Test New Tales from the Borderlands

Gearbox a de grandes ambitions pour sa saga phare et voici donc New Tales from the Borderlands pour occuper les Chasseurs et les Chasseuses de l’Arche entre la sortie du spin-off Tiny Tina’s Wonderlands il y a quelques mois, et celle de l’adaptation cinématographique dont on attend encore et toujours une date et une bande-annonce.

Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui, ce n’est pas le développement d’une franchise (quoique…) mais bien un jeu narratif proposé par le studio Gearbox Montréal en remplacement de Telltale. Il est donc temps de voir si cette suite spirituelle parvient à rivaliser avec son modèle ou s’approche plus du niveau moyen des récentes productions liées à la saga.

Conditions de test : Nous avons passé une douzaine d’heures pour terminer l’aventure et tester un peu l’interactivité de l’histoire. Le tout sur la version PC qui tournait sur une machine équipée d’une carte graphique GTX 1070, 16 Go de RAM et un processeur i7-6700K, le tout en 1440p.

Pas exactement le meilleur moyen de découvrir Borderlands

Dans un premier temps, il convient de faire les présentations puisque l’on est de nouveau dans un cas particulier. New Tales from the Borderlands est bien un jeu narratif et non pas un looter-shooter. Comme l’introduction le signalait il s’agit d’une suite spirituelle à Tales from the Borderlands et il en garde donc la structure en 5 épisodes d’une à deux heures chacun, qui sont tout de même tous disponibles en même temps.

Il faut aussi noter que l’histoire n’est pas non plus une suite directe de ce jeu mais plutôt une continuation de la chronologie de la saga. En effet, tout se déroule un an après les événements de Borderlands 3 et donc environ sept ans après le final du jeu de Telltale. Cependant si cela se déroule bien dans le même univers, l’histoire suit un trio de personnages inédits.

En plus du modèle narratif, ce nouveau titre partage avec son prédécesseur l’envie de suivre le point de vue de personnes lambdas qui font ce qu’elles peuvent pour survivre dans ce monde de héros, de bandits, de méga corporations, et de monstres tels que les skags. Des faibles inconnus dont les dilemmes moraux qui les partagent entre pouvoir et préservation de leur humanité les prêtent parfaitement à des récits interactifs.

Après Atlas, Hyperion, Maliwan et Jakobs, c’est au tour de Tediore

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Comme on vient de le dire, New Tales from the Borderlands permet d’incarner cette fois-ci un trio de personnages vivant sur la planète Prométhée, ce qui n’est pas simple quand l’endroit a toujours du mal à se remettre de l’attaque de la société Atlas par celle de Maliwan, invasion que l’on avait vu de très près lors de Borderlands 3. Et ce n’est pas près de s’arranger…

En effet, l’aventure démarre par l’arrivée de la société Tediore qui veut elle-aussi prendre le pouvoir pour mettre la main sur une nouvelle Arche afin que sa présidente Susan Coldwell puisse définitivement dominer la concurrence, et les recherches seront forcément plus faciles si on instaure la loi martiale enfermant chaque habitant chez lui et qu’on abat toute personne osant sortir.

Pour diverses raisons, notre trio va devoir résister à Tediore et pourquoi pas même parvenir à s’en débarrasser en trouvant la fameuse Arche avant, pour à la fois les bloquer et se servir de la puissance du trésor pour les vaincre. Mais forcément, une chose aussi dangereuse n’est jamais simple à obtenir, ni même à gérer mais passons enfin à notre trio de protagonistes.

Anu trois New Tales from the Borderlands !

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Démarrons avec Anu, une scientifique d’Atlas idéaliste mais aussi très angoissée et tête-en-l’air. Elle refuse de concevoir des armes qui sont les seules inventions prisées dans ce monde. Son intention est plutôt de s’inspirer des pouvoirs des Sirènes qu’elle admire tant pour créer des technologies capables d’aider l’humanité. Son objet fétiche est la paire de lunettes augmentée qui lui permet de tout analyser.

