Rentrée : les 14 expositions d’art contemporain à ne pas manquer | Connaissance des Arts

Une nouvelle exposition au Centre Pompidou est par définition un événement. C’est à Gérard Garouste qu’elle est dédiée, entre ses récits symboliques et mythologiques. La Fondation Cartier consacre sa rentrée à Fabrice Hyber et sa passion pour les mutations du corps et de la nature. Quant au Collège des Bernardins, il reçoit le travail mystérieux de Laurent Grasso, pour une exposition inspirée d’un haut lieu de spiritualité : le Mont Saint Odile. Du côté de Lyon, la 16e biennale d’art contemporain « Manifesto of Fragility » donne à voir dans divers lieux l’expression de la fragilité. Et pour un retour à la terre ferme au sortir des vacances : les céramiques de Ben au musée Magnelli. Connaissance des Arts a sélectionné pour vous 14 expositions d’art contemporain à découvrir à la rentrée.


1. Ben en trois dimensions

Modeler, écraser, malaxer, empoigner la terre mouillée… Quel artiste pourrait résister à l’attrait de la céramique ? Certainement pas Ben qui, s’il ne prétend pas être Picasso, expose tout de même à Vallauris ! Dans l’ancienne salle de cinéma Éden, le voici qui envahit l’espace avec des figurines, des pastiches des objets décoratifs du XIXe siècle, des mots modelés, des plats décorés… Un espace qu’il partage avec la plasticienne Monique Thibaudin et ses jambes sans bustes.

« Je ne suis pas Picasso »
Musée Magnelli et Musée de la Céramique 
Place de la Libération, Vallauris
du 25 juin au 19 septembre 2022

Ben, L’univers se dilate en mille morceaux, 2022, acrylique sur panneau bois avec céramique, 60 x 80 x 5 cm

2. Arts Factory sort en Haute-Marne

Cinquante artistes et collectifs, cinq cents œuvres et autant d’éditions rares pour cette rétrospective hors-les-murs de la Arts Factory, galerie fondée en 1996 et vitrine graphique au carrefour du dessin, de la bande dessinée et de l’illustration. Loin de leur quartier général parisien de la rue de Charonne, les fondateurs, Effi Mild et Laurent Zorzin rassemblent sur deux mille mètres carrés des créateurs connus ou à connaître, de Loulou Picasso à Jean-Luc Navette, de Véronique Dorey à Amandine Urruty ou Tom de Pékin.

« Arts Factory, 25 ans au cœur de la scène graphique »
Centre d’art de l’abbaye d’Auberive 
Place de l’Abbaye
du 5 juin au 25 septembre

Tom de Péki, Décor montagneux, 2017, acrylique sur toile, 116 x 81 cm © Tom de Pekin Courtesy arts Factory

Tom de Péki, Décor montagneux, 2017, acrylique sur toile, 116 x 81 cm © Tom de Pekin Courtesy arts Factory

3. Morellet, griserie absolue

Il y a les expositions historiques, celles qui sont un marathon, celles qui fatiguent, celles dont on aurait pu se passer. Au Château Chasse-Spleen où l’on montre des œuvres de François morellet (1926-2016) excellemment mises en scène par le critique d’art Didier Arnaudet, rien de tout cela. Dans notre pays, volontiers classificateur, on range une fois pour toutes l’artiste, dont c’était d’ailleurs le choix, sous la bannière de l’Abstraction géométrique et de l’Art minimal… Et, certes, on retrouve le système de la répartition des croix, cubes, carrés, suivant un système aléatoire, la répétition de ces éléments simples, le noir et le blanc, les jeux avec la vision et le bannissement de toute subjectivité, de tout « romantisme ». Pourtant, ici, en cinq salles (la bonne mesure), on découvre tellement plus !  «Grave et léger», dit de son travail le commissaire. Un instant d’éternité, peut-on ajouter. Et, aussi, un moment nécessaire.

