Sport, détox, spiritualité : pourquoi partir en retraite changera votre vie

“Faire un cours de yoga, puis prendre le métro parisien…
c’est vraiment pas l’idéal pour se détendre.” Mia rit, tout en soupirant.
Depuis deux ans, cette comédienne et coach habituée à vivre et travailler en
résidence, d’un pays à l’autre, a opté pour une solution radicale pour échapper
à son rythme de vie “speed” : la retraite. “Pendant quelques
jours, c’est écrit que je suis indisponible sur ma boîte-mail, je ne suis pas
sur mon téléphone, mais ce
n’est pas non plus vraiment des vacances, parce que je me forme”,
explique-t-elle.

Sport, conférences, enseignements… Les retraites ne sont pas faites pour bronzer au bord d’une piscine. Ou pas que. À l’origine destinées à l’éducation
et à la foi religieuses, elles se sont démocratisées ces dernières années,
attirant des personnes de tous horizons
, note
Rozenn Olivry, membre du Foyer de Charité Chateauneuf de Galaure, près de Lyon.

“La plupart des personnes sont croyantes ou dans une démarche de spiritualité, admet Rozenn Olivry. Mais on a parfois des personnes qui sont juste là pour un temps de ressourcement spirituel, qui ne sont pas forcément baptisées et ne qui connaissent pas forcément la foi catholique”.

Depuis 80 ans, cet établissement, le premier de son genre, propose des retraites en silence de cinq jours, ouvertes à toutes et
tous et à prix libre. Aujourd’hui, les 78 foyers de charité du monde accueillent
chaque année, près de 50.000 retraitants et retraitantes, catholiques ou non. 

Silence et spiritualité

Après un burn-out et “une quête spirituelle”, Gaëlle
s’est faite baptiser à 42 ans. “J’ai fait des retraites pour qu’on me donne
les bases” de l’enseignement religieux, explique-t-elle. Depuis, elle en fait une à deux par
an. La dernière en date s’est déroulée
dans un centre jésuite à Clamart, en région parisienne. Cinq jours en silence,
avec un accompagnement religieux. “Le dernier soir vous pouvez parler,
mais en fait vous n’avez plus besoin de parler. Retrouver le silence c’est
retrouver notre cœur”
, raconte Gaëlle.

Méditations et prière sont au programme des retraites spirituelles.

Crédit : Unsplash/Ben White

Aujourd’hui coach en France métropolitaine, Gaëlle raconte être
passée par le bouddhisme, et l’hindouisme lorsqu’elle habitait sur l’île
Maurice. “L’hindouisme c’était un nettoyage, et le bouddhisme pour
retrouver la paix.”

Ce n’était pas du tout austère et j’ai trouvé que c’était même très joyeux, il y a un vrai art de vivre


Elina, 26 ans, après une retraite méditative bouddhiste

Elina, 26 ans, s’est quant à elle essayée à une retraite bouddhiste
méditative en mai dernier. “C’était purement par curiosité”,
raconte-t-elle. Pendant une semaine, cette employée de start-up s’est retirée
de sa vie parisienne au Village des Pruniers, dans le Sud-Ouest de la France.
Là-bas, depuis trente ans, le public est accueilli par des moines bouddhistes
pour des retraites plus ou moins longues.

Il y a beaucoup de méditation et des enseignements très
laïcisés et occidentalisés, on n’a pas trop
l’impression que c’est religieux”, explique Elina. Programme : lever à 5
heures, méditation, cours et activités en communauté, avec un temps de silence
du soir au matin. “La veille de partir j’ai
compris qu’il y avait 50% de la journée en silence, je n’avais pas trop réalisé
où j’allais
. Mais au final ce
n’était pas du tout austère et j’ai trouvé que c’était même très joyeux, il y a
un vrai art de vivre”.

La retraite bouddhiste a été "un petit chamboulement" pour Élina.

La retraite bouddhiste a été “un petit chamboulement” pour Élina.

Crédit : Unsplash/JD Mason

Aujourd’hui, Elina garde un bon souvenir de cette semaine
passée en camping dans un des hameaux ouverts aux visiteurs. “Je pense que c’est un petit chamboulement dans la
vie
, mais je n’irai pas n’importe quand”, conclut-elle. “Même si c’est un
refuge intéressant quand on va mal, le lieu ne va pas te soigner en lui-même. Tu ne peux en profiter que si
tu es prête à t’imposer une certaine discipline.”

Yoga, surf et sport intense

Marie ne recherchait pas forcément la spiritualité lorsqu’elle a
commencé les retraites de yoga. Cette architecte parisienne se rend deux fois
par an depuis trois ans au centre Yoga Searcher à Hossegor (Landes) pour suivre
une retraite “Surf et Yoga”. “À la base je voulais simplement me mettre au
yoga et voir ce que c’était”
, explique cette surfeuse confirmée.
Équilibre, souplesse, détente, elle a réalisé que “le yoga et le surf se
marient très bien.”

