[Analyse] Dirou niyya et allez de l’avant

Par Dr Mohamed Chtatou


La coupe du monde 2022 au Qatar n’était pas seulement une occasion ou s’est révélé l’exploit de l’équipe du Maroc mais aussi une occasion pour les Marocains pour se réconcilier avec eux-mêmes et avec leur culture millénaire. On doit cela à 3 hommes qui portent le Maroc dans leur grand cœur plein de générosité : D’abord SM le Roi Mohammed VI qui a fait du sport un des piliers de sa politique éclairée, Fouzi Lakjaa, un homme simple de Berkane qui a donné au football marocain ses lettres de créances, avec abnégation et amour, et finalement Walid Regragui, un adorable zmagri qui a propulsé le football marocain sur la scène internationale grâce à sa dose magique de savoir-faire technique, amour pour la culture traditionnelle marocaine, et beaucoup de niyya.

Les actions ne s’effectuent que par les intentions

La niyya (arabe : نِيَّةٌ, diversement traduit niyyah, [ˈnij.jah],  » intention « ) est un concept islamique : l’intention dans le cœur d’une personne de faire un acte pour l’amour de Dieu (Allah).

Par conséquent, la niyya ou l’intention d’une personne est de la plus haute importance parmi les exigences d’un acte de prière rituel. La nécessité d’une prononciation audible de la niyya fait l’objet d’un débat. La plupart des savants s’accordent cependant à dire que la niyya étant prononcée par le cœur, elle n’a pas besoin d’être prononcée par la bouche. En outre, il n’existe aucune preuve que le Prophète Mohammad ou l’un de ses compagnons ait jamais prononcé une niyya à haute voix avant la prière.

Un musulman doit avoir fait une niyya avant de commencer la salât (prière), le carême du mois de Ramadan (sawm) et pour commencer le Hajj (pèlerinage à la Mecque).

Selon le commentaire d’Ibn Rajab sur les quarante Hadiths de l’imam Nawawi : Hadith #1, les actions sont jugées selon les intentions.

Omar ibnou al-Khattab a rapporté que le Prophète Mohammad a dit ce qui suit:

‘’Les actes ne sont [un résultat] que des intentions [de l’acteur], et un individu n’est [récompensé] que selon ce qu’il a prévu. Par conséquent, quiconque a émigré pour l’amour d’Allah et de Son messager, alors son émigration était pour Allah et Son messager. Quiconque a émigré pour l’amour d’un gain mondain ou d’une femme [qu’il désire] épouser, alors son émigration est pour l’amour de ce qui [l’a poussé] à émigrer. » Rapporté par Boukhari et Mouslim.

عَنْ أَمِيرِ المُؤْمِنِينَ أَبِي حَفْصٍ عُمَرَ بْنِ الخَطَّابِ رَضِيَ اللهُ عَنْهُ قَالَ : سَمِعْتُ رَسُولَ اللهِ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَ سَلَّمَ يَقُولُ:

إِنَّمَا الأعْمَالُ بِالنِّيَّاتِ وَ إِنَّمَا لِكُلِّ امْرِئٍ مَا نَوَى , فَمَنْ كَانَتْ هِجْرَتُهُ إِلَى اللهِ وَ رَسُولِهِ فَهِجْرَتُهُ إِلَى اللهِ و رَسُولِهِ وَ مَنْ كَانَتْ هِجْرَتُهُ لِدُنْيَا يُصِيبُهَا أَوِ امْرَأَةٍ يَنْكِحُهَا فَهِجْرَتُهُ إِلَى مَا هَاجَرَ إِلَيْهِ
رَوَاهُ البُخَارِيُّ وَ مُسْلِم

La première question concernant ce Hadith est de savoir s’il se réfère à toutes les actions, ou seulement aux actions dont la validité requiert une intention (niyya). Ainsi, s’il ne se réfère qu’aux premières, il ne s’appliquerait pas aux domaines habituels de la vie humaine, par exemple, manger, boire, s’habiller, etc., ainsi qu’aux questions transactionnelles, par exemple, remplir ses obligations fiduciaires et rendre les biens détournés. L’autre opinion est que le Hadith se réfère à toutes les actions. Ibn Rajab attribue la première position aux savants les plus récents, tandis que la deuxième position est attribuée aux savants les plus anciens.

