«La spiritualité a changé de profil et de contenu», dit l’évêque Marc Pelchat

Dans le cadre du 350e anniversaire de l’archidiocèse de Québec et en marge du Salon international du livre de Québec, l’auteur Jacques Béland a présenté son nouvel ouvrage intitulé Découvrir aujourd’hui — La beauté de la vie spirituelle (Éditions Pro-Art, 2023). Avec l’évêque auxiliaire Marc Pelchat et Boufeldja Benabdallah, le cofondateur du Centre culturel islamique de Québec, ce fut l’occasion de s’attarder sur ce que signifie la spiritualité en 2024, à l’heure où celle-ci semble s’effriter.

Qu’est-ce que la spiritualité ? «La vie de l’esprit, c’est la vie intérieure. C’est le monde de l’invisible, mais qui est aussi à l’intérieur de nous et la recherche de ce que nous sommes comme humains sur cette Terre. C’est se connecter avec la nature, avec la création et avec la beauté du monde tout en étant conscients des laideurs et des bassesses qui existent. Le monde a été créé pour vivre dans l’harmonie, en paix et nous sommes toujours à la recherche de cela. C’est la recherche spirituelle», explique l’évêque Marc Pelchat.

Jacques Béland est convaincu que celles et ceux qui vivent la dimension
spirituelle veulent éradiquer les différences de religion entre eux.

«C’est une réalité plus importante que celle nous parvenant du monde visible, devant lequel si nous percevons sa seule apparence visuelle, notre esprit risque de ne rien déceler sur la signification de sa véritable raison d’être», ajoute l’auteur du livre, qui raconte s’être reconnecté avec la foi après avoir passé la porte de la basilique-cathédrale Notre-Dame-de-Québec.

Renouer avec la jeunesse

Au sein de la sphère religieuse, le constat est unanime : les jeunes adultes peinent à se connecter ou à se reconnecter avec le divin. «Le Québec était très proche de la foi dans le passé mais présentement, c’est le désert», constate Jacques Béland avec amertume.

Plusieurs facteurs justifient cette tendance, à commencer par l’utilisation massive des réseaux sociaux qui plonge la population dans une surabondance de l’information.

«L’immédiateté c’est intéressant, parce qu’on voit cheminer les choses. Mais avec l’immédiateté, on reste en surface. Les jeunes adultes sont tellement friands de ces nouveaux véhicules de communication qui sont des miroirs déformants, qu’ils en perdent l’essentiel. Il ne faut pas tout leur enlever, mais il faut doser les choses», estime Boufeldja Benabdallah, cofondateur du Centre culturel islamique de Québec.

«Il y a beaucoup de préjugés. On a un passé que nous portons et qui n’est pas toujours reluisant. Les jeunes se détachent un peu des grandes institutions parce qu’elles peuvent paraître rigides, et on a un vocabulaire spécifique qui fait que les mots paraissent impénétrables. Ça demande un certain effort de notre part et de la leur pour pénétrer et adopter ce langage-là et ce monde qui peut paraître étrange», expose quant à lui l’évêque auxiliaire Marc Pelchat.

Une soif inéluctable

«Il est évident que la spiritualité d’aujourd’hui prend plusieurs visages, mais on oublie parfois que la spiritualité est porteuse d’une profondeur. Plusieurs personnes pensent que le christianisme c’est seulement une structure, une religion ou une organisation. En réalité, c’est d’abord une rencontre et une vie intérieure», poursuit le coordonnateur des célébrations du 350e anniversaire de l’archidiocèse de Québec.

Malgré les défis contemporains auxquels la spiritualité demeure confrontée, celle-ci ne s’égare pas de ce qui constitue son essence-même depuis de nombreuses décennies.

En guise de conclusion, Jacques Béland avance l’idée que «c’est par la beauté qu’on peut convaincre aujourd’hui, ce n’est pas par les arguments. Les arguments ont tellement été défaits, mis à l’épreuve et trahis que l’être humain n’a plus tendance à s’accrocher à croire à quelqu’un qui va dire la vérité. On dirait que la seule argumentation possible pour rejoindre le cœur humain, c’est de susciter la beauté».

«La spiritualité a changé de profil et de contenu», dit l’évêque Marc Pelchat