Il y a aussi Octavio, son petit-frère adoptif obnubilé par le pouvoir, la célébrité et l’argent. Influenceur autoproclamé, il veut à tout prix intégrer la liste des plus grands entrepreneurs malgré son manque évident de talents ou d’idées pour y parvenir. Il ne se sépare jamais de son ECHOdex, une sorte de smartphone qui a été craqué pour lui permettre de chercher des infos sur le dark web ou de pirater les objets électroniques.

Et on finit avec Fran, la patronne de ce dernier dans une boutique de yaourt glacée détruite par la dernière invasion. Elle compte bien obtenir dédommagement même si cela risque de mettre à rude épreuve sa tentative de thérapie de gestion de la colère, quand elle n’est pas occupée à faire des avances à tout ce qui bouge. Pour se déplacer, elle se sert d’un fauteuil volant qui regorge de fonctions pour laisser libre court à sa violence.

Même pas un Claptrap qui traîne

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Le trio est conçu pour avoir beaucoup de défauts et de devenir attachant au fur et à mesure qu’il se soude lors de l’aventure, ce qui ne marche malheureusement pas très bien car leur développement ou leur passé arrive un peu tard dans un jeu qui n’est pas assez long pour contenir cela et toute une panoplie de personnages secondaires et tertiaires, eux aussi sous-exploités.

L’ironie veut que nos héros ont un petit déficit de charisme comparés aux divers robots et IA qui sont supposés être leurs faire-valoir. Une chose qui a peut-être été comprise par l’équipe marketing qui a préféré mettre notre chouchou L0U13 sur la couverture de New Tales from the Borderlands, plutôt que les protagonistes.

Et autant évacuer le sujet en ce qui concerne les visages connus de la saga puisque sortis de Rhys présent dans les bandes-annonces, les fans n’auront rien à se mettre sous la dent à part quelques références dans les dialogues ou le décor. Les scénaristes n’ont pas assez tiré profit de l’univers à disposition, sans pour autant lui apporter quelque chose de nouveau, un problème qui pourrait être contrebalancé par l’écriture…

La famille que l’on se trouve ? L’humanité des IA ? Original…

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Sauf que l’écriture non plus n’est pas au niveau. Les rebondissements ne parviennent jamais à nous surprendre (sauf via un Deus Ex Machina). Si le grand frère avait pour accroche la différence de points de vue de Rhys et Fiona, dans New Tales from the Borderlands, on se trouve face à une histoire assez classique qui cherche surtout à s’en sortir grâce à son adaptabilité.

En tant que telle, l’aventure n’est pas aidée par le fait de se baser sur la fameuse famille que l’on se trouve ou qu’on retrouve. Le tout avec des problématiques tout aussi convenues comme le fait de réussir à exprimer ses émotions, se libérer du passé mais aussi la part d’humanité des Intelligences Artificielles face à leur programme.

Les dialogues fonctionnent et l’humour est forcément toujours très présent, puisque que c’est dans l’ADN de la série, mais il semble moins efficace. Non pas que ce soit mauvais mais au bout de 13 ans et 7 jeux, Borderlands a évidemment plus de mal à nous surprendre par l’absurdité et la hargne de bandits ou le cynisme absolu des dirigeants des plus grandes sociétés de l’univers.

Gearbox s’en souviendra

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Forcément, vu qu’il s’agit d’un titre principalement narratif, on ne va pas trop s’étendre sur le gameplay même de New Tales from the Borderlands, très similaire à la formule des productions Telltale. Au programme, vous aurez à faire des Quick Time Events, choisir entre différents dialogues mais aussi quelques mini-jeux de temps en temps.

La partie la plus active est donc les rares et brefs moments où l’on vous laisse dans un petit endroit pour interagir un peu avec le décor, utiliser le gadget du personnage contrôlé à ce moment-là mais aussi chercher de l’argent pour acheter des cosmétiques et des figurines ArchiiBô (au passage, quelle belle traduction de Vaultlanders), deux fonctions trop anecdotiques pour qu’on en parle d’avantage.