« François morellet »
Château Chasse-Spleen centre d’art 
32 Chem. de la Razé, Moulis-en-Médoc
du 6 mai au 30 septembre

François Morellet, Grands tirets, 0°, 90° ,1971 © Archives Morellet Courtesy Galerie Kamel Mennour Paris

François Morellet, Grands tirets, 0°, 90° ,1971 © Archives Morellet Courtesy Galerie Kamel Mennour Paris

4. Un Erró normand

« Il me semble que je suis comme une sorte de chroniqueur, de reporter dans une énorme agence qui rassemblerait toutes les images du monde, et que je suis là pour en faire la synthèse. » Guomundur Guomundsson, dit Erró, né en Islande en 1932 et vivant à Paris, peut être vu comme l’interprète du quotidien de notre planète. Il rassemble une foule énorme de figures, qu’il colle et transfère en peinture et dont la réunion, morcelée, drôle, inattendue, dessine une Histoire décalée et bruyante. Un voyage politique en somme, au pays de la condition humaine.

« Super Erró »
Château de Vascœuil 
8, rue Jules Michelet
du 16 avril au 23 octobre

Erró, Cup of Coffee, 2016, peinture glycéro sur toile, 75 x 35 cm © Erró

Erró, Cup of Coffee, 2016, peinture glycéro sur toile, 75 x 35 cm © Erró

5. Fragile Biennale de Lyon

Qu’y a-t-il de plus fragile qu’une œuvre d’art ? Et, donc, qui peut mieux qu’une œuvre exprimer la fragilité ? La 16e Biennale de Lyon en fait la démonstration en parcourant le monde d’aujourd’hui, mais aussi celui d’hier. On y découvre ainsi, d’une part, les contributions de quatre-vingts artistes originaires de trente-neuf pays, de l’autre, une grande exposition historique. En contrepoint, « Beyrouth et les Golden Sixties » revient sur une période charnière de l’histoire du Liban, pays en proie à une fragilité chronique.

Lyon 16e Biennale d’art contemporain
« Manifesto of fragility »
Divers lieux de Lyon
du 14 septembre au 31 décembre

6. Constellation Garouste

Une exposition de Gérard Garouste (né en 1946) est toujours un événement. Une rétrospective au Centre Pompidou est l’événement de la rentrée. Cent vingt tableaux, des installations, des sculptures, pour arpenter l’univers foisonnant, énigmatique et enchanteur de ce peintre, entre récits mythologiques et réflexions talmudiques, symbolique médiévale et champ littéraire. De Cervantes à Kafka, mais surtout au cœur d’un monde « garoustien » unique, un parcours où la figure, transformée, facétieuse, onirique et  monstrueuse dessine une réflexion dont on ne sort pas indemne.

« Gérard Garouste »
Centre Pompidou 
19, rue Beaubourg, Paris
du 7 septembre au 2 janvier

Gérard Garouste, La croisée des sources, 1999-2000, huile sur toile, 114 ×146 cm, Collection particulière, France

Gérard Garouste, La croisée des sources, 1999-2000, huile sur toile, 114 ×146 cm, Collection particulière, France

7. Masmonteil, un peintre et son atelier

En parallèle de la foire d’art contemporain Art Basel en juin dernier s’est ouvert la plus vaste exposition à ce jour d’Olivier Masmonteil (né en 1973) dans l’ancienne distillerie Fernet-Branca à Saint-Louis (Alsace). Avec 53 œuvres présentées, le peintre montre un aperçu de son œuvre, de ses arbres et autres paysages mi abstraits mi figuratifs à ses hommages aux chefs-d’œuvre des grands maîtres de l’histoire de l’art (tels que Boucher, Ingres ou encore Le Lorrain). La rétrospective souligne également le travail en tant que peintre d’atelier qu’effectue Olivier Masmonteil, dans la lignée du Tintoret et de Rubens. Face à l’augmentation de ses commandes et ayant un goût particulier pour la transmission, il dirige aujourd’hui un atelier composé de jeunes artistes et étudiants qui l’accompagnent sur ses projets d’envergure et sur ses grandes toiles comme L’Arrivée d’Alexandre à Babylone qui conclut l’exposition, exemple parfait du travail du collectif réalisé en seulement 21 jours.

