Œuvres spoliées : « Restituons celles qui ont été prises dans la violence »

La Croix L’Hebdo : Résidente à Berlin depuis une trentaine d’années, vous nous avez donné rendez-vous dans le bâtiment de la Staatsbibliothek, la Bibliothèque d’État qui s’élève sur la place de Potsdam. Pourquoi ?

Bénédicte Savoy : La Staatsbibliothek signifie beaucoup pour les Berlinois. Elle témoigne du temps qui passe depuis la chute du Mur qui divisait la ville, de 1961 à 1989. Autrefois excentrée et plaquée contre le Mur, côté Berlin-Ouest, elle s’est retrouvée peu à peu au centre, intégrée à un quartier flambant neuf ! C’est aussi un silo de savoir qui a été construit par le grand architecte Hans Scharoun, dans une démarche exigeante et philanthropique, comme un défi au Mur, un hommage à la liberté.

L’espace intérieur, sur plusieurs niveaux, est extrêmement ouvert et fluide. Il offre d’innombrables perspectives sur les étudiants au travail, les rangées d’étagères couvertes d’ouvrages, les rampes d’escalier, et sur l’extérieur où se trouve notamment la Philharmonie… Wim Wenders a tourné ici de nombreuses scènes de son film Les Ailes du désir. C’est un espace inspirant.

Et pour vous, représente-t-il des souvenirs plus personnels ?

B. S. : J’y ai passé l’équivalent de deux ans, à la toute fin des années 1990. Je préparais ma thèse sur les spoliations d’œuvres d’art pratiquées en Allemagne par les élites politiques de la Révolution française et par Napoléon. J’étudiais donc ce sujet du côté des victimes, de ceux qui avaient été dépouillés.

Je travaillais sur la violence que constituent les désappropriations patrimoniales, sans ignorer bien sûr que l’Histoire avait continué, que le régime nazi avait systématisé les confiscations racistes des œuvres possédées par les familles juives, puis que l’Armée rouge avait confisqué à son tour de nombreuses collections en Allemagne. Cette bibliothèque chargée d’histoire, dotée de collections datant de la Prusse, donnait une densité particulière à ce que je faisais.

Votre spécialisation vous a conduit, vingt ans plus tard, à rédiger avec l’écrivain sénégalais Felwine Sarr, et à la demande d’Emmanuel Macron, un rapport recommandant la restitution du patrimoine culturel africain détenu dans les musées français. Comment en étiez-vous venue à ces sujets ?

B. S. : Par Néfertiti ! Son buste, magnifique, est exposé au Musée égyptien de Berlin. J’avais mené des recherches intensives sur cette présence si loin de sa terre d’origine, en étant toujours animée du même intérêt pour les traumatismes infligés par la captation patrimoniale.

Au XIXe siècle, l’Occident a absorbé l’Égypte ancienne dans une quête des origines qui comportait aussi une dimension biblique. Néfertiti était la femme d’Akhenaton, considéré par certains comme Moïse, « l’inventeur » des monothéismes. Ces travaux d’histoire de l’archéologie m’ont connectée à l’Afrique. Mais aussi à la période où l’Europe administrait des territoires entiers sur d’autres continents. Néfertiti est arrivée à Berlin juste avant la Première Guerre mondiale. À cette époque, la France administrait ce qui se trouvait sous terre en Égypte, l’Angleterre se chargeait de ce qui était à la surface. C’est un fonctionnaire français qui a autorisé l’exportation de Néfertiti vers Berlin.

Ces innombrables œuvres que l’on voit dans les musées occidentaux, faut-il donc toutes les restituer ?

B. S. : Il faut savoir comment elles sont arrivées dans nos musées. La question de la restitution se pose ensuite. À Berlin, depuis quelques années et pour certains types d’œuvres, un consensus s’est créé pour répondre : oui, il faut les rendre. Oui, ce qui a été pris dans une violence extrême, ce qui manque cruellement à ceux qui les réclament, il faut le rendre. Et j’ajoute : il faut le rendre dans la joie. Pas comme une punition, comme un retour en arrière, mais comme une manière de tisser une nouvelle éthique relationnelle avec les pays d’origine.