Il faut saluer les très nombreuses options d’accessibilité en ce qui concerne les QTE puisque l’on nous permet de choisir de les réussir automatiquement, de ne pas punir les erreurs de manipulation, la durée laissée au joueur (voire désactiver totalement le compteur), de pouvoir passer les mini-jeux. Bref de quoi se faire un gameplay sur-mesure pour s’impliquer davantage ou au contraire profiter sans se méfier en permanence.

Le livre dont vous êtes vraiment le héros

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Mais ce qui rend surtout fier Gearbox, c’est l’interactivité de l’histoire. Si en surface tout semble très similaire à ce que faisait Telltale, en réalité la mécanique est plus complexe que ça puisque l’on veut jouer à nos attentes à ce niveau-là. Cela passe par un changement au niveau de la fin, au lieu d’en avoir une seule avec quelques détails qui varient, New Tales from the Borderlands propose cinq fins différentes.

Et l’équipe s’amuse en proposant des choix qui n’ont pas le moindre effet ou donnent un Game Over immédiat. Rater certains QTE va juste continuer le jeu avec d’autres conséquences. Et surtout, les développeurs ont voulu éviter de rendre trop explicites les choix importants. Ainsi quand quelque se passe (ou non), il n’est pas toujours simple de savoir précisément ce qu’on aurait dû faire autrement.

Ce qui est renforcé par le fait qu’en plus de prendre en compte les choix, on a aussi des notes de relation pour chaque binôme mais aussi une note pour le trio. Nos décisions rapprochent ou éloignent les personnages qui ne seront donc peut-être pas assez soudés au moment fatidique comme l’indique une notification pour nous faire comprendre qu’on aurait pu faire mieux.

Il y a pas de bouton Skip ?

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Notre impact sur l’histoire de New Tales from the Borderlands fait donc beaucoup plus organique ce qui pourrait donc être un grand point fort, s’il n’apportait pas un gros défaut pour sa rejouabilité. Alors oui, la question de la rejouabilité d’un jeu narratif est subjective, entre celles et ceux qui préfèrent s’en tenir à leur propre aventure et les autres qui veulent tout voir quitte à briser la magie.

Après avoir fini le jeu, au moment de changer les derniers choix pourtant drastiques, le déroulement était bien différent mais débouchait toujours sur la même fin puisque le système est trop complexe pour se faire influencer par cela. Malgré le fait de pouvoir revenir à n’importe quel épisode, pour un vrai impact, il faudra refaire les 10 heures que dure le jeu sans moyen de sauter des passages ou d’accélérer ce que l’on connait déjà.

Mais avec cinq fins différentes, on aimerait forcément un petit coup de main puisque sans vrai gameplay, cela devient d’autant plus douloureux d’avoir l’impression de devoir assister 4 fois de suite au même film de 10 heures malgré ses variations. Un problème qui poussera probablement bon nombre de personnes à se contenter d’aller voir les fins alternatives sur Youtube plutôt que de s’infliger cette épreuve.

La dernière étape avant le live-action

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Terminons avec la partie technique qui était assez propre ce qui n’était pas étonnant sur PC vu que le jeu arrive aussi sur Switch. Visuellement, on reste dans la lignée de Borderlands 3 avec plus de détails vu la caméra plus proche. On note quand même que le jeu a parfois un peu de mal à charger les éléments quand il s’agit de changer de plan, un problème qui a probablement comme conséquence quelques timings comiques qui manquent de punch.

Gearbox a voulu profiter de son moteur beaucoup plus avancé que celui de Telltale pour proposer des passages plus spectaculaires, mais aussi utiliser la Motion et Performance Capture pour animer les personnages de façon plus naturelle et mieux faire passer leurs émotions ce qui marche très bien malgré quelques moments de vallée dérangeante causés par la rencontre entre le style visuel habituel et le jeu des acteurs.

Mais les personnages sont aussi beaucoup aidés par les excellents doublages anglais comme français. On regrette juste les musiques plus oubliables que les compositions originales ou les groupes que Gearbox est allé chercher. La bande-son semble se réveiller uniquement lors des quelques parodies pour s’amuser avec des thèmes connus.

Test New Tales from the Borderlands – La chasse à l’Arche narrative ?