« Olivier Masmonteil. Peinture, la fausse ingénue »
Fondation Fernet-Branca
2 rue du Ballon, 68300 Saint-Louis
Jusqu’au 2 octobre

Olivier Masmonteil et les artistes et étudiants de son atelier devant le triptyque L'Arrivée d'Alexandre à Babylone. ©Agathe Hakoun

Olivier Masmonteil et les artistes et étudiants de son atelier devant le triptyque L’Arrivée d’Alexandre à Babylone. ©Agathe Hakoun

8. Quarté gagnant

Il n’en restera qu’un parmi les quatre nominés pour le prix Marcel Duchamp. Chacun à sa manière éclaire les enjeux contemporains d’une lumière singulière. Giulia Andreani explore à travers sa peinture les méandres de la mémoire, quand Philippe Decrauzat, peintre lui aussi, réactualise une approche plus abstraite de son médium. Les installations et interventions du Colombien Iván Argote interrogent, souvent avec humour, le rôle que peut jouer l’art dans la contestation et les mouvements sociaux. Enfin, Mimosa Echard collecte des rebus de toutes sortes, naturels et artificiels, pour en faire d’étranges collages entre peinture et objet. Faites vos jeux.

« Prix Marcel Duchamp 2022 »
Musée national d’art moderne
19, rue Beaubourg, Paris
du 4 octobre au 3 janvier

Les 4 finalistes du Prix Marcel Duchamp 2022 Crédits photo ©️Claire Dorne ©️Camille Villiers ©️Joseph Ballu

Les 4 finalistes du Prix Marcel Duchamp 2022
Crédits photo ©️Claire Dorne ©️Camille Villiers
©️Joseph Ballu

9. Cyprien Gaillard voit double

Deux lieux, le Palais de Tokyo et Lafayette Anticipations, deux expositions, un seul artiste, Cyprien Gaillard. À travers une pratique protéiforme mêlant collage, photographie, sculpture, performance et vidéo, ce dernier débusque dans l’architecture et la ville les traces ambiguës de notre rapport au monde. Ainsi, à Lafayette Anticipations, l’artiste s’intéresse à une sculpture publique oubliée, une horloge à trois automates, Le Défenseur du temps, et en fait le personnage central d’un projet consacré au déclin et à la renaissance.

« Cyprien Gaillard »
Lafayette Anticipations
9 Rue du Plâtre, Paris
Palais de Tokyo 
 13 Av. du Président Wilson, Paris
du 19 octobre au 8 janvier

Cyprien Gaillard, Sans titre, 2021, document, photographique pour "Humpty/Dumpty" © C. Gaillard, Max Paul

Cyprien Gaillard, Sans titre, 2021, document, photographique pour “Humpty/Dumpty” © C. Gaillard, Max Paul

10. Des amitiés créatives

Solitaires les artistes ? Non, si l’on en croit cette exposition dédiée aux œuvres collaboratives des XXe et XXIe siècles. Le point de départ est l’Album zutique, recueil de poésie coréalisé en 1871 par Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Charles Cros… Une centaine de tableaux, dessins, sculptures ou photographies de performances témoignent des créations de Dada, des surréalistes et d’une pléiade d’artistes (Picasso, Picabia, Arp, Filliou, Saint Phalle, Tinguely…) qui, un jour ou l’autre, ont eu l’idée de créer une œuvre à plusieurs mains.

« Amitiés et créativité collective »
Mucem 
1 Esp. J4, Marseille
du 19 octobre au 13 février

11. Sacré Laurent grasso

Adepte des dispositifs immersifs, Laurent grasso est l’invité des Bernardins pour une exposition inspirée d’un haut-lieu de spiritualité : le mont Sainte-Odile (Bas-Rhin). Dans une atmosphère mystérieuse, le visiteur découvrira des installations lumineuses, des tableaux traversés de phénomènes étranges (nuages flottant dans l’architecture, roches en lévitation…) réalisés à la manière des peintres de la Renaissance et un film inédit tourné aux abords du Mur païen, vestige de l’enceinte édifiée au VIIe siècle autour du couvent fondé par sainte Odile.

