Découvrir le sens spirituel de l’Avent avec les dominicaines de Chalais | RCF

 

La tradition du calendrier de l’Avent est aujourd’hui reprise par un très grand nombre de marques de chocolat, de cosmétique, de jouets ou de bijoux. À l’origine, pour les familles protestantes allemandes du XIXe siècle il s’agissait de faire patienter les enfants jusqu’à Noël. Cela montre bien combien l’Avent est le temps de l’attente. En 2023, l’Avent dure moins d’un mois, il se tient du dimanche 3 décembre au dimanche 24 décembre. Sœur Pascale, Sœur Geneviève, Sœur Agnès, Sœur Julie et Pascale-Dominique, cinq religieuses dominicaines du monastère de Chalais, en Isère, nous aident à méditer sur le sens spirituel de l’Avent.

 


Programmation spéciale Noël sur RCF

Cette année, RCF s’installe au cœur des quartiers populaires de Grenoble, pour deux jours de programmation spéciale Noël. Une des missions de RCF est de partager la joie de s’ouvrir à l’autre pour devenir tous acteurs de fraternité. C’est pourquoi cette année nous voulons partager la joie de Noël avec ceux et celles qui vivent dans des quartiers dits “sensibles”. 

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Faire entendre un cri à Dieu

Le mot “avent” vient du latin adventus et désigne “l’avènement”, c’est-à-dire la venue de Dieu, “de notre sauveur, de notre Seigneur Jésus-Christ, qui aura lieu à Noël, dans la naissance de Jésus”, explique Sœur Pascale. “Le grand cri de l’Avent c’est : Viens Seigneur Jésus, viens Emmanuel, viens nous sauver !”

Attendre la venue de Dieu dans le monde : et aussi sa justice. “Notre terre crie justice, il faut qu’on porte ce cri à Dieu qui l’entend. Et pour qu’on accueille la justice selon Dieu, qui n’est pas très différente de la nôtre si ce n’est qu’elle vient dans la faiblesse de l’enfant, si ce n’est qu’elle vient désarmée.” Qu’est-ce donc qu’espérer la justice de Dieu ? “Ça veut dire chercher l’amour, être au plus près des pauvres, des malades, dans sa famille… accorder du temps à ses enfants, à son conjoint, rechercher ce qui est bien.”

 

→ À LIRE : Que signifie l’Avent pour les chrétiens ?

 

Une attente pas comme les autres

Au monastère de Chalais, “tout le monde sait” que Sœur Geneviève est “très impatiente” ! “De nature, je suis assez vive, admet la religieuse, et je fais le travail je pense assez rapidement.” Cependant, il y a le temps des Hommes et le temps de Dieu…. “Superficiellement je suis très active et très rapide, mais profondément, je crois qu’il y a un autre temps qui se passe. On peut attendre profondément sans se presser.”

L’attente de Dieu n’est pas une attente comme les autres car Dieu est passé, présent et avenir. “Il n’y a pas d’urgence parce qu’on sait qu’il vient.” Cela peut sembler difficile à comprendre, mais dans la spiritualité chrétienne, Dieu “va venir mais il est déjà là”. L’espérance de sa venue est nourrie de cette “certitude” qu’il est déjà venu, qu’il vient et qu’il viendra. “C’est ça qui nourrit l’attente c’est ça qui me pacifie.”

 

Dieu ne se résout pas au mal et à la violence, à la rivalité entre les Hommes

 

Des figures de patience dans la Bible

Noé, Abraham et Sarah, Job, Isaïe, Élisabeth et Zacharie… Des figures bibliques qui enseignent la patience, il y en a beaucoup ! Que nous enseignent ces figures ? Que “Dieu ne se résout pas au mal et à la violence, à la rivalité entre les Hommes”, pour Sœur Agnès. Et qu’il nous donne ce dont nous avons besoin. C’est parfois difficile à croire quand on est dans la peine ou la souffrance.

Mais la Bible nous enseigne qu’il faut le prier et le supplier. “C’est important de le lui demander pour nous-même, répond Sœur Agnès, mais aussi pour le monde entier. Je pense qu’aujourd’hui on est invités à prier, à crier auprès du prince de la paix, que nous allons accueillir à Noël, en particulier là où sévit la violence, la guerre. Et croire qu’il va venir. Et que nous sommes invités à être des acteurs de cette paix là où nous sommes.”

 

Dieu aussi nous attend

Et si Dieu nous attendait ? Pour Sœur Julie, la prieure de Chalais, parce que Dieu nous aime en premier, c’est d’abord lui qui nous attend. “Dieu lui-même nous a aimés le premier”, comme dit saint Jean (1 Jn 4, 19). Pour nous aider à comprendre cette attente mystérieuse de Dieu, on peut lire la parabole du Fils prodigue, au chapitre 15 de l’évangile de Luc. Il est question d’un père qui attend le retour de son fils. Père que le peintre Rembrandt a représenté aveugle, à force d’avoir “tellement guetté le retour de son fils”. Comme lui, “Dieu nous laisse libre de revenir vers lui mais il ne cesse de nous attendre”, explique Sœur Julie.

 

Un Dieu qui vient et qui est déjà là

Un Dieu qui vient et qui est déjà là : c’est “paradoxal”, admet Sœur Pascale-Dominique. “C’est toujours ainsi dans la Bible, en particulier dans l’Évangile, Jésus dit une chose et après il a l’air de dire le contraire.” Mais pour la moniale, cela montre que l’évangile c’est comme la vie, paradoxale ! “Quand le Christ s’est fait chair, il est venu parmi nous, il est rentré dans une réalité complexe, et ça, il faut le découvrir.” C’est-à-dire essayer de se débarrasser de nos “idées préconçues”, de cette “perfection” de Dieu que, souvent, “nous inventons”. “Il faut une purification du cœur pour découvrir que quand on ne sent pas Dieu, quand on ne l’entend pas, quand ne le voit pas venir, il est là.”

 

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