Poésie de la spiritualité allemande à la fin du XVIIᵉ siècle par La Chapelle Saint

A la tête de La Chapelle Saint-Marc, l’organiste Vincent Bernhardt nous propose un voyage en terres luthériennes, faisant alterner compositions vocales et pièces pour orgue.

L’Allemagne de la fin du XVIIᵉ siècle reste marquée par le souvenir de la Guerre de Trente ans qui a durablement imprégné l’expression artistique. Le psaume 73 exprime le désarroi de l’homme qui sera sauvé par sa confiance en Dieu. C’est un même verset de ce psaume, Herr, wenn ich Dich habe, mis en musique par trois compositeurs, Buxtehude, Pohle et Rosenmüller, qui sert de fil conducteur à ce programme. Entre les pièces vocales chantées par l’excellente soprano Laureen Stoulig-Thinnes, on parcourt l’œuvre d’orgue d’Andreas Kneller, injustement méconnue. On entend pour la première fois au disque l’orgue d’esthétique nord-allemande construit en 1979 par Marc Garnier en l’église de Bouzonville, en Lorraine.

La voix très pure de Laureen Stoulig-Thinnes transmet beaucoup d’émotion dans ces musiques qui exaltent l’espérance chrétienne. Des trois versions du même verset entendu, celle de Johann Rosenmüller est la plus poignante, avec la répétition de son exhorte initiale sur Herr. Pour entourer la version de David Pohle, les interprètes ont recréé une petite cantate spirituelle introduite par une courte sonate instrumentale qui permet d’apprécier les grandes qualités des musiciens de la Chapelle Saint-Marc que dirige Vincent Bernhardt depuis l’orgue. Tout au long du programme, l’équilibre est parfait entre la symphonie des cordes, le continuo et la voix. Quant aux pièces d’orgue de Kneller, elles se composent de quatre préludes typiques du stylus fantasticus, avec ses courtes sections contrastées, riches de surprises harmoniques, et ses épisodes fugués tout en légèreté. Celui qui fut l’organiste de Hambourg au tournant du siècle nous laisse de magnifiques variations sur le choral Nun komm der Heiden Heiland, qui se terminent par un impressionnant verset à double pédale.

Vincent Bernhardt nous offre une interprétation très vivante de ce répertoire, servi par un phrasé subtil et un sens remarquable de l’articulation. Dans le choral de Böhm Vater unser im Himmelreich, son art infaillible de l’ornementation renforce la vocalité du cantus firmus. Dans ce programme parfaitement construit, tout chante et respire à l’unisson : la soprano, les violons et l’orgue. De la dentelle !

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