Yoga et surf se "marient très bien" selon Marie.

Yoga et surf se “marient très bien” selon Marie.

Crédit : Unsplash/Annie Spratt

Depuis sa première retraite à Hossegor, Marie suit également des
cours de yoga à Paris, recommandés par la co-fondatrice de Yoga Searcher,
Bénédicte Peroz. “On est une petite famille, explique cette dernière.
L’idée c’est de proposer un cadre très agréable à
des gens entre quatre jours et une semaine. Ils sont comme à la maison, c’est
du cocooning.”

L’organisation des journées et leur intensité dépendent des
professeurs. “On a des groupes qui font six heures de yoga par jour, mais
on a aussi eu des Américains qui sont venus pour en faire deux heures le matin
et qui visitaient le Pays-Basque l’après-midi.” Selon les formules –
hébergement en groupe et repas végétariens compris – les prix varient entre 500
et 1000 euros pour une retraite de quatre à six jours.

La plupart des gens qui viennent sont des gens en surmenage au travail, et à la maison


Philippe Charlotiaux, co-fondateur de Training-Provence

De l’autre côté du pays, en Provence, Philippe Charlotiaux et
Rémi Jehan ont fondé Training-Provence. En partenariat avec plusieurs chambres
d’hôtes et gîtes de la région, ils proposent leurs services de coachs sportifs à
de plus en plus de personnes seules qui veulent du “sur-mesure”. “La plupart des personnes qui viennent sont des gens en surmenage
au travail, et à la maison. Pendant quelques jours elles sont centrées sur
elles-même. On s’occupe d’elles de A à Z
“, explique Philippe Charlotiaux.

Training Provence propose des exercices et entraînements sportifs en lien avec la nature.

Training Provence propose des exercices et entraînements sportifs en lien avec la nature.

Crédit : Matt Gross

La matinée commence par un réveil musculaire, petit-déjeuner,
repos et cours de remise en forme, comme les pilates ou le cross-fit.
L’après-midi, “on part souvent sur des rando-trainings, sur des collines,
entrecoupées d’exercices physiques.” Le tout, toujours en lien avec la nature. “Parfois on va faire des exercices les pieds dans l’eau.”

Laurence a fait appel à Training-Provence en février dernier.
Elle recherchait “une semaine sportive dans un cadre agréable, au soleil,
et à un prix acceptable” – environ 150 euros par jour tout compris. “C’était une belle rencontre, humainement et sportivement. J’ai appris
l’importance de bien se nourrir, des échauffements, de bien effectuer les
mouvements. Une semaine entre zénitude et sport”, résume-t-elle.

Détox et jeûne

Parfois le sport s’allie à un régime drastique. C’est le cas des
retraites proposées par L’Amandier, dans le parc du Vercors. Depuis 15 ans,
Pierre et Dominique Juveneton organisent des semaines de retraites “Jeûne
et randonnée”
. Naturopathe et thérapeute, ils associent leurs
compétences lors de séjours adaptés à partir de la méthode de jeûne
thérapeutique allemande dite Bölling, du nom de son créateur. “On propose
quelque chose de plus doux
, les randonnées sont moins longues, on a un jacuzzi et un spa.”

L'Amandier propose des retraites "Jeûne et randonnée" d'une semaine.

L’Amandier propose des retraites “Jeûne et randonnée” d’une semaine.

Crédit : L’Amandier

Une occasion saisie par Johanna en 2015. “J’ai commencé à
être convaincue il y a quelques années
que le jeûne faisait beaucoup de bien physiquement”, explique-t-elle. Adepte
de cette pratique quelques jours par an, elle a décidé de sauter le pas et de se lancer
dans cinq jours complets. “C’est vraiment une semaine à s’occuper de soi
et faire des belles rencontres”
, résume-t-elle.

Le matin, tisane, méditation et randonnée de deux à quatre
heures. L’après-midi, soins et ateliers. “Nous aimons la dynamique de groupe,
on crée la solidarité. Les gens seuls aiment venir chez nous“, raconte
Pierre. Le jeûne aide à se recentrer. “Il n’y a pas que le corps qui se
nettoie. On fait parler les gens, on les accompagne. On n’a pas peur des gens
qui pleurent”.

Ce séjour a tellement plu à Johanna qu’elle propose aujourd’hui
ses propres retraites yoga et détox, près de Lyon. Elle aussi travaille avec
une naturopathe. “On fait une journée entière jus de légumes, on pourrait
aussi faire une journée mono-diète avec du raisin par exemple. Le reste des
repas sont végétaliens”.

Retrouver son féminin

Depuis peu, un nouveau type de retraite a émergé : les retraites
spécifiquement destinées aux femmes. Catholique, Béatrice Pelleau a créé Cœur de Femme en 2015, après avoir elle-même participé à une
retraite religieuse féminine aux États-Unis. “On fait une
expérience nouvelle de sa féminité dans une perspective spirituelle”
,
résume-t-elle.