La première phrase du Hadith, « innama al-acmal bin-niyyât », est une déclaration selon laquelle les actions volontaires d’une personne ne sont une conséquence que de l’intention de cette personne d’accomplir l’acte ou de le faire exister. La deuxième phrase, « wa innama li-kulli imri’ ma nawâ », est une déclaration du jugement de la religion sur l’acte en question.

Ainsi, si l’intention motivant un acte est bonne, alors l’exécution de l’acte est bonne et la personne en reçoit la récompense. Quant à l’intention corrompue, l’action qu’elle motive est corrompue, et la personne en reçoit la punition. Si l’intention motivant l’acte est licite, alors l’action est licite, et l’acteur ne reçoit ni récompense ni punition. Par conséquent, les actes en eux-mêmes, leur caractère bon, mauvais ou neutre, du point de vue de la religion, sont jugés en fonction de l’intention de l’acteur qui a provoqué leur existence.

La niyya est utilisée dans deux sens par les savants de l’Islam. Le premier consiste à distinguer certains actes d’adoration d’autres, par exemple, salat as-duhr de salat al-casr ou à distinguer les actes d’adoration (cibadât) des questions mondaines (cadât). C’est l’usage principal du terme dans les livres des fuqahâ’. Le second usage est de distinguer une action accomplie pour l’amour d’Allah, d’un acte accompli pour l’amour d’Allah et d’autres, ou juste pour l’amour d’un autre qu’Allah. Ce deuxième sens est celui qui est visé par les gnostiques (carifun) dans leurs discussions sur la sincérité (ikhlâs) et les questions connexes. C’est le même sens qu’ont les Pieux Ancêtres (as-salaf as-sâlih) lorsqu’ils utilisent le terme niyya.

Ainsi, dans le Coran, le discours du Prophète et le discours des Salafs, le terme niyya est synonyme, ou généralement synonyme, du terme désir (irâda) et des termes connexes, par exemple, ibtighâ’. Les textes du sharc qui témoignent de cet usage sont trop nombreux pour être cités dans cet article.

Le lieu de l’intention est le cœur. Il convient donc d’articuler une formule marquant l’intention d’accomplir telle ou telle action rituelle, mais pas à l’improviste et sans concentration. Le grand penseur de l’islam, al-Ghazâlî, dans son ouvrage intitulé : Intention, pureté et sincérité : Kitâb an-niyya wa al-ikhlâs wa as-sidq définit et explique les significations d’une intention pure et sincère, principe fondamental de la pratique religieuse et voie du salut. Toute action doit venir d’un cœur vrai et droit sous peine de n’avoir aucune valeur aux yeux de Dieu.

Pour mieux appréhender le concept de niyya chez les musulmans, Corine Fortier a écrit :

‘’La notion d’intention (niyya) en islam est très importante. Selon un principe musulman, « Un acte ne vaut que par l’intention et chaque intention doit s’actualiser » (innama l-a‘mâlu bi l-nîyati wa likulimri-in mâ nawâ.

En outre, la notion de niyya est utilisée plus spécifiquement dans le vocabulaire religieux musulman pour distinguer un acte de foi sincère (ikhlâs), dont seul Dieu peut percevoir l’intention, de celui qui est accompli dans le but d’en retirer un prestige social (riyâ).

Il existe en effet plusieurs degrés de spiritualité dans la pratique de l’islam; il y a tout d’abord le premier stade appelé islâm qui désigne la soumission extérieure à la religion. Lorsqu’à ces actes extérieurs s’ajoute l’intention, le musulman (muslim) atteint le stade de la foi, nommé imân, qui caractérise le croyant (mumîn. Plus difficile est l’accès au troisième stade dit « de perfection » ou ihsân, qui relève de la mystique (tasawwuf), où le soufi (sûfi) est censé adorer Dieu comme s’il le voyait.

Ainsi, une pratique aussi ritualisée que la prière peut relever autant du premier stade lorsqu’elle est accomplie par pure imitation, que du second lorsqu’elle est accompagnée d’une véritable intention. Elle peut également relever du troisième stade dans la mesure où certains fidèles vivent la prière comme une expérience mystique d’union à Dieu.’’

