L’essence éternelle de My Sleeping Karma

Sept ans : c’est le temps que les fans de My Sleeping Karma auront dû patienter avant d’entendre Atma, le successeur de Moksha sorti en 2015. Le quatuor était pourtant prêt à avancer dès 2017, mais entre-temps, les épreuves se sont enchaînées, des graves problèmes de santé de l’un des membres du groupe au contexte global de pandémie. Malgré ces circonstances incertaines voire franchement dramatiques, les Allemands ne se sont pas départis de leur luminosité : sur Atma, leur rock instrumental se fait plus hypnotique et solaire que jamais. Au cœur de la musique du groupe, sa capacité de résilience est ce qui lui a permis d’avancer, et ce qu’il communique à son public au fil de ses longs morceaux psychédéliques et orientalisants.

Matte, le bassiste du groupe, est revenu avec nous sur ces difficiles dernières années, où My Sleeping Karma a éprouvé la solidité de ses fondations, et de la musique comme manière de garder le cap au milieu de la tempête. Généreux, optimiste malgré tout, le musicien évoque la genèse d’Atma, mais aussi plus largement sa vision du monde et surtout de My Sleeping Karma.

« Lorsque tu dois vivre avec un cancer sans savoir s’il pourra être gardé sous contrôle ou pas, ça fait du bien d’avoir un groupe, de pouvoir garder ça à l’esprit. »

Radio Metal : Atma est sorti sept ans après Moksha. Apparemment, vous aviez commencé à travailler dessus en 2017. Le groupe a eu pas mal de problèmes, notamment de santé, puis il y a eu la pandémie. Comment se sont passées ces sept dernières années ? Est-ce que tout le monde est en forme ?

Matthias Vandeven (basse) : En effet, en 2017-2018, nous nous sommes doucement mis à travailler sur de nouvelles chansons. Nous avons fait quelques démos en prenant notre temps parce que nous étions très pris par nos vies privées, nos familles, etc. Puis en 2019, nous avons joué au Hellfest, et à notre retour, notre batteur, Steffen, a appris que ses analyses sanguines n’étaient pas bonnes et qu’il devait d’urgence voir un médecin. En fin de compte, il en est ressorti qu’il avait une forme rare de cancer, le myélome multiple. Cette nouvelle a été un gros choc pour lui et pour nous tous, donc il nous a fallu du temps pour la comprendre et la digérer. Durant cette période, nous avons laissé la musique de côté. Puis comme tu le disais, en mars 2020, il y a eu la pandémie, les confinements, etc., et nous ne pouvions plus nous voir. Ça a été une période compliquée, sans possibilité de passer du temps ensemble. Et lorsque nous pouvions le faire, nous parlions plutôt de nos situations privées ou de la situation globale que de notre prochain album. Nous avons eu des possibilités intéressantes pour faire quelques concerts malgré la pandémie, ce qui au moins nous a rappelé que nous avions le groupe. À l’époque, durant l’été, la santé de Steffen était plutôt bonne, mais l’automne-hiver suivant, elle s’est dégradée à nouveau, et nous avons dû faire une autre pause. Nous nous sommes retrouvés dans la même situation en 2021 avec un bon été et à nouveau des analyses sanguines inquiétantes pour Steffen en automne, et il a dû faire une chimiothérapie à l’hôpital. Lorsqu’il en est sorti en novembre, il s’était bien remis, et nous avons commencé à travailler pour de bon sur l’album. Steffen en est le producteur, donc il a vraiment dû y consacrer beaucoup de temps et d’énergie. Nous nous sommes retrouvés à ce moment-là, et nous avons jeté pratiquement toutes nos anciennes démos et idées. Nous en avons seulement conservé quelques-unes que nous avions envie d’utiliser, et nous avons construit notre album autour de celles-ci. Après ce long processus où pas grand-chose ne se passait, nous nous sommes vraiment consacrés à l’album, et de fin octobre 2021 à fin janvier 2022, nous sommes parvenus à tout terminer.

Donc vous avez fait l’album assez rapidement, finalement, malgré cette longue pause.

Oui, tout à fait. Une fois que nous avons été dans le rythme, que nous nous sommes vraiment remis et que nous avons eu un bon feeling, ça s’est fait plutôt vite.

Apparemment, vous n’étiez même pas sûrs qu’Atma finirait par voir le jour lorsque vous avez commencé en 2017. Pourquoi vous y être mis malgré cet avenir incertain ? Est-ce que ça a été un réflexe créatif, ou est-ce que vous essayiez de trouver une sorte de thérapie dans la musique, comme si c’était ce qui allait pouvoir sauver le groupe ?

