HUMOUR : Le coming

Grandir
dans un quartier populaire de Saint-Etienne, dire stop l’école à 15 ans, tomber
dans la délinquance, dormir dans la rue, mais toujours croire en ses rêves et
réussir à devenir acteur et être nominé aux Molières… Pour Infos Dijon Medhi Emmanuel Djaadi raconte son parcours qu’il présentera
le mardi 21 novembre au Cèdre à Chenôve.

A
37 ans, Mehdi Emmanuel Djaadi né à Saint Etienne, aime à dire qu’il est «stéphanois avant d’être français». Avant de jouer dans de nombreux courts et longs métrages, pièces et séries
télévisées, l’artiste a vécu dans un quartier populaire de la célèbre ville
verte. Dans
ce seul-en-scène, Coming-out, le musulman devenu chrétien, raconte son parcours
hors du commun. Ses origines, sa vie faite de rencontres, de quête de liberté et de
spiritualité. Sans détour il parle de sa relation avec son père qui l’a éveillé
à l’islam, de l’attirance pour le christianisme et de son intérêt pour le monde
de l’art et de la culture

Raconter
votre vie n’a pas été trop douloureux ?



Mehdi
Djaadi 
: «Le temps de gestation
a été effectivement douloureux. En fait, le spectacle est resté en gestation très longtemps
dans ma tête. Mais à partir du moment où j’ai commencé à écrire avec mon
co-auteur Thibaut Evrard, ça a été plus facile. Mais il fallait être très
précautionneux par rapport à ce que l’on allait coucher sur le papier. Alors
bien-sûr toute ma vie n’est pas dévoilée, le théâtre n’est pas un lieu de
thérapie»

En quoi votre
vie est différente des autres ?

«En fait elle n’est
pas si différente des autres. Elle est atypique et c’est ça, je pense, qui fait
le succès du spectacle. Ma vie vient rejoindre chacune et chacun dans son
histoire personnelle ou je viens interroger l’héritage de ce que l’on reçoit,
ce que l’on choisit, et les rencontres que l’on peut faire qui orientent nos
vies.  Alors c’est vrai qu’avec les cartes que j’avais en main au début
rien ne me prédestinait à vivre cette vie. Mais je pense que j’ai su saisir les
mains tendues au bon moment. Quand je regarde mon parcours, je m’aperçois que
j’ai toujours voulu être libre dans mon esprit. J’ai aussi avancé avec
résilience et audace pour arriver là où je suis aujourd’hui»

Vous parlez de religions
dans votre spectacle. Avec les derniers évènements, avez- vous adapté votre
seul-en-scène ? 

«En fait, je me suis
posé la question de savoir si nous étions toujours dans une période propice à
parler de ces thèmes qui touchent la religion. J’ai d’ailleurs joué sur scène
assez proche de la date du 7 octobre sans rien changé. A la fin du spectacle, les
gens sont venus me voir pour me remercier. Mais je reconnais qu’en ces temps troublés
il est difficile de prendre la parole. C’est d’ailleurs pour cette raison que
je préfère ne pas ajouter du bruit au bruit, notamment sur mes réseaux sociaux.
En revanche j’ai un outil qui est le théâtre et si ce spectacle peut permettre
de créer du lien, alors il a plus que jamais raison d’exister»

 

Raymond Devos est un
de vos modèles ?

«Mon inspiration est
très large. J’ai été bercé par les humoristes que ma famille écoutait, comme
Elie Kakou. J’aimais profondément Raymond Devos pour son amour des mots et pour
le côté clown qu’il incarnait. Je fais aussi partie d’une génération ou des artistes
comme Gad Elmaleh, Jamel Debbouze m’ont imprégné de leur talent. Mais vous savez
l’humour est beaucoup plus présents depuis quelques années. Il y a de nombreux
comédies clubs, et une grande diversité d’humoristes hommes et femmes. Et du
coup j’aime bien aller piocher, m’inspirer et sourire à une vanne de quelqu’un
dans un théâtre, sur une scène à Paris ou en région. Il y a un vivier important d’humoristes»
 


Faire un coming out, c’est
révéler son orientation sexuelle ou son identité de genre.
Pourquoi une telle ambigüité ?

«C’est mon côté
Raymond Devos qui ressort avec cette envie de jouer avec les mots. Mais je dois
dire que lorsque j’étais comédien, avant d’écrire ce spectacle, je me suis aperçu
qu’il était très difficile d’aborder la religion au théâtre et au cinéma. Ou
alors il fallait le faire d’une façon, soit stigmatisante soit diabolisante, si
je prends l’exemple de l’islâm ou du christianisme. Et ce n’est pas ce que j’ai
vécu. Je voulais donc rendre compte de cet état de fait. Par ailleurs, je suis
proche des personnes issues de la communauté LGBT avec l’Ardhis, une
association qui vient en aide aux personnes LGBT en provenance du Maghreb et
du Moyen Orient. Vous savez, quand vous vous affirmez, quel que soit le domaine,
vous êtes très souvent en proie avec le rejet, le mépris, et en ça je me suis
senti solidaire, non pas pour qui je suis, mais pour les choix que j’ai fait. Du
coup il y avait cette envie de dire, dans ce titre et dans mon spectacle, quand
on s’affirme on fait quelque part son coming out»

 

 La Nomination aux Molières 2023 dans la catégorie «Seul(e) en scène»

«Cette nomination vient
récompenser les nombreuses années de travail, les quatre années ou j’ai arpenté
les routes de France pour jouer mon spectacle. Je n’oublie pas toute l’équipe
qui travaille avec moi et bien sûr mon épouse. Mais obtenir la reconnaissance de
la profession c’est agréable. Même si on ne fait pas ce métier pour avoir ces
récompenses, c’est pour moi un aboutissement qui vient clôturer la tournée de
ce spectacle»

                                                                                                                                                                      Norbert Banchet


 


 

Mehdi
Djaadi – Coming-out – Mardi 21 novembre 2023 – 20 heures – Le Cèdre – Chenôve



Tarif :
29€. Emplacement libre – Assis.


Infos
et réservations : Points de vente habituels


 

 

HUMOUR : Le coming-out spirituel de Mehdi Djaadi