7 habitudes qui rendent les gens heureux

Suffit-il d’imiter les gens heureux pour le devenir ? D’adopter les mêmes rituels de vie qu’eux ? Nous avons choisi de livrer les résultats des études sur le bonheur à la réflexion critique du psychanalyste Jean-Michel Hirt.

« S’entourer de gens heureux permet de le devenir et de le rester » 

Le commentaire de Jean-Michel Hirt. « Il y a quelque chose d’évident dans ce constat. Mais est-ce qu’une sensation plaisante suffit à rendre heureux.se ? Rien n’est moins sûr. Nous pouvons connaître un sentiment de bien-être tout en étant avec des personnes qui en ressentent moins. Ou en nous trouvant nous-mêmes dans une situation compliquée, qui pourtant nous apporte du plaisir parce qu’elle mobilise nos ressources. »

Ses propositions. « Il s’agit pour chacun.e de se mettre à l’écoute attentive de ce qu’il ou elle ressent (émotions, sensations) lorsqu’il ou elle est en relation avec les autres. Le corps envoie des signaux qui nous renseignent sur l’effet que produit sur nous tel ou tel lien. Il est aussi intéressant de nous interroger sur les bénéfices que nous trouvons dans la compagnie de personnes qui ne vont jamais bien, et sur ce que nous rejouons de notre propre histoire avec elles. » 

« Les gens heureux cultivent la résilience et savent rebondir après une épreuve »

Le commentaire de Jean-Michel Hirt. « La résilience reste un phénomène bien mystérieux. La capacité à se relever des épreuves est liée à quelque chose relevant de l’enfance, elle réside dans les ressources premières et inconscientes que l’adulte a pu conserver de ces années-là. » 

Ses propositions. « Prendre conscience qu’il y a en nous des forces qui nous tirent vers le bas, et que d’autres sont comme un appel vers la lumière. C’est en encourageant les secondes que nous pouvons peut être nous sortir plus facilement d’une épreuve. L’erreur serait de chercher à nous relever sans questionner ce qui nous a fait tomber. »

« Les gens heureux n’attendent pas le bonheur, ils agissent »

Le commentaire de Jean-Michel Hirt. « On retrouve dans cette formulation le volontarisme conquérant de la culture américaine. Tout dépend de ce que l’on entend par “agir”, “être actif” dans cette quête : s’agit-il d’appliquer les recettes des best-sellers sur le bonheur ou bien d’ouvrir un espace de questionnement sur soi pour connaître ce qui peut accroître notre sentiment de bien-être ? » 

Ses propositions. « Nous interroger sur la façon dont nous pourrions nous sentir plus heureux.se. Cela peut passer par l’identification de nos résistances (nos freins intérieurs) et des obstacles extérieurs, puis par une écoute attentive de la façon dont s’exprime notre désir. Essayer d’être heureux.se revient toujours à développer une forme d’attention et de tendresse pour soi qui s’étend ensuite aux autres. »

« Les gens heureux sont dans le don, ils font du bénévolat, écoutent ou aident les autres »

Le commentaire de Jean-Michel Hirt. « Donner procure une jouissance de soi-même. Cela renforce l’estime de soi, et nourrit aussi ses aspirations idéales. Mais pour donner de manière altruiste, et non se servir de l’autre pour combler uniquement ses failles narcissiques, encore faut-il pouvoir s’aimer suffisamment, et cela n’est pas une disposition présente chez tous. »

Ses propositions. « Prendre soin de soi en écoutant ses besoins, ses manques, ses attentes, puis essayer de les satisfaire donne la possibilité de pratiquer un altruisme respectueux de l’autre et bénéfique pour soi. Un “donateur” frustré, ou qui a une mauvaise image de lui, aura du mal à respecter l’altérité de celui à qui il donne et à trouver une satisfaction dans le don. »

« Les gens heureux sont optimistes et voient le bon côté des choses »

Le commentaire de Jean-Michel Hirt. « Il n’est pas question de nier les bienfaits de l’optimisme. Mais il est important de préciser que cet état d’esprit dépend pour une large part de l’histoire de chacun. Des événements difficiles et précoces, une famille anxieuse, peu aimante ou trop silencieuse ne sont a priori pas des éléments qui prédisposent à l’optimisme, même s’ils ne condamnent pas au pessimisme. » 

Ses propositions. « Seul un travail sur soi peut permettre de changer de disposition intérieure, de réviser ses croyances et de ne plus être prisonnier.ère d’une vision négative de soi, des autres et de la vie. Cela passe par la recherche des événements liés à son enfance qui ont contribué à une vision pessimiste et anxieuse de l’existence. Il peut aussi être utile de se remémorer les épreuves surmontées et les succès obtenus. » 

« Les gens heureux savent débrancher pour ne pas se laisser envahir par le stress ou les autres » 

Le commentaire de Jean-Michel Hirt. « Difficile de ne pas être d’accord avec ce constat. Mais je ne m’en tiendrais pas au sens évident du terme “débrancher”. Par débrancher, je n’entends pas seulement couper le courant pour éviter le court-circuit, mais aussi se mettre en veille pour revenir à une forme d’intériorité qui n’est pas seulement de l’ordre de la récupération. » 

Ses propositions. « Ce retour à soi peut se faire par la méditation, la rêverie, la pratique d’un art, ou par l’écoute de ses sensations corporelles, de ses émotions, de ses pensées. L’essentiel n’est pas tant de courir après les divertissements que de se donner régulièrement la possibilité d’habiter pleinement son être. »

« Les gens heureux s’ouvrent à la spiritualité, ils prient, méditent ou s’adonnent à des rituels » 

Le commentaire de Jean-Michel Hirt. « Ne prendre en compte que la dimension matérielle de l’existence ne mène guère au bonheur : l’argent et le confort sont des moyens, non des fins. Mais réduire la spiritualité à des pratiques et des croyances religieuses est un peu simpliste. Celles-ci peuvent être utilisées pour apaiser des angoisses et faire l’économie d’une exploration de sa psyché et de son histoire. » 

Ses propositions. « Être à l’écoute de soi puis de l’autre, en étant attentif.ve à la poésie des mots, sans s’attarder sur le sens. Entendre ce qui provient de soi en termes de désir, d’idéal, de singularité. Ressentir le spectacle de la nature, une œuvre d’art, une lecture… Cela nous permet de sortir de nos cachots. Cet agrandissement de soi est constitutif du bonheur d’être. »

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