Vers un doublement du chiffre d’affaires du secteur bio d’ici 2027 ?

Natexbio et La Maison de la Bio ont lancé en 2021, avec l’institut Credoc et AND International, une grande étude afin de donner de la visibilité aux entreprises sur l’évolution du secteur bio d’ici 2027 (alimentaire et non-alimentaire), pour les aider à se projeter en termes d’investissements et accompagner leur développement. Cette étude dont les résultats viennent d’être publiés lors du Natexpo, permet de quantifier l’effet des facteurs extérieurs (sociologiques, politiques, législatifs, économiques…) sur la santé du secteur.

L’étude prospective réalisée par l’institut Credoc et AND International a permis d’identifier 4 trajectoires possibles pour le secteur bio d’ici 2027, de la plus pessimiste à la plus optimiste. Les deux trajectoires les plus ambitieuses nécessitent une action politique et publique forte, notamment sur le respect de l’engagement du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation en 2021, Julien Denormandie, à atteindre 18% de Surface Agricole Utile en bio d’ici 2027. La réalisation du scénario 2, dit « favorable » (moins ambitieux que le scénario 1), aurait des retombées importantes pour le pays : création de valeur (chiffre d’affaires du secteur multiplié par deux), création massive d’emplois (+137 000 emplois temps plein), hausse des exportations de produits bio chez nos voisins proches, investissements des entreprises (voir tableau suivant), avec un modèle d’agriculture et de consommation durable et respectueux de notre santé et de l’environnement (surface agricole utile en bio qui monte à 18%).

Tableau de l’évolution à 5 ans des critères chiffre d’affaires, emplois, du secteur bio en fonction des 4 scénarii

Les évolutions de l’emploi ont été calculées à partir des données d’évolution entre CA et emplois. Sur les 5 dernières années, l’emploi évolue un peu moins vite que le CA, avec un décalage de 1,6% par an environ. On retrouve ici le gains de productivité pour les IAA, constaté à 1,8% par an sur 2008-2018 (source France Agrimer).

Circuits courts, producteurs, naturalité et santé

«Le marché de la bio a connu une progression forte depuis plus de 10 ans et a enregistré une croissance à 2 chiffres entre 2015 et 2020. En 2021, après un pic remarquable pendant la période de Covid, nous assistons à un ralentissement de cette dynamique – corrélée, entre autres, à une baisse de la consommation globale des ménages et des référencements des produits bio en GMS. Les enjeux portés par ce secteur sont au cœur des préoccupations des citoyens-consommateurs : circuits courts, producteurs, naturalité et santé sont les points cardinaux d’une consommation responsable. Les acteurs de la bio restent mobilisés. Juste prix, innovation, ouverture de nouveaux débouchés sont les leviers activés pour remplir leur mission fondatrice : permettre au plus grand nombre de consommer des produits sains pour eux et pour l’environnement», explique Pascale Brousse, experte en green, clean et sustainable lifestyle depuis 20 ans, fondatrice de Trend Sourcing en 2000. Elle a décodé pour Natexpo les tendances bio de l’année suivantes.

L’Alimentation est devenue la valeur refuge des Français et la bio s’est installée de manière durable dans nos habitudes de consommation. La GMS reste le canal le plus dynamique pour s’approvisionner en produits bio (74%), les consommateurs l’ont volontairement délaissé (-3 points) pour se tourner vers les producteurs locaux et les achats à la ferme (26%, +6 points).

Stimuler la demande et améliorer la lisibilité des bienfaits des produits bio

La moitié des Français ne s’estime pas suffisamment informée sur la bio. En effet, face à un marché très concurrentiel et à une multiplication des communications marketing de « transition alimentaire » ou d’ « agro-écologie », le consommateur peine à comprendre et à croire aux spécificités de la bio. «Les acteurs du secteur doivent se saisir du sujet pour stimuler la demande et améliorer la lisibilité pour chaque Français des bienfaits des produits bio», souligne Pascale Brousse.