Nous profitons déjà d’un premier retour d’expérience avec la restitution par la France l’an dernier au Bénin de 26 œuvres pillées lors de la mise à sac du palais d’Abomey par les troupes coloniales du commandant Dodds en 1 892. Elles sont exposées aujourd’hui à Cotonou. Quand on voit l’effet que cela produit sur les visiteurs, sur la ville, sur le pays, on se dit que c’est bien la bonne décision qui a été prise.

Vous y étiez ? Décrivez-nous…

B. S. : C’était extraordinaire. La première étape a été l’arrivée des caisses sur le tarmac de l’aéroport à Cotonou, un chargement de 2,5 tonnes comportant notamment des trônes en bois et des objets sacrés, puis leur transfert en camion vers le palais présidentiel. Pour les sortir du camion, la manipulation était tellement précautionneuse, avec une telle lenteur, que cela m’a fait penser à un accouchement, une scène de naissance, de renaissance.

Ensuite, en février 2022, l’exposition a été inaugurée avec le choix extraordinaire de faire dialoguer des œuvres d’art contemporain avec ce patrimoine ancien. Comme une compression du temps. Les visiteurs venaient souvent en rassemblant trois générations, parents, grands-parents et petits-enfants, qui se transmettaient des clés de compréhension. Les traditions étaient comme projetées dans le futur, et réciproquement. Cela a donné une énergie incroyable à l’exposition, qui a connu un succès considérable avec 175 000 visiteurs entre le 22 février et le 22 mai.

Après une pause, elle a rouvert pendant l’été pour que les vacanciers venus de la diaspora puissent également la voir. L’événement a aussi conduit à projeter la création d’écoles d’art, d’un fond d’art contemporain.

Ces derniers mois, le Bénin attire de grands chorégraphes, comme l’immense Germaine Acogny, des galeries d’art, des industries créatives, des collectionneurs internationaux… Pour citer Marie-Cécile Zinsou, présidente de la Fondation en faveur de l’art contemporain basée à Ouidah, et présidente de la Villa Médicis à Rome : « Il y a des moments historiques dans la vie » ! Cet élan doit nous donner confiance dans le processus de restitution, dans le lâcher prise.

En faisant de telles préconisations, vous inscrivez-vous dans le courant des études postcoloniales ?

B. S. : Ce n’est pas la tradition intellectuelle d’où je viens. Mais je suis heureuse que les travaux que j’ai menés aient pu servir les représentants de cette discipline. En France, ce mot fait un peu peur. Pas dans le monde anglophone et pas en Allemagne. Les théories postcoloniales sont une manière d’écrire l’histoire qui donne la parole à d’autres points de vue que ceux des anciens colonisateurs.

Le mouvement a été amorcé par des intellectuels africains, africains-américains ou des Caraïbes au moment des indépendances. Il est aujourd’hui bien établi. Impossible de penser les musées, par exemple, sans s’interroger sur les principes d’ordre et de classement qui les structurent. C’est l’un des grands sujets discutés actuellement sur le continent africain et dans les diasporas. Chez nous, les pièces du patrimoine africain sont naturellement présentées selon la classification d’un savoir occidental. Or, celui-ci ne correspond pas à l’appréhension des sociétés d’où elles proviennent, où la notion même d’ « objet » est souvent inappropriée, les choses apparemment « inanimées » ayant une « âme », comme dirait Lamartine.

Il est temps de se poser la question de la pluralité du sens que l’on peut donner aux choses. Et de se convaincre que changer de point de vue, c’est toujours un enrichissement. Vous regardez la même chose, le monde, l’histoire commune, le globe, mais vous les voyez autrement, comme un visage que l’on voit de face ou de profil.

Côté européen, cela suscite la crainte d’être dépossédé d’une sorte d’antériorité, voire de supériorité.

B. S. : Sûrement. Mais de toute façon, soit nous lâchons prise volontairement et en accompagnant le mouvement, soit cela se fera brutalement. Certains m’ont accusée d’être dans une démarche militante, d’être activiste. Je me décris plutôt comme « factiviste », quelqu’un qui met en avant des faits historiques avérés.

