Mais quand le doute est accentué par les réseaux sociaux, que se passe-t-il ? « ça peut conduire des gens malintentionnés à diffuser des pensées nocives sur certains individus et ainsi favoriser l’entrée vers la soumission d’un gourou » confie le président de l’ADFI. « Les réseaux sociaux sont devenus un terrain de chasse privilégié pour les gourous de tous horizons qui peuvent recruter de nouveaux adeptes en distanciel » peut-on lire sur l’un des panneaux de l’exposition.

Renforcer l’esprit critique dans les collèges et lycées

Alors que le Ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, est à La Réunion jusqu’au 17 août, c’est l’occasion de l’interpeller sur le sujet : « il faut que le Ministre renforce l”éducation civique, que ce cours tienne une place plus importante en étant transversal avec les autres matières. L’école doit permettre au citoyen de se forger un esprit critique » soutient Serge Fabresson. “Garder l’esprit critique”, une notion importante pour l’association. Un panneau entier de l’expostion est consacré à ce sujet. Il donne quelques clés pour “s’interroger face aux informations”. 

L’exposition est une initiative de l’ADFI Réunion mais d’autres ADFI en France sont déjà intéressées pour l’utiliser. « On souhaite qu’à terme, l’exposition soit destinée au grand public et donc diffusée dans certains lieux de passage comme les centres commerciaux ».


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