Jon Fosse, lauréat du prix Nobel de littérature 2023


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L’écrivain norvégien de 64 ans a été consacré par l’Académie suédoise.

Comme chaque année, l’académie suédoise n’en fait qu’à sa tête. Pas de liste officielle. Pas de favoris. Et comme chaque année donc, il a fallu s’en remettre aux sites de paris en ligne. Lesquels donnaient Jon Fosse grand favori. Hier, à 13 heures, les jurés ont donc annoncé le nom de l’écrivain, poète et dramaturge, 115e lauréat du prix Nobel de littérature. Ils ont couronné « ses pièces de théâtre et sa prose novatrices qui ont donné une voix à l’indicible ».

«Je suis abasourdi»

À l’annonce du prix, Jon Fosse s’est dit « abasourdi et d’une certaine manière effrayé. Pour moi, c’est d’abord une récompense qui va à la littérature et qui se doit d’être de la littérature, sans autre considération ». En tant qu’auteur, le Norvégien est inconnu du grand public français. D’abord parce que toute son œuvre n’est pas traduite. Jon Fosse écrit en nynorsk, dit « néonorvégien », qui est une langue minoritaire en Norvège, ce qui rend ses textes secs et ardus. C’est une écriture du silence.

« Son œuvre est existentielle, empreinte de spiritualité, explique Noa Liev, auteur de Mémoire et voix des morts dans le théâtre de Jon Fosse, préfacé par Claude Régy. Mais comme la France est un pays laïc, peut-être que la dimension mystique de son œuvre est mal comprise. » C’est davantage pour son œuvre théâtrale que Jon Fosse est renommé en France, grâce aux mises en scène de Claude Régy, puis de Patrice Chéreau. « Il est comparable à Beckett par le minimalisme de sa langue, analyse Noa Liev. Toutefois, il est moins désespéré que lui, car Fosse a un rapport à la spiritualité et à la mort qui n’est pas nihiliste. »

De la guitare, du mysticisme

Jon Fosse est né il y a 64 ans dans le sud-ouest de la Norvège. D’abord élevé dans le dogme piétiste – mouvement protestant et mystique -, il se détache de la religion, se revendiquant athée, avant de renouer plus tard avec la foi catholique. Passionné de musique – il joue de la guitare et a même monté un groupe – il l’est aussi de littérature. Dès ses 12 ans, il griffonne chansons et poèmes. À 20 ans, il écrit son premier roman, Rouge, noir et à 30, il a déjà publié son cinquième livre.

C’est à la fin des années 1980 (La Remise à bateaux, 1989) et au début des années 1990 (Melancholia I et II, 1995-1996) que Fosse devient un auteur remarqué. C’est d’ailleurs à cette même période qu’il passe au théâtre, d’abord pour raisons financières puis par goût. Naissent notamment Quelqu’un va venir, monté par Régy et Rêve d’automne, par Chéreau. Son dernier roman, une trilogie intitulée Septologie (2021), suit le quotidien désœuvré d’un peintre.

L’œuvre de Fosse a été traduite dans plus de 40 langues, et a connu plus de 1 000 adaptations à la scène. Avant lui, seuls trois Norvégiens (Bjornstjerne Martinus Bjornson en 1903, Knut Hamsun en 1920 et Sigrid Undset en 1928) avaient reçu le Nobel. Avec ce prix, Fosse remporte la coquette somme de 11 millions de couronnes suédoises, soit environ 1 million d’euros.

Jon Fosse, lauréat du prix Nobel de littérature 2023