Quand on dispose des listes de butin, que l’on sait combien de personnes sont tombées lors d’un assaut, combien de colliers, bracelets, amulettes ont été ramassés sur leurs corps, que ces données sont compilées dans des archives parfois très faciles à trouver, alors des faits méconnus deviennent avérés. Une fois portés à la lumière, ils parlent d’eux-mêmes. Ils agissent sur nous, les sociétés européennes, ils nous renseignent sur notre passé et provoquent des changements dans nos attitudes et dans notre législation.

C’est pour moi une immense chance et un grand privilège d’avoir pu participer à cette prise de conscience. C’est rare pour quelqu’un dont le cœur de métier est de travailler sur des archives d’avoir un effet sur l’action politique jusqu’à l’adoption d’une loi !

Vous avez toutefois été durement critiquée. On vous a accusée de vouloir détruire les musées…

B. S. : C’est ridicule. C’est une exposition sur le premier directeur du Louvre, Dominique-Vivant Denon, organisée en 1999 à Paris, qui m’a donné le goût de la recherche universitaire. Mais quand on aime les musées, on ne souhaite pas qu’ils ratent ce qui est en train de se jouer.

Les musées occidentaux ont été conçus pour rendre immortelles les œuvres d’art. Leur patrimoine a été déclaré inaliénable : une fois qu’un objet est entré dans les collections nationales, aucun roi, aucun président, aucun gouvernement, ne peut l’en faire sortir. Outre cet aspect institutionnel, toute une batterie de techniques, y compris chimiques, a été mise en place pour leur faire traverser les siècles.

Cette idée de rendre éternelles ces choses, alors que nous sommes nous-mêmes mortels, est extrêmement attachée à la conception qu’on se fait du musée en Occident. Voir le buste de Néfertiti, goûter à sa beauté et savoir que nos enfants et petits-enfants pourront l’apprécier à leur tour, c’est sûrement une des raisons pour lesquelles on aime aller au musée. Comme si la marche du temps était effacée. Cette expérience du lien avec les générations qui nous ont précédés, il y a peu d’endroits où on peut la vivre aussi intensément. Or les habitants d’Afrique en sont privés. Le Cameroun n’a presque plus rien de son patrimoine historique parce que tout est en Allemagne, premier pays à l’avoir colonisé. C’est très douloureux.

Les Européens ne sont-ils pas inquiets et désorientés par l’affirmation identitaire des Africains ?

B. S. : L’Europe a tendance à se transformer en forteresse. Elle se coupe de manière parfois radicale de personnes qui, à l’extérieur, en particulier sur le continent africain, ont des choses à dire, à échanger, à apporter, à emporter. Le mouvement de partage, de traversée, de traduction a, de tout temps, nourri les cultures et constitue l’humanité. Ce mouvement, l’Europe l’empêche ou le rend difficile avec une partie du monde, créant une grande frustration et incompréhension.

Ici à Berlin, nous avons des difficultés considérables à obtenir des visas pour nos collègues universitaires. À l’université de Lomé au Togo ou à l’université de Dschang au Cameroun, il y a des germanistes, des spécialistes de culture allemande, qui sont parmi les seuls au monde à pouvoir lire couramment l’écriture prussienne ancienne. Les freins à l’obtention de visa sont choquants et créent des blessures d’amour-propre justifiées.

Certes, il ne faut pas évacuer d’un revers de main l’inquiétude que peuvent susciter les migrations chez nos concitoyens, même si elle comporte une bonne part de subjectivité. Ce qui m’inquiète, c’est le désir de repli qui se répand à l’intérieur de nos frontières, l’idée qu’on est bien qu’entre soi. On peut en comprendre les raisons. Mais nous gagnerions collectivement, en Europe, à mieux gérer nos peurs.

Les sociétés européennes semblent travaillées par une crise démocratique. Comment l’analysez-vous ?