Et pour mieux cerner la notion de niyya dans la culture SaâdiaRadi nous informe que :

‘’Niyya signifie : intention. Les Marocains disent : « n-niyya hsen men l‘amal », c’est-à-dire « la bonne intention est meilleure que l’action ». Ainsi, celui qui fait le jeûne du Ramadan doit en avoir l’intention avant ; s’il se réveille seulement le matin en disant : « aujourd’hui, je fais le jeûne », son jeûne n’est pas valable parce qu’il n’avait pas eu l’intention de le faire. Un hadith rapporte que le Prophète aurait dit : « Les actions ne valent que par les intentions. » (Al-Bukhari, 1903-1914, p. 30) La niyya peut être une bonne ou une mauvaise intention ; de celui qui a de bonnes intentions on dit : « niytu meziyāna », et de celui qui en a de mauvaises : « niytu khayba ». Les mauvaises intentions sont censées se retourner contre leur auteur, et les bonnes intentions passent pour être récompensées. Ainsi, on dit : « niytu tkhalsu », c’est-à-dire « il sera payé selon ses intentions ». Les bonnes intentions peuvent engendrer le bonheur et la réussite. Quand une personne est réticente pour un mariage, par exemple, on lui dira : « aie la niyya et ne crains rien », c’est-à-dire : « Si tu as de bonnes intentions, ton mariage réussira et tu seras heureux. »’’

Dirou niyyah : hstoire et anthropologie

Le Maroc est un des rares pays du monde islamique qui a une culture traditionnelle prisée par les grands anthropologues de ce monde qui ont foulé son sol, vécu avec son peuple, appris son idiome, pour s’imprégner de sa culture magique et grisante. De tels hommes sont :

– Carleton S. Coon, The Tribes of the Rif, Cambridge, MA: Peabody Museum of Harvard University, 1931;
– Edward Westermarck, Ritual and Belief in Morocco,London: Macmillan, 2 vols, 1926 ;
– David M. Hart, The Aith Waryaghar of the Moroccan Rif: An Ethnography and History, Tucson, Arizona: University of Arizona Press, 1976;
– Ernest Gellner, Saints of the Atlas, Chicago: University of Chicago Press, 1969;
– Robert Montagne, Les Berbères et le Makhzen dans le sud du Maroc, Paris : Félix Alcan, 1930 ;
– Jacques Berque, Structures sociales du haut atlas, Paris : PUF, 1955 ;
– Vincent Crapanzano, The Hamadsha: A Study in Moroccan Ethnopsychiatry, Berkeley: University of California Press, 1973;
– Clifford Geertz, Hildred Geertz, Lawrence Rosen, Meaning and order in Moroccan society: three essays in cultural analysis, Cambridge: Cambridge University Press, 1978, etc.
Pour ses chercheurs, Le Maroc était un Eldorado culturel ou les traditions millénaires amazighes, musulmanes et juives faisaient de lui un endroit sans pareil dans le monde. Mais en plus un pays vieux comme le temps ou le vivre-ensemble régnait en maître

Niyya (intention) est un concept anthropologique fort de la culture traditionnelle qui s’articule autour des points suivants :

– Croire en Dieu ;
– Croire en soi et ses capacités ;
– Croire dans sa communauté ;
– Croire dans le bien ;
– Croire dans la bonté de l’homme ; et
– Faire confiance à autrui.
Dans le monde d’aujourd’hui lorsque vous voulez contracter un prêt bancaire, cette institution vous demandera préalablement des garanties : un salaire, un bien, etc. Dans le passé les banquiers qui, étaient en majorité des juifs, tenaient des boutiques-banques dans les étroites rues des médinas. Dans la ville de Sefrou on les appelait ihoud l-glas ‘’le juif assis’’ en contraste avec ihoud l-mchi ‘’le juif marchant ou ambulant’’ qui était connu par le nom amazigh azettat n-niyyath voulant dire ‘’ le guide de confiance’’. Ce guide de confiance menait les caravanes de commerce de Sefrou a Tombouctou pour entreprendre des échanges commerciaux.

Pour permettre le crédit bancaire, le juif banquier faisait appel à la confiance du client : dir niyyah et ainsi dans le Maroc antique toutes les transactions commerciales tournaient autour de la confiance et bonne intention : niyyah. Une fois on perdait ce capital confiance, on perdait automatiquement son commerce. Apparemment dans la médina de Sefrou du 18èmesiècle, la rue des banquiers juifs s’appelait : Zanqat niyyah.

Maroc : capital sympathie énorme de par le monde

De l’incident du jeune Rayan et sa mort dans le puit à la conquête du Mondial 2022 du Qatar, le monde a exprimé énormément de soutien, d’amour et de sympathie pour le Maroc et cela montre clairement que cet humble pays qui est le nôtre est adulé de par le monde pour sa culture millénaire, son peuple accueillant et généreux et ses paysages exotiques et sans aucun doute pour sa bonne niyyah.

