#Bénin : Le Bâtonnier Jacques MIGAN passe à loupe socio

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#Bénin : Le Bâtonnier Jacques MIGAN passe à loupe socio-politique le rapprochement TALON-SOGLO-YAYI

( la Constitution aussi)

L’actualité politique au Bénin depuis quelques jours reste focalisée sur les rencontres successives entre le Chef de l’État Patrice TALON et ses prédécesseurs Nicéphore SOGLO et Boni YAYI. Lorsqu’on se remémore que ces deux derniers n’ont pas, depuis 2016, caché leur opposition au premier, il y a de quoi s’interroger sur l’objectif de ces rencontres à quelques mois des prochaines élections législatives.

Acteur politique et observateur avisé de l’actualité béninoise et internationale, Maître Jacques Migan, ancien bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Bénin, membre fondateur du parti Bloc Républicain et président d’association de développement de la ville de Porto-Novo, a analysé ces tête-à-tête politiques au sommet de l’État.
Il a partagé avec l’opinion publique, les implications que lui suggèrent ces différentes rencontres. C’était au cours d’un entretien à la radio Capp Fm. Voici transcrite, la quintessence des déclarations de Maître Jacques Migan en réponse aux questions du confrère Lucien Dossou.

Par J-Marc Aurel AGOSSOU

 

Journaliste: Il y a quelques jours, le Président Talon a rencontré l’ancien président du Bénin, Nicéphore Dieudonné Soglo. Vous n’êtes pas sans savoir que les relations étaient tumultueuses entre les deux personnalités. Quelle lecture politique peut-on faire de cette rencontre entre les deux personnalités béninoises?

 

Me Jacques MIGAN: Il faut reconnaître qu’avant tout, le Président Patrice Talon et le Président Boni Yayi sont deux amis. En ce qui concerne le Président Nicéphore Dieudonné Soglo, nous n’oublions pas que, comme nous le disons fraternellement dans nos traditions, il peut être le père du Président actuel. C’est deux personnes qui se connaissent, ce n’est point un secret parce que, tout le monde le sait, la femme du président Patrice Talon, madame Claudine Talon est la belle nièce de la femme du président Soglo. Donc, c’est toujours la famille, et vous savez ce que représente la famille dans nos traditions et Patrice Talon étant très respectueux sur le plan familial. Quel que soit ce qui peut avoir à un moment donné comme brouille entre eux, je dirai, entre lui et son parrain, si je peux utiliser père, au niveau familial, Soglo et Talon finiront toujours par s’entendre.  

Même si des divergences apparaissent de temps en temps, connaissant les deux d’ailleurs, ils sont des gens qui sont ouverts, qui ont une certaine culture qui permet de régler les problèmes quand il faut et quand cela s’impose. Moi, je n’ai jamais pensé qu’il n’y aurait pas de telle rencontre.  Et, connaissant le Président Soglo ça, il faut que je le dise, c’est un homme de grandes cultures, c’est un homme très ouvert, un homme très nationaliste, un homme défenseur du Bénin. Moi, quand j’échange avec le président Soglo, je le découvre autrement donc c’est un homme qui veut le développement du pays. Donc, je ne doute à aucun moment et  j’applaudis même cette rencontre entre le président Patrice Talon et le président Soglo parce que Soglo, nous avons besoin de son expérience, c’est un homme qui est très expérimenté. Quand vous l’écoutez, vous avez du plaisir à l’écouter, il est dense et, je sais qu’il a beaucoup à apporter à notre pays, au Président Patrice Talon.

Il a suffi de cette rencontre pour que des langues se délient, pour dire que  Soglo peut être en train de négocier le retour de Léhady Soglo qui est en difficulté avec la justice béninoise. 

Mais vous savez, il y a quand même quelque chose que je n’arrive pas à comprendre. Moi, Jacques Migan, mon fils serait dans certaines difficultés, mais je ferai tout pour sauver la tête de mon fils. Mais pourquoi reprocher au père Soglo d’aller au secours de son fils ? C’est son fils. Maintenant, on peut dire que, s’il se confirme qu’il souhaite un jour le retour de son fils, c’est une question 

qui ne me concerne pas, qui ne nous concerne pas puisque nous sommes dans un État de droit. Un État de droit suppose que   les institutions existent, se respectent. Nous avons d’un côté l’Exécutif, le Législatif, le Judiciaire, ainsi de suite. Mais si la justice est passée par là, laissons la justice  jouer son rôle. Le Président Patrice Talon comme je le disais tout à l’heure, respectueux de la tradition, qui est très cultivé, il sait aussi ce que c’est que les institutions, il les connaît et sait ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut pas faire. Bref, ce que je sais, il y a aussi le président Patrice Talon qui est un homme magnanime qui a des pouvoirs, la grâce présidentielle par exemple. Il peut exercer ce pouvoir que nous lui avions donné à travers notre Constitution.