Les tendances bio actuelles

Plus que bio, durable : À l’heure où raison d’être et engagements deviennent des prérequis, la bio se repense ‘augmentée’ et pousse plus loin son territoire d’engagements : écologique, éthique et authentique. On ne peut plus parler seulement de sans ’pesticides’ ou de bio, quand 46 % des Français souhaitent connaître l’impact environnemental des produits qu’ils achètent. La consommation est devenue une équation de réassurance. L’ingrédient n’est plus la seule star de l’équation bio-écolo, le pack prend désormais une place majeure. Non plus seulement l’amont (culture, sourcing), mais aussi l’aval et surtout l’après, la circularité : toutes les étapes de la vie du produit sont intégrées. Par exemple, le leader de la distribution bio spécialisé, Biocoop, met l’accent sur ses valeurs structurantes, son militantisme et vise 30 % de chiffre d’affaires avec l’équitable à horizon 2025. Carrefour applique désormais la blockchain à ses produits bio de marque propre afin de garantir une traçabilité totale (un QR Code pour retracer le parcours de chaque lot).

Au-delà du local, la souveraineté alimentaire : La sécurisation alimentaire devient un essentiel, qui bouscule notre vision du monde et de la mondialisation, et insuffle un nouveau souffle au local, comme bouclier face aux hausses de coûts des matières premières et aux pénuries (cf. huile de tournesol). 77 % des consommateurs préfèrent désormais un produit local à un produit bio.

Alors que l’Union Européenne vient d’autoriser la mise en culture des jachères pour compenser la baisse à venir de la production mondiale de céréales, cette année marque cependant un franchissement historique pour le bio en France.
Nous avons atteint pour la première fois l’autosuffisance alimentaire sur le blé : 100 % du blé bio que nous consommons est français, tout comme le lait, les œufs et la viande. La bio, première en matière de souveraineté alimentaire. Cultiver bio et fabriquer local apparaît alors non plus seulement comme un acte de résistance, mais comme une promesse de résilience, à la fois écologique et économique.

L’écologie avec pédagogie : Diffuser la bio au plus grand nombre, pour en amplifier son impact et motiver chacun sur le parcours de la transition écologique, se fait désormais avec pédagogie et un certain degré de facilité. Les marques de la bio misent sur l’universalité des soins pour la famille entière, plutôt que sur l’hyper segmentation. Elles façonnent des offres ludiques, sobres et pratiques pour initier les plus petits au zéro plastique et à moins de déchets. Les systèmes de vrac se généralisent tout en fluidifiant, pour les parents, toutes les étapes de ce nouveau mode d’approvisionnement. Enfin, les commerçants facilitent l’accès aux produits en toutes circonstances, en basculant dans l’ère du service 2.0. La Fourche intègre Aurore Market, et renforce ainsi ses positions sur le biologique en ligne.

Les nouveaux minimalismes, : La quête de clean, c’est-à-dire d’une formulation saine et sans risque pour la santé du vivant, venue des États-Unis, est une tendance installée depuis 5 ans. Tant au niveau alimentaire que cosmétique. Aujourd’hui ce sont en effet 44 % des Français qui considèrent la Clean Beauty comme une réalité et qui en consomment déjà. Le mouvement clean est le socle de ces nouveaux ‘minimalismes’, avec des listes d’ingrédients toujours plus réduites, synonymes de produits moins transformés et donc meilleurs pour la santé. De nouvelles performances du ‘sans’ qui font du sain une super surprise : obtenir du spiritueux sans sucre ni alcool, en passant par le sérum soin avec seulement quatre ingrédients.

Les disruptions et les fusions végétales: Les régimes alimentaires qui limitent la viande ont plus que jamais le vent en poupe : un Français sur deux souhaite réduire sa consommation carnée en 2022. Une transition alimentaire toujours plus forte puisque 17% des végétariens indiquent être intéressés par le véganisme, alors que désormais seulement 14% des Français déclarent bien trop aimer les produits d’origine animale pour envisager de s’en priver. La vague végan semble donc inarrêtable… parce qu’elle surprend plus qu’elle ne substitue. Qu’elle donne envie bien mieux qu’elle n’interdit. En effet la gastronomie végan devient un formidable terrain de créativité culinaire.
En matière de végétal, qu’il s’agisse de découvertes inédites, d’associations impensables ou de réinterprétations des grands classiques gastronomiques, la motivation écologique et l’envie gustative se rencontrent. Des disruptions végétales qui font du végan, plus qu’un régime, un nouvel hédonisme.

