Il veut ramener la spiritualité à Uashat mak Mani

Un membre de la communauté de Uashat mak Mani-Utenam s’est rendu aux États-Unis et dans l’Ouest canadien pour aller retrouver l’enseignement des spiritualités autochtones disparues au fil du temps.

« Avant l’arrivée des grands bateaux, il y a des siècles, nous pratiquions ces cérémonies », lance Normand Pilot.

L’homme de 55 ans de Uashat mak Mani-utenam fait référence à la tente à suer, le meteshan. Le rituel autochtone rassemble des personnes dans une tente ou un cabanon, dans lequel de la vapeur se déploie à partir de pierres chauffées à blanc puis arrosées. Dans une chaleur très intense, les participants prient pour leur guérison auprès du feu sacré. 

« Avec l’arrivée des allochtones qui nous ont dépossédés de notre spiritualité, de notre culture, de notre langue (…) Ce mouvement s’est déplacé dans les Prairies, vers l’Ouest canadien et dans les déserts des États-Unis. Nos cérémonies ont survécu là-bas », explique M. Pilot. 

Depuis plus de 20 ans, ce dernier vit dans la spiritualité. Il fait partie de ceux qui organisent des meteshan dans la communauté. Or, pour y arriver, l’Innu est allé chercher des enseignements auprès d’autres Autochtones, à travers ses nombreux voyages.

« Puisque c’était rare que les allochtones se rendaient dans ces environnements rudes, les Autochtones de là-bas ont gardé jalousement nos cérémonies », dit-il. 

Comme lui, plusieurs membres des Premières Nations s’y rendent donc pour se réapproprier leur spiritualité. 

« J’appelle cela le chemin de la pratique. C’est prendre de bonnes habitudes, de changer des choses que je n’avais jamais réussi à changer, d’être une meilleure personne, de marcher droit dans la vie », illustre-t-il. « Notre communauté vit avec beaucoup de problèmes de drogues, d’alcool, d’abus sexuels, d’inceste. » 

Résistance

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il existe une grande résistance à accepter cette spiritualité au sein de la communauté, particulièrement parmi les Innus aînés.

« Le lavage de cerveau provoqué par la venue des Blancs est très fort. Nous avons vécu un génocide, culturel, spirituel, c’est pour cette raison qu’il y a beaucoup de personnes qui répudient cette spiritualité », souligne M. Pilot. « Chez les Autochtones de l’Ouest, ils sont fiers lorsque l’on vient les voir, car ils connaissent notre histoire », renchérit-il. 

Chez nous, dans l’Est, plusieurs membres des Premières Nations sont toujours aussi ancrés dans le catholicisme et cette spiritualité n’est pas beaucoup pratiquée, estime M. Pilot.

« Chez nous, je vois beaucoup de changement avec la spiritualité, bien que cela reste toujours compliqué. Quand je vois des jeunes qui boivent ou des maisons où il y a de la boisson, jusqu’à ma mort, je vais prier pour notre communauté », affirme-t-il. 

« La guérison peut juste commencer par aimer ton enfant inconditionnellement, le prendre dans tes bras et lui dire je t’aime. C’est quelque chose que nous avons perdu à cause des pensionnats. Nos grands-parents ont été élevés par des “robes noires” », déplore-t-il. « C’est à nous d’arrêter ce cycle intergénérationnel que l’on perpétue encore aujourd’hui », conclut M. Pilot. 

Il veut ramener la spiritualité à Uashat mak Mani-utenam – Le Nord-Côtier