B. S. : Les institutions sont secouées, même si elles continuent de fonctionner. La démocratie ne bénéficie plus de l’avantage de l’évidence. Le constat s’impose que la surconsommation, la surextraction de richesses, aux dépens des autres, ne peut pas continuer. Cela provoque beaucoup d’incertitude. Comment rendre politiquement désirable le fait d’acheter moins, de conduire moins vite, de privilégier la sobriété ? Comment transformer le « moins » en plus ? Malheureusement, on n’a pas encore trouvé la formule du « moins désirable », elle n’a pas encore été assez théorisée.

Une chose est sûre : ce n’est pas à ceux qui n’ont rien de consommer moins. C’est notamment ici, en Europe, qu’il faut changer de régime. L’effort doit revenir à ceux qui ont trop.

Comment y parvenir ?

B. S. : Dans une époque comme la nôtre, il faut se donner le droit au tâtonnement, à l’innovation, le temps d’en voir les effets sur le corps social, sur nos corps individuels. Lâcher prise, c’est ouvrir les mains. Qu’est-ce qui se passe quand on garde les mains ouvertes ? On ne sait pas. Mais justement, le tâtonnement, ça peut être d’éprouver ce qui va alors se passer, de jauger avec qui et comment se reconnecter. C’est sûrement plus facile qu’avec la main crispée sur ses possessions, ses certitudes, ses peurs.

D’où vient la liberté avec laquelle vous envisagez les choses ?

B. S. : Pur instinct de survie ! (Elle rit.) De ma double culture nationale, française et allemande, peut-être. De ma double culture de la vie, surtout. J’ai toujours aimé être à cheval entre les langues, les pays, les disciplines, les classes sociales…

Vous êtes venue pour la première fois à Berlin, dans une famille d’accueil, alors que vous aviez 16 ans. Comment vous sentez-vous dans cette ville qui continue d’attirer tant de Français ?

B. S. : Malgré cette intimité durable, ce qui me décrit le mieux, c’est le sentiment d’être une immigrée, avec cette perception concrète de ne pas vivre sur mon lieu d’origine. Pour moi, il n’y a pas d’identité naturelle établie de façon définitive. L’identité change avec le temps, et à Berlin elle change même avec les saisons ! L’affection pour la ville n’est pas du tout la même en hiver, quand il fait froid et noir, que l’été, quand les lacs vous invitent à la baignade. En juillet, je suis revenue de plusieurs mois en Afrique de l’Ouest et au Cameroun. Le retour a été rude. J’ai fortement perçu cette forme d’isolement technologisé qui est une des marques de la société, ici.

La guerre en Ukraine semble aimanter l’Allemagne vers l’Est de l’Europe. Est-ce un risque pour la relation France-Allemagne ?

B. S. : De Berlin, on est à une journée de vélo de la frontière polonaise. Dans les écoles, sur une classe de trente élèves, cinq ou six parlent polonais, ou ukrainien, ou russe ! La population a une expérience biographique de ces pays très proches. L’Allemagne est vraiment connectée à la MittelEuropa. Quant à l’amitié franco-allemande, dont on parle si souvent, je me demande si ce n’est pas devenu une formule un peu creuse.

Ces derniers temps, vous passez beaucoup de temps en Afrique. Qu’y trouvez-vous ?

B. S. : D’abord, on ne peut pas parler d’Afrique comme s’il s’agissait d’un pays. C’est un continent immense, divers, et ce que j’y trouve est une minuscule goutte de connaissances et d’expériences qu’on ne peut sûrement pas généraliser. J’ai le privilège de pouvoir échanger avec des collègues qui, comme Felwine Sarr, sont de grands intellectuels, et avec des créateurs, hommes et femmes, musiciens, artistes, universitaires, directeurs et directrices de musées.

C’est comme si, après avoir vécu cinquante ans avec un seul œil, on vous ouvrait l’autre et que vous voyiez les choses en relief. J’ai en effet été à la Biennale de Dakar, qui est l’un des événements d’art contemporain les plus intéressants au monde. Je passe beaucoup de temps au Cameroun, un pays maltraité politiquement mais qui est d’une si grande richesse naturelle, linguistique, intellectuelle, spirituelle… J’ai été plusieurs fois au Bénin et j’ai passé pas mal de temps cet été au Ghana, à l’université de Legon. J’ai visité aussi dans ce pays le centre artistique d’Ibrahim Mahama, qui révolutionne la conception du musée.

