“Un jeune chaman” ou comment vivre sa spiritualité dans la modernité débridée à Oulan

La réalisatrice mongole Lkhagvadulam Purev-Ochir signe avec “Un jeune chaman” un long-métrage sensible et intelligent sur un lycéen en quête d’identité, pris en étau entre le consumérisme et la foi. “Un jeune chaman”, un film subtil et poétique.

France Télévisions – Rédaction Culture


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Scène du film "Un jeune chaman" de Lkhagvadulam Purev-Ochir. (AURORA FILMS / GURU MEDIA / UMA PEDRA NO SAPATO / VOLYA FILMS 2023)

Le film s’ouvre sur une séance de chamanisme. À la fin de la session, le chaman enlève sa coiffe de cérémonie et révèle son âge. Un adolescent de 17 ans. Et dès lors, le spectateur découvre un à un les différents masques que porte, souvent malgré lui, le jeune Zé. Un jeune chaman suit le voyage initiatique d’un lycéen en quête de ses différentes identités. Studieux, appliqué, Zé navigue entre spiritualité et modernité. Sa vie ressemble à un long fleuve tranquille. Il communie avec l’esprit de ses ancêtres pour venir en aide à sa communauté et poursuit assidûment ses études. Il vit dans une yourte, en périphérie de la capitale mongole Oulan-Bator. Sa rencontre avec Maralaa, déficiente cardiaque de son âge, fait exploser ses certitudes. Zé se remet en question, cherche sa place dans le monde. En salle le 24 avril.

“Les esprits font partie de la nature”

“Le film est né d’une rencontre qui n’est pas si différente de celle du film. Ma mère m’avait emmenée consulter un chaman pour une affaire de famille. Nous sommes arrivées en retard à la cérémonie et je n’ai pas pu voir le chaman avant. Plus tard, alors que j’attendais ma mère, un jeune homme est venu s’asseoir à côté de moi. Il avait l’air très sympa, ses deux bras étaient couverts de tatouages et il portait une boucle d’oreille. Il a commencé à jouer à un jeu sur son téléphone. Une fois sorties de la maison, ma mère m’a dit que c’était le chaman que nous venions de consulter”, confie Lkhagvadulam Purev-Ochir.

Pour son premier long-métrage, la réalisatrice mongole s’est attachée à suivre le cheminement de Zé et ses tourments dans une Mongolie qui peine à concilier tradition et modernité. Porté par un Tergel Bold-Erdene bouleversant d’authenticité, Zé erre dans un no man’s land spirituel. Fasciné par les gadgets de la vie moderne, il confie à sa copine toute son admiration pour les smart homes (maisons intelligentes). “Vous frappez des mains et la lumière s’allume, les volets… “, s’émerveille Zé. “Qui a vraiment besoin de ça ? Peut-être les feignants”, lui répond Maralaa. Par ce court dialogue, on devine les tourments du jeune chaman. Et au lycée, lui, l’élève posé, se découvre une âme de rebelle. L’une des scènes les plus fortes du film est ce basculement collectif, cette révolte spontanée contre l’autorité quand l’enseignante, rigide dans ses positions, outrepasse ses prérogatives. Il y a quelque chose de salvateur, de jouissif, dans ce renversement de rôles.

Un jeune chaman est un film subtil, loin de tout manichéisme, de toute pensée binaire, qui questionne la spiritualité et la modernité, sans forcément les opposer. Il pose aussi un regard sur une société en quête de repères. Un jeune chaman, une œuvre poétique universelle.

Affiche du film

La fiche

Titre : Un jeune chaman

Genre : Drame

Réalisation : Lkhagvadulam Purev-Ochir

Distribution : Tergel Bold-Erdene, Nomin-Erdene Ariunbyamba

Durée : 1h43

Synopsis : Zé a 17 ans et il est chaman. Il étudie dur pour réussir sa vie, tout en communiant avec l’esprit de ses ancêtres pour aider les membres de sa communauté à Oulan-Bator. Mais lorsque Zé rencontre la jeune Maralaa, son pouvoir vacille pour la première fois et une autre réalité apparaît.

Sortie en salle : 24 avril 2024

“Un jeune chaman” ou comment vivre sa spiritualité dans la modernité débridée à Oulan-Bator