« Laurent grasso »
Collège des Bernardins 
20 Rue de Poissy, Paris
du 20 octobre au 18 février

Laurent Grasso, Studies into the Past, huile sur bois, 70 x 70 x 4 cm © Claire Dorn

Laurent Grasso, Studies into the Past, huile sur bois, 70 x 70 x 4 cm © Claire Dorn

12. Regards sur la nature

Ils sont quatre et s’intéressent aux rapports complexes qu’entretient l’homme avec la nature. Aux côtés de la sculptrice espagnole Cristina Iglesias et de l’incontournable Giuseppe Penone (dessins et installations), le musée de Grenoble réunit des tableaux de paysages à la cire du peintre Philippe Cognée et plusieurs pièces de l’artiste allemand Wolfgang Laib. D’une délicatesse infinie, ce dernier livre des créations minimalistes réalisées à partir de matériaux naturels et fragiles comme la cire d’abeille ou le pollen.

« De la nature »
Musée de Grenoble
1, rue Dolomieu
d​​​​​​u 22 octobre au 19 mars

Giuseppe Penone, Geste végétal, 1983, bronze et végétal, 173 x 56 x 82 cm, détail © Archivio Penone

Giuseppe Penone, Geste végétal, 1983, bronze et végétal, 173 x 56 x 82 cm, détail © Archivio Penone

13. Verdier chez Grünewald

Après être partie en 2020 sur les terres de Cézanne à Aix-en-Provence, Fabienne Verdier s’aventure aujourd’hui dans le monde de Grünewald. À l’invitation du musée Unterlinden, elle y présente ses peintures en regard des collections anciennes et modernes. L’artiste a notamment créé une suite de tableaux et une œuvre monumentale, en lien avec la Résurrection du Retable d’Issenheim. Inspirée par le chromatisme et l’aura de lumière peints par Grünewald, elle propose une nouvelle iconographie de la mort, comprise non plus comme expression de notre finitude, mais comme la trace d’une énergie qui se transmet aux vivants.

« Fabienne Verdier. Le chant des étoiles »
Musée Unterlinden 
Pl. des Unterlinden, Colmar
du 1er octobre au 27 mars

Avana, Arc-en-ciel, nimbe, lumière, éclat, splendeur, Malgache (Madagascar, Mayotte), photographie : Inès Delieman, © Fabienne Verdier, ADAGP, Paris, 2022

Avana, Arc-en-ciel, nimbe, lumière, éclat, splendeur, Malgache (Madagascar, Mayotte), photographie : Inès Delieman, © Fabienne Verdier, ADAGP, Paris, 2022

14. Fabrice Hyber, l’œuvre-monde

« L’art est l’unique possibilité pour apprendre le monde en faisant interagir les disciplines », affirme Fabrice Hyber (né en 1961). Peintre et dessinateur, cet artiste prolifique (20 000 œuvres à son actif) est féru de mathématiques, de neurosciences, d’économie, d’astrophysique, et se passionne pour les mutations du corps et de la nature. Il est question de tout cela dans cet accrochage qui rassemble une cinquantaine de toiles grand format, dont près d’une dizaine spécialement produites pour l’occasion.

« Fabrice Hyber, la vallée »
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261 Bd Raspail, Paris
de décembre à avril

Fabrice Hyber, Watch, 2006 Fusain ; peinture à l’huile ; système électrique ; papier marouflé sur toile, 200 x 200 cm ©Fabrice Hyber

Fabrice Hyber, Watch, 2006 Fusain ; peinture à l’huile ; système électrique ; papier marouflé sur toile, 200 x 200 cm ©Fabrice Hyber

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