À quoi cela ressemble-t-il ?

B. S. : C’est à Tamalé, presque dans le Sahel, à la croisée des routes qui, depuis l’Antiquité, traversent l’Afrique du nord au sud et d’est en ouest. C’est un complexe de bâtiments de briques d’argile rouge. L’un d’eux, qu’on appelle le Parlement des fantômes, est une sorte de pluvarium à l’antique (patio où étaient recueillies les eaux de pluie, NDLR) avec des marches sur lesquelles on peut s’asseoir et réfléchir à toute sorte de choses, notamment aux crises qui affectent notre époque. On y collectionne aussi des restes industriels du XXe siècle, comme de vieux avions de tourisme qui ont été transformés en salles de classe.

Il y a un public énorme qui va et vient, guidé par de jeunes intellectuels brillants, artistes eux-mêmes. Je n’avais jamais vu ça ! J’avais l’impression d’être à Delphes, près du nombril du monde. Je me suis sentie à la fois libre et reliée aux choses, à l’architecture, aux carcasses d’avion, aux gens, aux chèvres qui vagabondent, aux plantes, aux termitières immenses que personne ne détruit, même quand elles sont désertées, mais aussi à Kant et à Kwame Nkrumah (qui présida le Ghana de 1960 à 1966, NDLR), constamment cités ici. Il y a une connexion entre toutes ces formes d’être au monde. Tout est ensemble et se respecte. Vraiment, pouvoir évoluer en Afrique, y interagir intellectuellement, c’est un privilège total et un grand, grand cadeau.

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En aparté

Ses dates

1972 Naissance à Paris.

1996 Première à l’agrégation d’allemand.

2003 Professeure au département d’histoire de l’art de l’Université technique de Berlin.

2015 Prix du rayonnement de la langue et de la littérature françaises de l’Académie française. Entre au conseil scientifique du musée du Louvre. Membre de l’Académie des sciences de Berlin.

2016-2021 Titulaire de la chaire internationale « Histoire culturelle du patrimoine artistique en Europe, XVIIIe – XXe siècles » au Collège de France.

2018 Coautrice avec l’écrivain sénégalais Felwine Sarr du « Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain. Vers une nouvelle éthique relationnelle », remis au président de la République.

2020 Bénédicte Savoy et Felwine Sarr sont troisièmes au classement annuel des personnes les plus influentes dans le monde de l’art international établi par la revue londonienne ArtReview.

Une référence

L’académicien Pierre Rosenberg

« Cet ancien président du Louvre (de 1994 à 2001, NDLR) compte beaucoup pour moi. Pour des raisons professionnelles et pour la joie qui le porte. Il est le premier à avoir fait une exposition sur l’histoire du Louvre – une histoire de pillages, en grande partie ! Elle était consacrée à Vivant Denon, nommé par Napoléon. Je traînais dans les archives et il m’a associée aux préparatifs. C’était en 1996 et c’est ce qui m’a donné envie de me lancer dans la recherche universitaire. »

Une statue

Le lanceur de stylo

« En ce moment, je regarde souvent la photo d’une statue que j’ai prise près de l’université d’Abomey-Calavi à Cotonou (Bénin). Elle représente un lanceur de javelot, immense, qui lance en fait un stylo-bille et tient dans son autre main la flamme des Lumières. Le Bénin a été une république socialiste dans les années 1970-1980, ce qui a inspiré l’esthétique de nombreuses sculptures. Celle-ci m’impressionne et j’aime bien ce qu’elle raconte. »

Une ambiance

Le métro de Berlin

« Berlin est une ville aimable, même si les contacts peuvent être rugueux. Elle est aussi gentille et sûre pour les enfants, qui sont, du coup, rapidement autonomes. On les voit très tôt, à 12-13 ans, dans le métro, voyageant tous seuls. Quand mes deux filles avaient cet âge et que nous venions en France, elles ne comprenaient pas pourquoi c’était impossible dans le métro parisien. »

Œuvres spoliées : « Restituons celles qui ont été prises dans la violence »