La rencontre du Président Patrice Talon et Dieudonné Soglo, vous l’avez expliquée, mais quelle explication donnez-vous à la rencontre qui l’a précédée ? Parce qu’avant Soglo, le chef de l’État a rencontré les ambassadeurs de l’Union Européenne au Bénin, l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique d’une part, et les anciens Présidents du Parlement et l’actuel sans aucune déclaration, comme ça c’est fait avec l’ancien Président Soglo, comment on peut expliquer cela ?

Vous savez, j’observe le président Patrice depuis 2016 où il est aux responsabilités. C’est un homme de paix, c’est un homme de dialogue. Vous vous souviendrez, lorsqu’il a accédé aux responsabilités, je le rappelle souvent, ses premières préoccupations, c’est la paix dans la maison de Dieu avec les Protestants à l’époque qui menaient une lutte interne depuis 20 ans et il a réussi à ramener la cohésion, la paix. Il en est de même des Musulmans. Il est arrivé, il a créé les conditions pour que sur le plan religieux nous ayons la paix et vous savez ce que représente pour nous le spirituel. Nous y accordons beaucoup de prix, il a tout fait pour que nos frères de Dieu retrouvent le chemin de la paix.  Donc pour quelqu’un qui a emprunté cette voie de paix, pourquoi ne pas le faire au niveau national, au niveau des Béninois ? C’est en conséquence un homme de dialogue, de paix et tout le monde sait ce que ça représente dans un pays, que la paix soit avec nous, ça veut dire que vous avez beaucoup gagné en thème de développement parce que sans la paix, vous ne pouvez rien. Alors il sait très bien qu’il a besoin de la paix pour ses actions, ses réalisations, le développement qu’il veut, et tout ce qui lui est cher. Et quand on a besoin de la paix, il faut impérativement faire avec tout le monde. 
Maintenant, vous avez parlé des anciens Présidents de l’Assemblée Nationale et de l’actuel. Mais c’est pareil. Ils ont parlé de beaucoup de choses, puisque nous avions eu la teneur à travers le président Boni Yayi, quand le président  Patrice Talon à lever tout petit peu le coin de voile sur ce qui a été dit entre lui et son prédécesseur. Il a parlé de la cherté de la  vie. Il a parlé de la paix et de l’insécurité qui règne à travers ce que nous vivons, de la paix politique.

 Voilà qu’est-ce qu’on peut comprendre de la paix politique ? 

La paix politique passe aussi par la cohésion qui doit exister entre nous, les grandes réformes qui doivent exister entre nous. Je vous donne un exemple. Quand vous prenez notre démocratie par exemple, est-ce que nous devons toujours continuer à l’image de la France ? Moi j’ai toujours dit que notre constitution que nous avons, ne correspond pas aux réalités de notre pays. Vous ne pouvez pas dans le même temps  où nous avons un pays comme l’Allemagne, pour son  développement, Angela Merkel est resté plus de 14 ans ou bien plus de 10 ans au pouvoir. Et ça a amené la paix, ça a permis le développement et pourquoi nous allons, nous, alors que nous ne sommes  pas encore au même niveau de développement que l’ancien colon, fait comme l’ancien colon. Il y a quelque chose qui ne va pas. Nous tirons tout de la France, nous voulons faire comme la France ; quand vous prenez notre Constitution, elle repose sur la Constitution française alors que nous n’avons pas les mêmes réalités, notre culture n’a rien à voir avec la France, rien. 

Il faut tenir compte des réalités endogènes. 

Absolument ! Moi, personnellement, je ne vous le cache pas. Vous ne pouvez pas développer un pays en maintenant la Constitution telle qu’elle est en ce qui concerne certains de ses articles, ce n’est pas possible! Je continue à défendre cette partie. Je prends l’exemple du Président Patrice Talon, aujourd’hui il est aux responsabilités, la Constitution dit qu’il doit faire deux mandats et nul ne peut exercer plus. Permettez-moi, mais pourquoi ? Je respecte la Constitution, mais quand vous avez quelqu’un qui est aux responsabilités et qui peut continuer, nul n’est indispensable, je le reconnais et le cimetière est rempli de gens bien dispensables. Mais  dans notre culture, lorsque vous quittez tout est remis en cause et nous l’avions connu depuis longtemps. Nous pourrions trouver la solution à nous. Quelle solution ? Moi, je n’en sais rien, je n’ai pas la réponse à ce jour,  mais je dis, ce n’est pas possible. Soyons réalistes, vous ne pouvez pas aujourd’hui avec le développement que nous connaissons, demandez à quelqu’un qui le fait et qui a les moyens politiques, les moyens  intellectuels, les moyens gestionnaires, de dire maintenant que votre mandat est fini, vous devez quitter. Il y a quelque chose qui ne va pas. 