Oui, je pense. Surtout dans le cas de Steffen : lorsque tu dois vivre avec un cancer sans savoir s’il pourra être gardé sous contrôle ou pas, ça fait du bien d’avoir un groupe, de pouvoir garder ça à l’esprit. Nous avons pu passer du temps ensemble, nous étions dans un état d’esprit positif, nous nous sommes remis à travailler sur les chansons et nous en étions très contents. Donc en fin de compte, pas seulement pour Steffen mais pour nous tous, ça a été très important que nous puissions continuer à travailler sur cet album, à nous voir régulièrement, à faire notre truc. Ça nous a vraiment fait du bien et ça a été très positif pour l’alchimie du groupe.

Le communiqué de presse décrit Atma comme votre « album le plus émotionnel, le plus profond, le plus sombre à ce jour, inspiré par des événements tragiques », et dit que c’est « une obscurité infinie, le désespoir et la tristesse » qui vous ont poussés à faire cet album. De quelle façon ces épreuves l’ont influencé, et finalement, ont donné forme à la musique ?

En raison de l’incertitude de cette période de pandémie et des problèmes de santé traumatisants de Steffen, il était évident qu’Atma serait notre album le plus émotionnel. Lorsque nous nous voyons pour écrire les chansons ou répéter, nous sommes généralement dans un état d’esprit très positif. Mais pour Atma, c’était plus compliqué, nous amenions tous notre lot de problèmes personnels, notamment durant la pandémie. Je pense que beaucoup de groupes ont vécu ça : nous ne pouvions plus vraiment nous voir, chacun avait ses propres problèmes, nous n’avions plus vraiment de vie sociale… Et dans le cas de My Sleeping Karma, il y a eu les problèmes de santé de Steffen en plus. C’était assez traumatisant, comme situation, de gros problèmes que nous ne savions pas comment gérer. C’était très difficile, et je dois dire que c’est toujours le cas, car le cancer de Steffen n’est pas guéri, et dans les jours qui viennent, nous allons devoir repousser pas mal de choses à nouveau car il doit entamer une nouvelle chimiothérapie dès demain. Nous sommes toujours en plein milieu des galères, mais heureusement, au moment où nous travaillions sur Atma, nous avons eu la chance de pouvoir transformer toute cette négativité environnante en quelque chose de créatif. Et même si nous disons que c’est notre album le plus sombre, il contient toujours beaucoup d’énergie positive, il y a toujours cette atmosphère typique de My Sleeping Karma derrière la peur et le désespoir qui nous entouraient lors de la création de l’album. Voilà un peu de ce que nous avons vécu en tant que groupe ces dernières années. Je pense que c’est l’une des raisons principales qui a fait d’Atma ce qu’il est, parce que nous l’avons fait pratiquement d’une traite après deux ans et demi très difficiles où nous nous sentions vraiment désespérés.

« Même si nous disons que c’est notre album le plus sombre, il contient toujours beaucoup d’énergie positive, il y a toujours cette atmosphère typique de My Sleeping Karma derrière la peur et le désespoir qui nous entouraient lors de la création de l’album. »

Tu dis que vous avez réalisé l’album d’une traite, en une seule fois. Comment travailliez-vous? Est-ce que c’est seulement une question de jam, ou est-ce que vous composez chacun de votre côté ?

Nous sommes un groupe qui jamme, globalement. C’est surtout notre guitariste, Seppi, qui trouve des passages de guitares, puis nous jammons autour, et si nous trouvons que ça colle bien à l’esprit My Sleeping Karma, nous continuons à travailler dessus. Mais tout ça vient de répétitions et d’improvisations tous ensemble.

Vous avez déclaré avoir envisagé le split. My Sleeping Karma a le même line-up depuis la création du groupe il y a plus de quinze ans, et certains d’entre vous jouaient déjà ensemble auparavant. Que peux-tu nous dire de cette collaboration ? Tu penses que le groupe dépend complètement de ce line-up ?

C’est une question difficile. Lorsque nous avons commencé le groupe, nous ne pensions pas du tout que qui que ce soit serait intéressé par My Sleeping Karma. C’était juste quatre mecs qui faisaient leur musique en buvant des bières et en discutant de l’actualité et de foot. Au fil des ans, nous avons passé de plus en plus de temps ensemble, notamment parce que nous avons fait beaucoup de concerts, et si l’un d’entre nous ne voulait plus faire partie du groupe pour une raison ou pour une autre, nous devrions vraiment réfléchir à ce que nous ferions – continuer ou pas, si nous serions même en mesure de le faire… Nous sommes dans ce groupe depuis dix-huit ans maintenant, et nous jouions ensemble avant, donc ça fait pratiquement vingt ans… C’est une question vraiment compliquée.

