ENTRETIEN. Mystère et spiritualité : le Tarn

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Le directeur du festival des châteaux de Bruniquel, en Tarn-et-Garonne, est à l’affiche du dernier film de Freddy Mouchard, « Réconciliation, dans les pas des cathares ». Entretien avec cet Occitan invétéré fasciné par ceux que l’on nommait les « parfaits ».

On le connaît plus pour son rôle de directeur du festival des châteaux de Bruniquel. Mais Franck T’Hézan est aussi artiste lyrique, réalisateur et dans le cas présent, comédien. Mû depuis toujours par son amour pour l’Occitanie, il n’a pas hésité une seconde lorsque son ami Freddy Mouchard lui a proposé l’un des rôles principaux du film « Réconcialiation, dans les pas des cathares » qui sort officiellement dans les salles le 10 avril*. Entretien passionnant avec celui qui incarne l’aubergiste Jean sur le grand écran.

Pourquoi le réalisateur et comédien, qui tient le rôle du héros Guillaume dans le film, a-t-il pensé à vous ?

Je connais Freddy Mouchard depuis très, très longtemps et il sait que je suis passionné par la philosophie cathare et l’histoire de l’Occitanie. J’ai eu le scénario entre les mains et le tournage a duré deux ans avec énormément de scènes à l’extérieur tournées notamment à Montségur et aux alentours. On a tourné deux fois lors de chaque saison.

Que pouvez-vous nous dire de l’intrigue ?

Ce n’est pas un film historique ou un documentaire, c’est une fiction qui raconte la philosophie, l’esprit du catharisme. Cela se déroule de nos jours avec Guillaume, un garçon qui vit à Paris et qui part se ressourcer dans les Pyrénées. Et il rencontre Jean, son logeur, grâce auquel il comprend que l’essentiel est peut-être ailleurs. Et il part se ressourcer dans la nature.

Freddy Mouchard incarne Guillaume, un Parisien éprouvé par son métier dans l’immobilier et qui part à l’assaut des châteaux des Pyrénées.
Photo tirée du film.

Le spectateur fait ainsi des allées et venues entre l’époque contemporaine et le Moyen-Âge.

Dans le film, on évoque le sac de Béziers, par exemple, mais sa vocation n’est de proposer une retranscription fidèle de l’histoire des cathares. J’insiste pour les puristes : c’est un artiste qui réalise ce film, pas un historien. Le but est plus de découvrir l’esprit des communautés cathares en Occitanie. C’est une œuvre un peu thérapeutique car quand on sort de là, on se pose forcément des questions sur soi.

Comment être-vous entré dans la peau de Jean ?

C’était assez facile. Moi je suis d’ici, c’est dans mon sang et mes racines. Mes aïeux sont des gens de la terre et je connais leurs réflexes, je suis comme eux. Et j’ai toujours été un érudit du catharisme. C’est un sujet que j’ai beaucoup étudié à 20 ans quand je faisais ma crise identitaire à Paris. J’ai appris à lire les vers occitans et des décennies plus tard, je tourne un film sur le sujet. C’est une belle aventure et ce tournage n’a été que pur plaisir.

Les personnages Jean et Martine face à Guillaume, ce Parisien en quête de spiritualité., dans un gîte à Montségur.
Les personnages Jean et Martine face à Guillaume, ce Parisien en quête de spiritualité., dans un gîte à Montségur.
Photo tirée du film.

Comment cela s’est passé  ?

On a tourné dans un vrai gîte à Montségur et on vivait avec les propriétaires. C’était très familial comme ambiance dans cette maison qui a une vue imprenable sur le château, le pog et les Pyrénées. Les plans tournés depuis ce lieu sont incroyables. J’avais déjà visité Montségur plusieurs fois et j’en ai profité pour découvrir d’autres hauts lieux du catharisme que je ne connaissais pas. Comme la grotte d’Ornolac où l’on voit un pentagramme. Certains pensent que les cathares y réalisaient des rituels. Mais il y a aussi la fabuleuse forêt de Nébias où le sol est jonché de rochers. On dirait un labyrinthe magique et Freddy a tourné de superbes images avec de la brume. C’est un champion en technique de l’optique, il sait comment magnifier ses plans.

Le réalisateur et comédien Freddy Mouchard a tourné dans les massifs de Tabe et du Montcalm ou encore, dans la forêt de Nébias.
Le réalisateur et comédien Freddy Mouchard a tourné dans les massifs de Tabe et du Montcalm ou encore, dans la forêt de Nébias.
Photo tirée du film.

On sait que le pays albigeois et le Quercy faisaient partie des bastions des « parfaits ». Pouvez-vous préciser le lien avec ce qui n’était pas encore le Tarn-et-Garonne ?

C’est l’histoire de Baudoin de Toulouse qui a été pendu sur la place où se trouve aujourd’hui l’église Saint-Orens dans le quartier Villebourbon, à Montauban. Fils du comte Raymond V, il se voit octroyer le château de Bruniquel puis celui de Montferrand. Mais face à la croisade menée par Simon de Montfort, il négocie une reddition en échange de la vie sauve de ses sujets. Mais Baudoin passera pour un traître et c’est son frère, Raymond VI, qui se trouve alors à Montauban, qui le fait exécuter. Et avant sa mort, Beaudoin avait l’écrivain Guillaume de Tudèle à son service et certains historiens pensent qu’il a écrit la première partie de Chanson de la croisade au château de Bruniquel.

"Réconciliation, dans les pas des cathares" est une fiction, pas un film historique.
“Réconciliation, dans les pas des cathares” est une fiction, pas un film historique.
Photo tirée du film.

En 2016, l’Église de l’Ariège a publiquement demandé pardon pour le massacre des cathares. Est-ce ce qui a motivé ce film ?

Pas du tout car justement, le jour où l’évêque est venu à Montségur, on était là, en train de tourner ! Je regrette d’ailleurs que les médias nationaux n’en aient pas plus parlé car c’est le dernier fait historique marquant dans l’histoire des cathares. Même si aujourd’hui, ils ont tous disparu et que tout le monde s’en fiche. Mais ceux qui s’intéressent au catharisme connaissent la démarche singulière de cet évêque qui a forcément dû obtenir l’aval du pape.

* Avant-premières prévues mardi 19 mars, au cinéma de Caussade, et samedi 23 mars, au CGR Le Paris, à Montauban.

ENTRETIEN. Mystère et spiritualité : le Tarn-et-Garonnais Franck T’Hézan à l’affiche d’un film sur les cathares