Du zéro gaspi au sacre du surcyclage : L’ère du recyclable, du réutilisable, du biodégradable succède à celle du jetable, dans un monde aux ressources finies. La tendance du zéro waste / zéro gaspi renouvelle la consommation en général et la bio en particulier.
La circularité devient la règle, ou plutôt un art de vivre. Un cercle vertueux dont les marques, mais aussi les individus sont les artisans donnant de secondes vies aux produits, de nouvelles chances aux ‘déchets’. Pas seulement recycler, mais bien sublimer, telle est la définition de l’up-cycling ou surcyclage. Les déchets et co-produits sont valorisés plutôt qu’être jetés et deviennent les matières premières précieuses de produits, mais aussi de packaging.

Le bien-être holistique : Durant la pandémie, face à la restriction de nos libertés, le bien-être mental et émotionnel est devenu une priorité. En 2020, les cas de troubles dépressifs majeurs et les troubles anxieux ont par exemple bondi respectivement de 28 % et 26 %.
Depuis les solutions anti-stress émotionnelles performent et se multiplient (via des gummies, sprays, compléments, boissons, et même des podcasts…), ainsi que celles pour optimiser notre repos et notre sommeil. L’ambition étant de trouver apaisement et sérénité de tous les instants, par (presque) tous les moyens. Car, avec notre besoin d’être toujours plus proche de la nature et de préserver notre environnement, se développe un nouveau paradigme de mieux-être qui est basé sur l’émotionnel, mais aussi sur le spirituel (non religieux), presque ésotérique, avec une approche scientifique. Ce nouvel holistique, cette quête de mieux-être ‘augmentée’ a pour ambition d’accéder à une harmonie entre le corps, l’esprit, l’âme et l’environnement. Une synergie physique, psychique et énergétique, avec ce grand tout. Un phénomène montant ? Peut-être même déjà une révolution : en 2021, le réseau social Pinterest a mentionné un pic : +145% de recherches pour « augmenter sa vibration », et +60 % de recherches sur « comment protéger son énergie. Vers une montée des consciences écologiques, spirituelles et collectives.

SOURCES : NATEXPO, Agence Bio, 18ème baromètre de la consommation et de la perception des produits bio en France/ Spirit Insight, Kantar, Xerfi, Baromètre annuel de la perception des produits bio)

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Lancé il y a seulement 2 ans en mai 2020, le label Bio Équitable en France poursuit son développement et représente déjà 17% des ventes de produits équitables origine France. Le chiffre d’affaires des produits vendus en 2021 s’élève à 121 millions d’euros avec des ventes qui ont décollé en milieu d’année, laissant entrevoir de très belles perspectives pour 2022. Le label se donne pour objectif une croissance proche de 30% pour les deux prochaines années. L’association Bio Equitable en France soutient 5.000 fermes paysannes fédérées en 34 groupements et 46 entreprises de la bio dans toute la France.

Plus de 360 produits labellisés Bio Équitable en France sont actuellement disponibles dans les magasins spécialisés tels que Biocoop et en grande distribution. Ils représentent 23% de l’ensemble des références labellisées commerce équitable origine France. L’objectif est d’atteindre 530 produits fin 2022 et 660 en 2023.

Les produits se retrouvent dans tous les rayons puisque le label couvre une multitude de filières : fruits, légumes, céréales, légumineuses, plantes aromatiques et médicinales, lait de chèvre, de brebis et de vache, viande bovine, ovine, porcine, volailles et œufs.