Soit, mais ce sont les règles du jeu, Il faut 90 minutes pour faire le football et 120 minutes pour départager…

Absolument.  Mais,  les règles du foot sont les mêmes partout. En ce qui concerne le développement de deux pays les réalités ne sont pas les mêmes partout. Nous ne pouvons pas être à ce niveau et fait comme la  France. Regardez ce que nous faisons depuis 2016, qui aurait pensé que le Bénin serait à ce niveau de développement. C’est pour cela que je dis, s’il est encore possible, s’il est encore temps, que nous revoyons notre système démocratique, il faut que nous revoyions nos Institutions, il faut que nous touchions  à notre Constitution qui doit tenir compte de nos réalités. Mais nous avions commencé, ce qui a été fait les 10, 11, 12, octobre 2019, est révolutionnaire.

Ce qui est révolutionnaire, c‘est la cohabitation entre les anciens présidents de la République et l’actue chef de l’État. On l’observe, on l’a dit tout à l’heure, le 13 juin dernier, Boni Yayi, de façon inédite, s’est retrouvé encore au Palais en moins d’un an. Comment expliquez-vous cela ?

 Ils sont des amis. L’allié de Patrice Talon pour réussir sa mission, c’est  Boni Yayi, parce qu’il a besoin de lui, c’est un homme qui a de l’expérience. Il a été aux responsabilités pendant 10 ans. Les deux étaient  ensemble au départ pour des questions que nous connaissons. Il y a eu une séparation à un temps, c’est possible, ça arrive toujours entre deux amis, entre  deux frères, mais nous devons applaudir aujourd’hui de les voir encore ensemble.

C’est un exemple ? 

Ah oui, absolument, de vivre ensemble. D’ailleurs je trouve courageux et j’apprécie cette rencontre. Je voudrais même que cela se perpétue et qu’ils se rencontrent de temps en temps pour échanger. Et l’allié de Yayi Boni c’est Patrice Talon et vice versa. Pour le développement de ce pays, ils ont besoin de l’un et de l’autre, ils ont besoin de se comprendre. Et Yayi Boni avait commencé, je ne dirais jamais que Yayi n’avait pas fait quelque chose. Il a aussi apporté les bases du développement, mais Patrice Talon, il faut le reconnaître, est allé très loin. Mais à un moment donné, ils se retrouvent et ils se sont retrouvés tout récemment et je souhaiterais que ça continue dans l’intérêt supérieur du Bénin, du bien-être des Béninois et du développement du pays. Nous avions besoin et de Boni Yayi et nous avions besoin du Président Soglo. Mais si par extraordinaire ils se retrouvent, le Bénin va émerveiller, je vous le dis honnêtement, mais il faudrait que nous oublions nos égos, il faudrait que nous oublions nos intérêts personnels. 

 
Que dit de la formalisation de ce cadre de concertation dont parle déjà le chef de l’État ? 

Tout ce qui peut être positif, quelle que soit la forme, acceptons. Il ne faut pas rentrer dans des commentaires.  Ce qui est important, c’est le côté positif de la chose, la forme importe peu, c’est le fond.

 

Mais ça fait peur déjà à des partisans de Boni Yayi qui ne veulent pas perdre leur Président ? 

C’est notre Président, ce n’est pas le Président d’un parti, il était le Président de tout le monde, aujourd’hui il revient au Président Boni Yayi de se mettre au-dessus pour accompagner le développement de son pays. Le développement du pays, ce n’est pas le développement d’une région, ce n’est pas le développement d’une localité. Boni Yayi est très attaché au développement, ce que le Président Talon est en train de réaliser, alors, pourquoi ne voudriez-vous pas que l’ancien Président, Yayi applaudisse les réalisations de Talon qui lui sont très chères ? C’est en cela que je vous dis que si par bonheur ces deux hommes qui ont commencé en 2006 continuent, ils iront très loin. Et ça ne veut pas dire que Talon n’est pas sur le bon chemin. Il est sur le bon chemin en allant encore solliciter ses prédécesseurs et c’est pour ça que je dis que Patrice Talon est un visionnaire, un intrépide, un Asuka’’ en fon.

Propos transcrits par Latifath KOWENOU

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