Les exploits du Mountakhab lors de ce mondial à uni le monde arabe et l’Afrique derrière le Maroc, grands et petits ont scandé spontanément des vivats, ont porté la maillot Maroc et sont sortis dans la rue pour exprimer leur joie. Les gens de gauche, de droite, les islamistes comme les séculaires se sont tous identifiés avec le Maroc.

En Indonésie des milliers de gens ont regardé les matchs près des mosquées tout en priant à haute voix pour le succès du onze national marocain. Juifs sépharades et juifs ashkénazes ont tous salué les exploits du Maroc. Un fan Israélien riche et généreux a même publié en première page du quotidien anglophone à grand tirage The Jerusalem Post un fort message de soutien : We are all Moroccans (Nous sommes tous des Marocains).

A ce propos Infomaroc du 14 décembre 2022 écrit:

‘’Le Journal israélien lance un appel à se mobiliser derrière les hommes de Walid Regragui qui tenteront de marquer plus l’histoire de la compétition face aux champions du monde en titre. En effet, déjà dans l’histoire avec la qualification en demi-finale de la compétition, le Maroc ne compte pas s’arrêter à ce niveau. A l’image de leur sélectionneur, les Marocains sont décidés à inscrire leurs noms dans les annales du football mondial et celui de l’Afrique en particulier. Plusieurs hauts responsables israéliens ont exprimé leurs félicitations pour cette qualification des Lions de l’Atlas, admis dans le carré final de la Coupe du monde 2022. Dans un tweet après la fin du match, Issawi Frej, ministre de la Coopération régionale, a eu les mots suivants: «nous avons cru un instant que nous avions atteint le paroxysme, mais la sélection nationale marocaine a prouvé aujourd’hui qu’il n’y a pas de limites à ce qui est possible, une équipe qui ne peut pas être brisée ». Il a aussi exprimé sa joie sur le fait que la liesse s’est spontanément emparée des rues d’Israël, réunissant Arabes et Juifs. « Merci à l’équipe nationale marocaine. Nous sommes avec vous jusqu’au soulèvement de la Coupe », a-t-il ajouté.Des milliers de fans sont en effet descendus dans les rues et dans les places de Jérusalem, mais aussi dans la Bande de Gaza, en Cisjordanie, à Tel Aviv, ainsi qu’à Sderot et à Beer Sheva, pour célébrer cet exploit historique, celui de la première équipe nationale de football, arabe et africaine, qui a réussi à atteindre les demi-finales de la Coupe du monde.

Fait très intéressant à plus d’un titre, les exploits du Mountakhab ont uni les Palestiniens et les Israéliens dans leur soutien à l’équipe du Maroc pour la première fois, pour nous dire tous que quoi qu’il en soit la paix entre Israéliens et Palestiniens est en réalité à un doigt, il faut juste mettre les bons ingrédients et la bonne intention niyyah au bon moment et au bon endroit.

Dans cette optique, on peut lire dans la version francophonede The Times of Israel : ‘’ Les supporters d’Israël, de Cisjordanie et de Gaza ont célébré les Lions de l’Atlas ; la police aurait fait un usage excessif de la force pour disperser les célébrations à Jérusalem-Est’’.

Grâce aux exploits du Mountakhab, le Maroc est devenu la coqueluche du monde entier et ainsi son capital estime a augmenté de façon faramineuse et la recherche du terme ‘’Morocco’’ sur Google a explosé. Toutefois, cet intérêt mondial pour le Maroc et cette expression planétaire d’estime pour ce pays n’était nullement du goût de la junte militaire algérienne dont les médias n’ont pas seulement zappé les matchs du Mondial mais catégoriquement ignoré la belle prestation footballistique du Maroc mais pas le peuple algérien frère.

Dans cette optique, le journaliste Lamine Chikhi de Reuters a écrit le 11 décembre 2022 : ‘’Algerians cheer for Morocco’sWorld Cup exploits despite tough ties/ Les Algériens applaudissent les exploits du Maroc en Coupe du monde malgré des conditions difficiles.’’

Tamaghrabit

Bien que les Marocains soient confrontés à des multiplesidentités, ils n’en conservent qu’une seule : tamaghrabit(« marocanité »), qui rassemble les Amazighs, les Arabes, les Sahraouis, les Juifs, etc. sous une même bannière et maintient l’unité du pays.