Comment votre collaboration a-t-elle évolué au fil des années ?

Ça fonctionne très bien, parce que Seppi, Steffen et moi nous connaissons depuis si longtemps. Nous comprenons immédiatement lorsque l’un ou l’autre a besoin d’une pause, ou ne peut pas trouver le temps pour les répétitions et les réunions. Je crois qu’il y a une bonne alchimie dans le groupe, et nous pouvons faire ce que nous voulons car nous avons tous un job, ce qui fait que nous n’avons pas besoin du groupe pour vivre. Nous n’avons jamais eu à prendre de décisions drastiques pour notre carrière musicale. Je crois que ça aide beaucoup, de ne pas avoir cette pression. Et puis notre label nous laisse tout le temps dont nous avons besoin, ils nous ont toujours dit : « Vous faites un album quand vous avez envie de faire un album. » Je pense que toutes ces choses aident, parce que si un groupe a plus de pression, si quelqu’un veut aller plus vite, faire plus de concerts, plus de tournées, ça entraîne des situations compliquées. Nous avons pu l’éviter parce que nous nous connaissons depuis très longtemps et que nous connaissons bien les vies respectives de chacun d’entre nous.

Sur la pochette de cet album, sur le précédent, et sur votre live sorti en 2017, Mela Ananda, on trouve l’éléphant Ganesh. Pourquoi avez-vous choisi ce dieu en particulier pour représenter le groupe ?

[Rires] C’est vrai, au fil du temps, il est un peu devenu notre mascotte, je crois que c’est le terme le plus approprié. Je pense que pour l’album Moksha, nous aimions vraiment l’idée d’avoir Ganesh sur un trône en bois très naturel surveillant le monde. Lorsque nous avons commencé à parler de la pochette d’Atma, nous nous sommes dit : « Et si on utilisait Ganesh à nouveau, dans un style et des couleurs différents ? » Ça collait bien avec le concept sur lequel nous avons travaillé pour l’album. Nous voulions avoir cette vision du monde de l’extérieur, du dessus, et Ganesh, qui représente l’hindouisme, mais aussi notre côté bouddhiste et spirituel, c’est un peu tout ce que nous aimons. Nous ne sommes pas des personnes religieuses et nous n’avons pas d’autels, nous n’allumons pas des bougies pour prier des divinités bouddhistes ou hindoues, mais nous aimons beaucoup le côté ouvert de ces religions ; tout est lié, tout est en flux… Donc nous nous sommes dit que ça collait bien pour cette pochette. Si nous faisons un album après celui-ci, je ne sais pas si nous utiliserons Ganesh à nouveau, ce n’est pas obligatoire, mais ça collait bien pour Atma, qui est la suite logique de Moksha.

« L’idée de My Sleeping Karma a toujours été de créer cette atmosphère hypnotique, un peu comme une transe où chaque auditeur peut flotter avec ses propres pensées, ses propres idées, sa propre histoire. »

Cet intérêt pour l’hindouisme et le bouddhisme a toujours fait partie de votre musique, même si comme tu le disais, vous n’êtes pas religieux. D’où cela vient-il et quelle influence est-ce que ça a sur votre créativité ?

Je crois que cet intérêt vient vraiment des discussions que nous avons pendant nos sessions de répétition, où nous ne faisons pas que répéter, justement. Souvent, nous passons du temps ensemble, nous buvons des bières, nous discutons… Une fois, je crois que notre batteur Steffen est allé à une conférence du Dalaï-Lama, et ça l’a beaucoup intéressé. Il y avait aussi la question du conflit entre la Chine et le Tibet… Tout ça nous intéressait beaucoup. Puis tout s’est fait de manière assez naturelle lorsque nous avons commencé My Sleeping Karma. Nous avions ce son de guitare assez hypnotique ou spirituel, appelle ça comme tu veux ; au moment de choisir un nom, ça a été My Sleeping Karma ; lorsque nous avons demandé à un ami de dessiner la pochette pour l’album Satya, il a fait ce dessin avec un Bouddha… Et puis il y a eu l’influence extérieure, le fait que nous avons été mis dans cette niche-là, My Sleeping Karma a été décrit comme du rock hypnotique ou du Bouddha rock… Ça nous a toujours suivis, ça nous intéresse beaucoup, et comme je le disais, nous aimons l’ouverture d’esprit, le côté fluide, la spiritualité de ces religions. Ça colle bien à My Sleeping Karma, donc nous sommes toujours restés sur cette voie.

