Guillaume Bardet, designer : « Mon mobilier pour Notre

Dieulefit… Comme un signe du ciel ou une joyeuseté du destin. Tel est le nom du village drômois où est installé le designer Guillaume Bardet, inconnu du grand public jusqu’à ce qu’il ait été, à 52 ans, choisi pour dessiner le mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris : soixante-dix candidats au départ, puis cinq finalistes, et enfin, l’été dernier, un seul lauréat, lui.

A l’époque où tombe la nouvelle, il est membre du jury du festival Design Parade de la Villa Noailles à Hyères, invité par le président de l’édition 2023, son ami Noé Duchaufour-Lawrance. Ils démêlent parmi les jeunes candidats designers les talents du futur. Quand l’archevêché l’appelle pour le féliciter, il est à mille lieues de Paris et de son auguste cathédrale incendiée. Il vient de tomber de sa moto et des nues.

Et pour cause, le cahier des charges étant tellement contraint, le designer avait choisi de s’en écarter en réalisant le projet de ses rêves. Comme un challenge créatif personnel. Sans croire vraiment à ses chances.

Diplômé de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs à Paris, pensionnaire de la Villa Médicis à Rome avec un projet magistral autour du marbre puis lauréat en 2011 du prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main, il est aujourd’hui l’un des poulains de la galerie de design contemporain Kreo, à Paris. Son œuvre pour Notre-Dame de Paris comprend cinq éléments liturgiques – autel, ambon, cathèdre, baptistère et tabernacle – dont les lignes épurées, adoubées par le diocèse, sont déjà critiquées pour leur trop grande simplicité.

Prototypes réalisés en cire du mobilier liturgique conçu par Guillaume Bardet pour Notre-Dame de Paris.

Rencontre avec ce grand discret, dont le mobilier de bronze fabriqué dans la Drôme d’après les maquettes qu’il a façonnées à la main, avec l’empreinte de ses doigts dans la cire, doit être livré avant octobre 2024.

Comment en êtes-vous venu à réaliser le mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris ?

Je n’ai pas encore pris conscience que je suis de l’aventure de Notre-Dame. En avril 2017, le frère dominicain Marc Chauveau, féru d’art contemporain, m’a invité à exposer au couvent de La Tourette, œuvre majeure de Le Corbusier à Eveux près de Lyon, une scène de banquet que j’avais sculptée en cire dans mon atelier. Baptisée La Cène, telle une métaphore, elle comprenait une table imposante mais fragile de 4,75 mètres de long sur trois pieds, entourée de treize tabourets différents, sous un grand luminaire. A la suite de quoi, les frères du couvent m’ont commandé une croix et un calice, ma première commande liturgique ! Puis la Fondation d’entreprise Martell a fait l’acquisition du premier exemplaire en bronze de la table et de la lampe, l’exposant à Cognac, et la galerie germanopratine Kreo s’est intéressée à mon travail.

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Guillaume Bardet, designer : « Mon mobilier pour Notre-Dame dégage une forme de contemplation et de spiritualité »