En fait, l’identité tamaghrabite est unique à bien des égards et c’est probablement le niveau extrême de schizophrénie linguistique et culturelle accepté de bon cœur par tous et bien sûr pas du tout considéré comme un état de santé, mais comme un état d’esprit montrant la tolérance et l’amour de l’autre et l’acceptation de son altérité. En réalité, tamaghrabitest le sentiment extrême d’être ensemble et d’appartenir à un même idéal, loin des dangers de l’ethnie, de la religion, de la couleur, du pouvoir et de la richesse.

Pour le journal Le Matin du 7 avril 2021, Tamaghrabit est :

‘’Tamaghrabit est un projet culturel qui permet, loin des clichés, de valoriser et promouvoir les diverses composantes de l’identité marocaine.’’

Dans une interview accordée à Jeune Afrique du 11 août 2009, Aziz Rabbah, l’un des leaders du parti islamiste PJD (Parti de Justice et Développement), approuve ce concept:

« Vous mettez l’accent sur la marocanité (Tamaghrabit) en soulignant la spécificité de l’islam marocain différent de l’islam algérien ou de l’islam égyptien. Pourquoi ?

– Je ne fais que rappeler une vérité d’évidence. Les fondements de l’islam sont les mêmes partout, mais leur application réelle a changé selon les contrées et les époques. Or, depuis des siècles, les Marocains ont vécu leur islam de façon particulière…
Mais pourquoi éprouvez-vous le besoin de le clamer ?

– D’abord par fierté. Ensuite pour rappeler le rayonnement de l’islam marocain, qui a répandu le message du Prophète jusqu’au Nigeria. »
Cette coupe du monde était sans aucun doute la concrétisation du concept de tamaghrabit à la fois chez les Marocains du Maroc et les Marocains du monde. Mais le plus important et le plus réconfortant, sans le moindre doute, c’est que les Marocains du monde, toutes générations confondues, ont montré leur attachement sacré à leur pays.

Le Mountakhab est dans sa grande majorité fait debinationaux dont le pourcentage de tamaghrabit est très élevé. On aurait estimé que les troisièmes et quatrièmes générations des immigrés marocains se seraient assimilés à la culture de leurs pays respectifs de naissance, mais non, ils sont devenus plus marocains que leurs parents. On se rappelle que feu Hassan II, dans un de ses discours, était contre l’assimilation des Marocains du monde pour garder la fibre marocaine vivante. En réalité, cette fibre n’est pas seulement vivante mais elle est aussi criarde de fougue et d’amour.

La tamaghrabit ne s’exprime pas seulement dans les exploits des binationaux mais aussi et surtout dans les transferts de fonds que les Marocains effectuent chaque année. En 2021, la générosité des Marocains de la diaspora se chiffrait à 93,7 MMDH (presque 9 milliards de dollars). A ce sujet Bladi du 2 août 2022 écrit :

‘’Au total, les MRE ont envoyé en 2021, 93,7 milliards de dirhams (MMDH), selon le rapport présenté samedi par Abdellatif Jouahri, Wali de BAM au Roi Mohammed VI. Il a indiqué qu’il s’agit d’un chiffre record en raison des circonstances liées à la pandémie du coronavirus. De même, grâce à cette performance, le Maroc a pu faire face au creusement du déficit courant qui s’est établi à 29,1 MMDH.’’

Mot de fin

Le Maroc, ce pays mythique de l’Afrique est indéniablement parti à la conquête du monde non seulement par ses exploits sportifs mais surtout par sa culture millénaire, son sens poussé du vivre-ensemble, du dialogue, de la tolérance et de la paix.

Ce pays qui, d’après la métaphore du feu Hassan II, a ses racines en Afrique, son trône dans Tamazgha et le monde arabo-islamique et ses feuillages dans l’Europe et le monde occidental, est un monde à part de bonnes intentions (niyyât). Pour tout cela, les USA veulent lui offrir un siège permanent dans le Conseil de Sécurité, n’en déplaise à certains.

Le Maroc, c’est ce royaume de lumière ‘’Kingdom of Light’’, qui pour le Millennium Magazine du 25 mai 2022 est : ‘’Le Maroc, une destination qui se réinvente/Morocco, adestination that is reinventing itself’’, mais qui, surtout, illumine le monde par sa sagesse, son amour et son hospitalité.

Vous pouvez suivre le Professeur Mohamed Chtatou sur Twitter : @Ayurinu

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[Analyse] Dirou niyya et allez de l’avant