La plupart des participantes, qui viennent souvent en duo, “cherchent à entendre des choses nouvelles sur leur féminité. C’est comme
une réconciliation
“, explique-t-elle. “Il y a une soif incroyable,
autour de la question spirituelle et autour de l’identité.”

Certaines retraites proposent d'explorer sa féminité dans une perspective spirituelle.

Certaines retraites proposent d’explorer sa féminité dans une perspective spirituelle.

Crédit : Unsplash/Artem Bali

Chez Cœur de Femme, la foi chrétienne est “centrale”, mais Béatrice Pelleau accueille également des femmes
d’autres religions, et des agnostiques. Le temps s’organise autour de prières,
méditations, conférences et ateliers. “On fait de la danse, de l’esthétique, de jardinage,
tout ce qui en fait peut nous faire du bien, tout ce qui nous détend.”

Sans dimension religieuse, Heloïse Clarks propose elle aussi des
retraites centrées sur la féminité et le cycle féminin. Partant du principe que
la biologie féminine était très peu connue des femmes elles-mêmes, cette
podologue résidant aux Pays-Bas a créé il y a deux ans Circle Blossom, et des retraites basées sur les travaux de Miranda Gray.

Les retraites Circle Blossom offrent aux femmes la possibilité d'en apprendre plus sur leur cycle féminin en pleine sororité.

Les retraites Circle Blossom offrent aux femmes la possibilité d’en apprendre plus sur leur cycle féminin en pleine sororité.

Crédit : Circle Blossom

Dans Lune rouge: les forces du cycle féminin, cette auteure britannique explique la manière dont la biologie et la psychologie des femmes
sont influencées par leur cycle menstruel. “On va toutes passer par des
moments où on a des énergies
plus importantes, où on se
sent plus sociable et puis des moments où on a envie de se retrouver, d’être créative, de méditer”,
explique Heloïse Clarks.

Le fait de discuter dans les cercles et de partager son expérience permet de se libérer.


Mia, retraitante Circle Blossom

Pendant ses retraites, elle propose donc aux participantes des
exercices pour mieux parvenir à gérer leur vie et leur emploi du temps en
fonction de leur cycle. “Il y a des schémas d’émotions qui reviennent à la
même période chaque mois. Si j’identifie ces périodes, je vais pouvoir
organiser mon emploi du temps en fonction, et cela va me permettre d’être
beaucoup plus en phase avec moi-même.

Pour 500 euros tout compris, douze femmes retrouvent Heloïse
deux fois par an, dans une ancienne ferme du parc du Perche (Orne) pendant cinq
jours. C’est ce qu’a fait Mia en juin dernier. Déjà familière du travail de
Miranda Gray, elle a apprécié l’esprit de “sororité” de la
retraite. “Le fait de discuter dans les cercles et de partager son expérience permet de se libérer”,
explique-t-elle. Face au succès de ses retraites, Heloïse Clarks pense
aujourd’hui à en créer de plus courtes, “sur un week-end, et plus proches de
Paris”.

Un week-end… chez soi ?

Pour une retraite efficace, il suffit de “se créer un
espace-temps et un espace-lieu”
, explique Alexandra Adénor, professeure
de yoga et autrice d’un blog dédiée à sa pratique. Avec plusieurs retraites à
son actif, elle a élaboré une séries de
conseils pour les personnes souhaitant se retirer chez elles, pour de courtes
durées. “On n’a pas nécessairement le temps ni le budget pour aller
ailleurs ou à l’étranger. La maison c’est à proximité et c’est facile”
,
justifie-t-elle.

Il est aussi possible de faire une retraite chez soi.

Il est aussi possible de faire une retraite chez soi.

Crédit : Unsplash/Form

D’abord il faut organiser sa journée, avec “un programme
que l’on se donne”. Premier conseil : se lever tôt (six heures maximum).
Ensuite la journée peut s’articuler autour d’exercices de respiration, de yoga,
de méditation ou même d’une promenade dans son quartier : “l’objectif est
de prendre conscience de ce qui se passe autour de soi”
.

Une retraite chez soi passe également par une discussion avec
son entourage. Il faut “s’organiser avec son conjoint, sa famille, le
plus possible, avoir sa propre pièce et prévenir que de telle heure à telle
heure on ne peut pas être dérangée.” Autre solution : “On peut
s’amuser à faire cette retraite en famille”
, conclut Alexandra.

Notre sélection de retraites

Au centre Yoga Search de Hossegor (Landes) l'intensité des cours de yoga dépend des professeurs et de la formule choisie. Site :




Au centre Yoga Search de Hossegor (Landes) l’intensité des cours de yoga dépend des professeurs et de la formule choisie. Site :

Crédit : Yoga Searcher

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Sport, détox, spiritualité : pourquoi partir en retraite changera votre vie