L’association Bio Équitable en France œuvre pour une agriculture bio et paysanne dont les produits sont 100% origine France et issus de relations commerciales durables. Il propose un modèle reposant sur un triple engagement de prix/volume/durée sur 3 ans minimum, contractualisé par l’ensemble des acteurs de la filière. Il offre une garantie de transparence de la ferme jusqu’aux consommateurs. Le respect des critères du cahier des charges du label sont scrupuleusement vérifiés par des organismes de contrôles indépendants. De plus en plus de groupements de producteurs développent leur propre marque pour maîtriser la commercialisation et mieux rémunérer leurs membres. Parmi eux, Cabso, Uni- Vert, CORAB ou encore Les Fermes de Chassagne. Ce dernier groupement est un exemple remarquable. Il rassemble 20 agriculteurs charentais qui se sont dénommés eux-mêmes ”agrobiologistes”. Il s’est spécialisé dans la transformation et la commercialisation de légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots rouges, etc…), de farines (blé, épeautre, engrain, sarrasin) et d’huile de tournesol.

Emergence de “start-ups de la bio”

Autre tendance singulière, l’émergence de “startups de la bio” telles que Base Organic Food, une jeune entreprise dynamique et solidaire créée par Charif Benabderrahmane basée à Montbartier près de Montauban. Base Organic Food est spécialisée dans la production de fruits secs, graines et céréales bio et équitables, classée parmi les champions de la croissance française en 2022, tous secteurs confondus ! _______________________________________________________________________

L’Occitanie confirme sa place de 1ère région de France avec 13 086 producteurs et 19,4% de surface en BIO. Egalement, elle enregistre une hausse de 9% d’exploitations en conversion en 2021.
Côté consommation, le dernier baromètre donne une vision encourageante avec 75% des habitants de la région Occitanie déclarant consommer des produits bio au moins une fois par mois. La BIO en Occitanie bénéficie d’une diversité de circuits de distribution (magasins spécialisés, vente directe, grande distribution, commerces de proximité).

Un contexte difficile

Si ces chiffres sont positifs, la Bio ne fait pas exception face à une conjoncture générale complexe du marché alimentaire. En effet, dans un contexte où l’alimentaire enregistre une baisse de la consommation, la Bio est également impactée depuis plusieurs mois avec une baisse de 5,9% de la consommation entre janvier et avril 2022 (hors fruits et légumes). Le tassement de la consommation alimentaire en Bio se vérifie également par une baisse du chiffre d’affaires et de fréquentation des magasins spécialisés. Face à ce constat, la Bio d’Occitanie se mobilise.

Malgré une image positive de la Bio, soutenue par un label connu et reconnu, le contexte inflationniste, la concurrence d’autres labels et le retour à une consommation locale au détriment de la valeur BIO ont mené les professionnels de la BIO d’Occitanie à mettre en œuvre une feuille de route autour de 4 ambitions fortes : Une Bio régionale reconnue et plébiscitée par les consommateurs avec comme fil rouge la valorisation des atouts de la BIO en lien avec le cahier des charges, l’accessibilité pour tous et la valorisation du « consommer BIO » qui vient renforcer le sens de l’acte d’achat alimentaire local ; Une Bio résiliente face aux défis de demain : innover, renouveler, accompagner, structurer… l’objectif sera d’activer tous les leviers d’une agriculture BIO qui répond aux enjeux environnementaux, économiques et sociétaux ; Une Bio durable, c’est réaffirmer la nécessité une agriculture qui rémunère les producteurs, qui produit tout en garantissant le respect de l’environnement, des femmes, des hommes, des animaux, des écosystèmes… ; Valoriser les savoir-faire ancrés sur le territoire c’est mettre en lumière les initiatives engagées dans la Bio et créer des synergies pour aller plus loin sur la valorisation de la diversité de l’agriculture Bio occitane en dehors de notre région.

Ces ambitions seront menées par Interbio Occitanie, au travers d’un plan d’actions qui aura pour objectifs de réaffirmer les valeurs de la Bio auprès du public mais aussi, d’expliquer les atouts de la Bio en termes d’environnement, de santé et de développement économique.

Vers un doublement du chiffre d’affaires du secteur bio d’ici 2027 ?