Est-ce que ces concepts que vous mentionnez dans les titres des albums ou des chansons vous guident lorsque vous composez la musique, ou est-ce qu’ils viennent a posteriori ?

Non, je crois que le nom de l’album Atma nous est venu assez tôt, peut-être déjà en 2018 ou 2019, de même pour le premier morceau pour lequel nous avons fait une vidéo. Le titre des chansons, nous le choisissons généralement à la fin, une fois que nous les avons enregistrées. Nous avons des titres de travail standard, du genre « La nouvelle chanson », « La chanson rapide » ou « La chanson lente », puis à la fin nous en trouvons un qui colle mieux. Nous travaillons d’abord sur la musique, puis sur le reste.

Votre album précédent s’appelle Moksha, ce qui signifie libération, la fin du cycle des renaissances, la libération finale de l’âme. Cette fois, Atma, c’est l’âme elle-même, ou le soi, « l’essence éternelle et indestructible de l’esprit ». Pourquoi avez-vous choisi ce titre ? Est-ce que c’est une manière d’évoquer votre résilience en tant que groupe et que personnes, ou est-ce que c’est une métaphore pour la musique elle-même ?

C’est une question compliquée. Pour nous, c’était la suite naturelle après Moksha, et nous aimions beaucoup la signification d’Atma, l’essence éternelle de l’esprit ou de l’âme. Avec toutes les circonstances, toutes les difficultés dont nous avons parlé, ça collait bien à l’album et au message que nous voulons faire passer. Nous n’avons pas eu à chercher un nom, je ne sais plus qui l’a trouvé, mais dès que nous l’avons entendu, nous nous sommes dit que c’était le bon.

Le morceau que vous avez choisi comme premier single s’appelle « Mukti », ce qui veut dire à peu près la même chose que « Moksha ». Est-ce que c’est un clin d’œil à l’album, une manière de faire le lien après ces sept ans ?

[Rires] C’est bien que tu le voies comme ça et que ça colle aussi bien, mais je mentirais si je disais que c’est exactement ce que nous avions prévu. Nous aimons faire les choses dans le détail avec My Sleeping Karma, que ce soit pour la pochette ou le concept, mais non, là, c’est juste que le morceau convenait bien, c’est pour ça qu’il a ce titre. Et puis « Prema » est sortie en premier, celle avec l’oiseau qui vole au-dessus du monde.

Votre musique a un côté hypnotique, presque transe, une caractéristique qu’on trouve dans beaucoup de musique spirituelle. Est-ce que tu penses que la musique parle au plus profond de notre inconscient, un peu comme un rite chamanique, ou qu’elle a le pouvoir de guérir l’âme ?

L’idée de My Sleeping Karma a toujours été de créer cette atmosphère hypnotique, un peu comme une transe où chaque auditeur peut flotter avec ses propres pensées, ses propres idées, sa propre histoire. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons toujours été, et nous resterons toujours un groupe instrumental, parce que nous voulons vraiment que l’auditeur puisse avoir sa propre histoire avec notre musique. Quand tu as des paroles, tu donnes automatiquement une direction à la chanson. Avec My Sleeping Karma, nous préférons garder les choses ouvertes. C’est ce que nous avons toujours cherché à accomplir. Nous fournissons la musique, et ça peut aider certaines personnes qui traversent des moments difficiles, par exemple. Nous recevons des messages qui nous disent : « J’ai passé une super soirée avec des amis, on a écouté My Sleeping Karma et passé un très bon moment », d’autres : « J’ai perdu un proche et écouter My Sleeping Karma m’a aidé »… Notre musique est pour tous les aspects de la vie, et c’est vraiment ce à quoi nous aspirons.

« Nous faisons tous l’expérience chaque jour du fait que beaucoup de choses ne semblent pas se dérouler comme elles le devraient, et nous voulions le signaler en disant une histoire un peu différente, en disant qu’on peut tous rendre ce monde un tout petit peu meilleur. »

Vous expliquez qu’Atma parle de « l’histoire de l’humanité – d’un point de vue spirituel ». C’est une histoire qui se finit bien : « L’humanité a passé le cap et réussi à vivre en harmonie avec sa spiritualité et la nature à nouveau. » En dépit des difficultés que vous avez traversées, votre musique garde quelque chose de positif et lumineux. Est-ce que c’est important pour vous de souligner la lumière et la beauté en dépit du reste ?

