Mois du jeûne : Entre quête spirituelle et tendances à la surconsommation

Il faut dire que rien n’échappe aujourd’hui aux mutations de la société de consommation qui s’étend partout dans le monde, affectant tous les aspects de la vie quotidienne, spirituel et religieux compris. Ftours collectifs, soirées madihs, voyages organisés Spécial Omra, animations célébrant le premier jeûne de l’enfant … l’offre des activités marchandes dites « ramadanesques » ne se tarit pas. Elle atteint son paroxysme pendant Laylat Al Qadr, la nuit du destin. C’est la nuit de la révélation du Saint Coran, célébrée traditionnellement le soir du 26e jour du mois de Ramadan. Elle a une portée particulière dans les cœurs des Marocains. Nombreux sont les fidèles qui se rendent aux mosquées pour des veillées de prière et de spiritualité, mais sans être indifférents aux festivités nocturnes parallèles. Là encore une aubaine pour les chasseurs d’opportunités cherchant à tirer profit au maximum de cette nuit « qui vaut mieux que mille mois ».

Devant cette situation paradoxale qui inquiète de plus en plus, il y a ceux qui essayent, tant bien que mal, de trouver le juste milieu, cet équilibre entre le spirituel et le matériel en conciliant entre quête d’un niveau élevé de piété associé à l’accomplissement du quatrième pilier de l’Islam et exigences de la vie moderne, entre obligations professionnelles et contraintes sociétales.

Pour atteindre cet équilibre, Bouchra n’a qu’une réponse : adopter « une hygiène de vie ». De par son activité professionnelle centrée sur la gestion du stress, cette directrice d’entreprise de coaching et de communication défend les vertus d’une bonne hygiène de vie pendant et hors Ramadan, en vue d’éviter les excès. Cela implique, dit-elle, à la fois « manger équilibré » pour préserver sa santé, en évitant en l’occurrence les mets trop sucrés et épicés garnissant d’habitude les tables marocaines de rupture du jeûne ; et avoir le sens de « programmation » de manière à pouvoir vivre profondément sa spiritualité sans pour autant être en contradiction avec la réalisation des tâches quotidiennes.

A titre personnel, elle avoue se préparer bien à l’avance à l’avènement du Ramadan pour profiter de l’ambiance et des traditions marocaines singulières rythmant le mois sacré qui « offre l’opportunité pour s’élever au niveau spirituel, renforcer la foi et se rapprocher de Dieu ».

C’est ce qui permet à cette spécialiste de coaching de gérer efficacement ses rendez-vous et continuer à honorer ses engagements professionnels, tout en veillant, néanmoins, à caser les stages qu’elle anime à l’étranger, en Afrique, au Moyen Orient et en Europe, en dehors de la période de Ramadan. Car pour elle, hors de question de s’éloigner du Maroc et de sa famille en cette occasion, Ramadan étant aussi synonyme, à ses yeux, de convivialité, d’hospitalité, de partage et de solidarité.

Le “très stressé” Farid est quant à lui d’accord sur le principe de cette démarche. Ce jeune banquier jette son dévolu sur le sport pour gagner en apaisement et en sérénité après une journée de travail intense. Le problème c’est que cette activité ouvre bien son appétit à l’heure du ftour, ne pouvant résister à toutes les gourmandises ramadanesques qui trônent sur la table, « pour le plaisir des yeux et du ventre ! » Et ceci pèse particulièrement sur sa capacité d’accomplir régulièrement les tarawihs. Pour cette année, il a pris la résolution avec son épouse de manger sain et équilibré en faisant tout pour éviter le gaspillage, l’objectif étant d’être en parfaite harmonie avec l’esprit de Ramadan.

Comme eux, de nombreux concitoyens affichent la même détermination à adhérer à la dynamique positive déclenchée en ce mois béni, avec l’espoir de pouvoir la faire perdurer tout au long de l’année, pour une vie meilleure et plus épanouie, socialement, professionnellement et spirituellement.

 

MAP / Amal Tazi

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