A Marseille, J’ai vu la Vierge, une marque pop visionnaire en “croissance permanente”

D’abord vu comme une oeuvre d’art, J’ai Vu la Vierge a été l’un des premiers à penser l’art religieux comme un objet de décoration.

Rien n’arrête Alexandra et Damien. En 2017, ils investissent une galerie d’art contemporain, rue Delanglade à proximité de Notre-Dame de la Garde. Damien, artiste, y expose ses oeuvres. “Nous sommes partis du postulat d’inventer un cadeau souvenir sympa“, souligne Alexandra, ancienne journaliste, “il y a eu beaucoup de choses autour de Notre-Dame de la Garde et de Marseille, mais rien sur la statuette. On s’est dit pourquoi pas la mettre en couleur ? Qu’est-ce qui nous ferait délirer ? Qu’est-ce qu’on achèterait ? En plus, nous étions sur une période de fashion week.” Les deux fondateurs achètent des statuettes à l’effigie de la Vierge et les bombent, les peignent. Au sein de la galerie, c’est un succès. “Notamment par rapport à son image de femme, à la fécondité, à la spiritualité, à cette image douce qu’elle transmet.” Naît alors J’ai Vu la Vierge.

Alexandra cherche des fournisseurs. Elle jette son dévolu sur celui de la boutique. 200 statuettes sont commandées. Mais, “le Diocèse nous a mis des bâtons dans les roues“, souligne-t-elle. Alors, J’ai Vu la Vierge s’oriente vers la fabrication de boules de cristal à neige, “toutes hyper design avec juste un sujet hyper flashy en rajoutant des paillettes.”

Et, “je suis partie avec mon panier faire le tour des concepts stores.” Mais Alexandra est tenace et demande un rendez-vous au Diocèse. Le ton s’apaise. La Marseillaise trouve tant bien que mal un fournisseur en Chine, “après quelques déboires, quand même.” Arrivent alors 2 000 vierges repensées à peindre. La magie opère. J’ai Vu la Vierge embauche une première personne, puis une seconde. Pour enfin, finir aujourd’hui à huit salariés. Le carnet de commandes se remplit et les modèles se diversifient. Jésus, Notre-Dame de Lourdes, La Vierge aux fleurs viennent grossir les rangs des collections. Tout comme une gamme de tee-shirts, une bougie contenant un bijou. Une évidence parce que “l’on a toujours été attirés par les églises et l’art religieux. Mais dans notre domaine, nous avons été précurseurs.”

40 000 objets vendus

Pour les créateurs, l’art religieux s’appuie essentiellement sur la Ciergerie des Prémontrés avec un artisanat pointu et le Bon coeur. J’ai Vu la Vierge est né juste avant le Covid, “une période qui nous a fait exploser. Ce n’est pas une mode mais un profond changement de paradigme religieux”. L’analyse est simple. “Notre couleur qui travaille aussi chez le santonnier Di Landro l’explique aisément. Durant les périodes difficiles, la spiritualité est une valeur refuge“, assure-t-elle. En pensant ses collections, “nous avons voulu éviter de faire de l’ultra kitsch, du cher ou du classique.Le tout avec beaucoup de respect, même si on se permet certaines fantaisies.”

Le profil du client est diversifié. “Nous avons le religieux fasciné par la Vierge. Le catholique baptisé pas forcément pratiquant qui l’utilise comme élément de décoration, pour se rattacher aux racines profondes. Puis, il y a les chrétiens qui voyaient ça d’un oeil circonspect et finalement qui trouvent cela génial. Cela faisait des années que les objets religieux n’étaient pas rentrés dans les maisons.” Depuis la création de la marque, près de 40 000 objets ont été vendus. “On fait du bien aux gens et c’est touchant.”

Aujourd’hui, la vente se fait dans 650 points de vente notamment, 15 % à l’international (Japon, Corée, USA…). Lors de la venue du pape, la marque “en croissance permanente” a été sélectionnée pour un corner au “Pope Up” des Galeries Lafayette à deux pas du stade Vélodrome. Une occasion bénie des dieux.

A Marseille, J’ai vu la Vierge, une marque pop visionnaire en “croissance permanente”