Absolument, tu résumes exactement ce dont il était question quand nous parlions du fait que c’est notre album le plus sombre et le plus profond. Nous avons eu toutes ces expériences négatives au moment de l’écriture d’Atma, mais le message global est positif, il évoque l’espoir que le monde va aller du bon côté. Nous faisons tous l’expérience chaque jour du fait que beaucoup de choses ne semblent pas se dérouler comme elles le devraient, et nous voulions le signaler en disant une histoire un peu différente, en disant qu’on peut tous rendre ce monde un tout petit peu meilleur. Ce qui n’arrivera pas si on se contente de montrer les autres du doigt en disant : « Ça, c’est pas bien, et ça, c’est pas bien, et ça, c’est pas bien. » Je pense que chaque individu est en mesure de faire quelque chose lui-même. Si chacun prenait un peu mieux soin des autres qu’on le fait en ce moment, ce serait déjà un premier pas dans la bonne direction.

En effet, ces derniers temps, avec ces crises majeures au niveau mondial, on ne dirait pas vraiment que l’humanité se dirige vers l’harmonie ou l’illumination. Comment gardes-tu espoir dans des circonstances si compliquées ?

La musique aide beaucoup. Et avec My Sleeping Karma, nous avons la chance d’avoir l’occasion de faire des concerts, de revoir beaucoup de nos amis, et je pense que ça aide. La communication est souvent la clé, dialoguer avec les autres… Je pense que c’est ce qui nous a manqué à tous ces deux dernières années. Les gens étaient isolés, chez eux, et s’y sont peu à peu habitués. Ils ne voulaient même plus voir leur famille ou leurs amis. Et j’espère que tout ça va se remettre et que les gens vont comprendre que tout est connecté, forme un flux, et qu’il faut qu’on prenne soin les uns des autres pour améliorer un peu les choses. Je ne sais pas si ça sera suffisant, mais au moins, tout le monde peut essayer. Il y a toujours de l’espoir, mais on vit une époque difficile, c’est clair.

Je ne sais pas quand vous aurez l’occasion de le faire, mais je suppose que vous avez l’intention de jouer ces nouvelles chansons en live. Comment appréhendez-vous ces performances ? On dirait que c’est là que votre musique prend vraiment son ampleur…

Pour les concerts, nous aimons bien avoir des vidéos projetées derrière nous qui donnent quelques éléments d’une histoire, quelques détails à propos de notre musique ou notre art. Selon le temps que nous avons, parce que chaque concert est différent – à certains festivals, nous pouvons jouer une heure, d’autres, seulement quarante-cinq minutes ou au contraire quatre-vingt-dix –, nous essayons de créer avec notre setlist une sorte de flux pour pouvoir délivrer le message que nous voulons délivrer. C’est évidemment plus compliqué quand nous n’avons que trente ou quarante minutes, mais ça fonctionne bien lorsque nous avons soixante, soixante-dix ou quatre-vingt-dix minutes et que nous pouvons vraiment embarquer le public dans ce voyage. Nos chansons ne sont pas les plus courtes, elles font généralement sept ou huit minutes, et nous essayons toujours de raconter une histoire, donc notre setlist est très importante. Il faut choisir des chansons qui rentrent dans le temps imparti et fonctionnent bien ensemble pour que tout soit fluide durant le concert.

Qu’est-ce qui vous attend maintenant ?

Hélas, une nouvelle pause ; comme je le disais, Steffen doit retourner à l’hôpital pour un moment à partir de demain. Donc nous devons annoncer que nous allons faire une pause, et avec un peu de chance tout se passera bien et nous pourrons faire des concerts à nouveau en 2023, pendant l’été, peut-être. D’ici là, je ne crois pas que nous aurons beaucoup l’occasion de nous voir et d’être créatifs en tant que groupe. Mais Atma est sorti, donc nous pourrons encore en parler, donner des informations sur sa création, et maintenir le groupe en vie sur les réseaux sociaux, en espérant pouvoir bientôt reprendre les concerts etc. Pour le moment, tout est mis en pause, et nos pensées vont à Steffen, dans l’espoir que sa thérapie contre le cancer se passe aussi bien que possible.

Interview réalisée par téléphone le 7 septembre 2022 par Chloé Perrin.
Retranscription & traduction : Chloé Perrin.

Site officiel de My Sleeping Karma : www.mysleepingkarma.de

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