Faute de pouvoir devenir curé, Mona est devenue druidesse – Regards protestants

“À 12 ans, je voulais être curé (…) Ça a été un choc pour moi quand on m’a dit que c’était impossible, le début du féminisme, tant cela me semblait injuste.” Aujourd’hui, âgée de 67 ans, Mona Braz a quarante années de druidisme derrière elle, raconte Le Télégramme. Celle qui a un temps pensé entrer dans les ordres a été élevée à la campagne dans une famille soucieuse des traditions bretonnes. Une culture qui lui a fait découvrir le néo-druidisme. “J’étais en quête de spiritualité et ça me ramenait à mes racines celtiques”, explique-t-elle au quotidien.

Et puis, dans ce courant spirituel, les femmes ont toujours eu leur place. Depuis toujours, la parité a été de mise. D’ailleurs, les femmes occupaient également des fonctions de dirigeantes. Mona Braz intègre la Gorsedd (Confrérie) des druides de Bretagne.“Le druidisme est une forme de pensée qui (…) se rattache à la philosophie de la nature, au panthéisme sans toutefois qu’il en résulte une obligation de croyance”, précise dès son premier article la constitution de l’instance, placée sous la tutelle de l’institution-mère, située au Pays de Galles.

“S’impliquer dans la cité”

Initiée en 1985 après avoir suivi le parcours des disciples, la druidesse préside depuis des cérémonies toujours organisées dans la nature. Dans ces moments-là, celle qui a été auxiliaire de vie, syndicaliste ou encore élue revêt des habits spéciaux. Elle porte une “saie” (la tunique) et un voile blancs. Celui-ci est maintenu par un bandeau noir, dit “talgenn”, sur lequel a été brodé un “tribann”. Ce symbole solaire représente la triade “Amour-Sagesse-Vérité”.

Autre tradition druidique, la circulation d’une corne d’abondance contenant l’hydromel. “Le breuvage divin est partagé” entre tous les participants. Un moment clé qui marque la fin de la cérémonie. En dehors de ces temps forts, la druidesse respecte le plus scrupuleusement possible une “philosophie de la vie quotidienne”. Elle explique au quotidien que le druidisme encourage à “s’impliquer dans la cité, (…) à donner du temps aux autres”.

Bienveillance

Mona Braz, elle a embrassé cette façon d’être il y a bien longtemps. Elle milite dans les rangs de l’Union démocratique bretonne (UDB) depuis 1972 et a été élue municipale à Guingamp pendant quatre mandats. Adjointe jusqu’en 2020, elle a ensuite été conseillère régionale de 2004 à 2021. Après avoir décidé de “passer la main”, la druidesse s’est ensuite impliquée dans la vie associative. Enfin, sur son temps libre, elle a publié un livre intitulé Les Secrets d’une druidesse. Elle y explique le “chemin de vie” qu’est le druidisme et précise ce qu’il n’est pas. “Il y a aujourd’hui une confusion des esprits, mais aussi une marchandisation autour de la soif de spiritualité toujours présente”, souligne la mère et grand-mère.

Selon celle qui a quatre décennies de pratique derrière elle, “le druidisme contemporain n’est ni du New Age, ni du chamanisme, ni un club de guérisseurs, c’est le renouvellement d’une tradition philosophique à vocation universelle”. Le courant spirituel correspond davantage à “une vision du monde” et une cosmogonie celtique singulière”. Un monde qui n’est pas partagé entre le sacré et le profane et une tradition sans dogme qui insiste sur la bienveillance.

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