Voici notre sélection des 10 meilleurs films de 2022

©Warner

Voilà sans aucun doute le film le plus romantique de l’année 2022… Le plus romantique et le plus gore! Cinq ans après l’iconique (et déjà tellement romantique) Call Me by Your Name, l’Italien Luca Guadagnino retrouve la jeune star franco-américaine Thimothée Chalamet, en jeune marginal amoureux d’une jeune fille abandonnée sur son père (Taylor Russel). Petite particularité, les deux tourtereaux sont… cannibales et parcourent les routes des États-Unis du début des années 1980 à la recherche de chair fraîche, traqués par un étrange personnage (campé par un génial Mark Rylance).

Adaptant le roman de Camille DeAngelis, le cinéaste italien signe une sublime romance adolescence (avec tous les thèmes associés, à commencer par le sentiment d’appartenance et de différence), mais aussi un bel hommage au cinéma hollywoodien des années 1970 et 1980. Grand film dépassant le genre pour se faire universel, Bones and All a permis à Guadagnino de remporter le prix de la mise en scène lors de la 79e Mostra de Venise. H.H.

À lire: notre critique de “Bones and All”

Close

Grand Prix du jury à Cannes en 2022, "Close" est le deuxième long métrage de Lukas Dhont, avec Eden Dambrine, Gustav de Waele, Émilie Dequenne et Léa Drucker.
©Kris Dewitte

C’est clairement le film belge de l’année! Quatre ans après avoir enflammé la Croisette avec son premier film Girl (qui lui avait valu la prestigieuse Caméra d’or), Lukas Dhont a marqué le 75e Festival de Cannes avec Close. Jusqu’au bout, on a d’ailleurs cru que le jeune cinéaste flamand de 31 ans empocherait la Palme d’or (finalement décernée au très cynique Sans filtre de Ruben Östlund). Il a obtenu le Grand Prix du jury, à l’issue d’une édition cannoise exceptionnelle pour le cinéma belge, avec trois films en Compétition et trois prix, puisque les frères Dardenne décrochaient, eux, le prix du 75e anniversaire pour le très fort Tori et Lokita et que les Flamands Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch s’en revenaient avec le prix du jury pour l’envoûtant Les Huit montagnes, d’après Paolo Cognetti.

Poursuivant dans la lignée de Girl, Dhont signe avec Close un nouveau drame puissant sur l’enfance, explorant une amitié amoureuse entre deux jeunes garçons, campés par deux brillants jeunes comédiens: Eden Dambrine et Gustav de Waele, face à Léa Drucker et une merveilleuse Émilie Dequenne.

Et la magie continue pour Lukas Dhont qui, après avoir attiré plus de 200000 spectateurs en salles en Belgique (et à peu près la même chose en France), est retenu dans la shortlist pour l’Oscar du meilleur film étranger. H.H.

À lire: notre critique de “Close”À lire: notre entretien avec Émilie DequenneÀ lire: notre entretien avec Lukas Dhont

En Corps

"En corps" de Cédric Klapisch.
©Cinéart

Découvrant la trahison de son compagnon avant de monter sur scène, Élise, perturbée et meurtrie, chute durant l’une de ses variations. La douleur physique masque mal le désarroi émotionnel de la danseuse et l’impression que son quotidien part en lambeaux. Forcée au repos alors qu’elle était en pleine ascension, Elise tente de réinventer son avenir en découvrant une autre façon de s’exprimer avec son corps.

Marion Barbeau, première danseuse à l’Opéra, réussit avec une grâce et une énergie inégalables son passage sur grand écran. Confrontée au chorégraphe Hofesh Shechter, dans son propre rôle, la danseuse classique découvre une nouvelle force, un nouvel équilibre. Passionné de danse, le réalisateur Cédric Klapisch n’en est pas à sa première création en coulisses. Avec En Corps, il signe une formidable ode au dépassement de soi et à la reconstruction, en filmant les variations de cet art assorti d’une discipline exigeante. Emporté par l’élan d’Élise, le film découvre un nouveau tempo contemporain. Grisant. KT

  • Disponible à l’achat et la location sur Sooner

À lire: notre entretien avec Cédric KlapischÀ lire: notre critique du film “En Corps”

Drive My Car

"Drive My Car"
©September

2022 aura vu l’émergence de Ryusuke Hamaguchi, qui aura illuminé le début d’année avec pas moins de deux films: les très rohmériens Contes du hasard et autres fantaisies et le fabuleux Drive My Car, qui avait obtenu le prix du scénario du 74e Festival de Cannes en juillet 2021, avant de décrocher l’Oscar du meilleur film étranger.

Adaptant une nouvelle du grand Haruki Murakami, le jeune cinéaste japonais tisse patiemment la relation qui unit un metteur en scène veuf (Hidetoshi Nishijima) et la jeune chauffeuse mutique de sa vieille Saab rouge (Toko Miura) mise à sa disposition par le Festival de théâtre d’Hiroshima, où il monte Oncle Vania de Tchekhov avec une troupe réunissant comédiens japonais, chinois, philippin ou sourd-muet… De façon très sensuelle, le cinéaste met en scène l’incommunicabilité et l’amour du théâtre, dans un très grand film qui place Hamaguchi parmi les grands auteurs contemporains. H.H.

  • Disponible à l’achat et la location sur Sooner, AppleTV et Google Play et en streaming sur BeTV Go.

À lire: notre critique du film “Drive My Car”À lire: notre entretien avec Ryusuke Hamaguchi

L’Événement

L'événement
L’événement ©September

Lion d’or à Venise en septembre 2021, L’Événement a ensuite décroché trois César: meilleur film, meilleur scénario adapté et meilleure réalisation pour Audrey Diwan. Laquelle signe une adaptation parfaite du récit autobiographique d’Annie Ernaux (récompensée du Prix Nobel de littérature début octobre), où l’autrice féministe racontait son avortement clandestin en 1963.

Déplaçant l’action à Angoulême, Diwan met en scène Anne (merveilleuse Anamaria Vartolomei), une brillante étudiante en Lettres qui, dans la France des années 1960, se retrouve enceinte et cherche à avorter pour pouvoir continuer ses études. Loin du film historique, L’Événement, construit comme un compte à rebours, est un thriller intense, qui prend littéralement aux tripes. Un film malheureusement plus d’actualité que jamais, à l’heure où la législation sur l’avortement recule, des États-Unis à la Pologne.

Le combat pour la légalisation de l’avortement était d’ailleurs traité également cette année dans Call Jane de Phyllis Nagy et sera au centre d’Annie Colère de Blandine Lenoir, avec Laure Calamy (en salles dès le 11 janvier). H.H.

  • Disponible à l’achat et la location sur Sooner, AppleTV et Google Play et en streaming sur BeTV Go.

À lire: notre critique de “L’Événement”À lire: notre entretien avec Audrey Diwan

Haut et Fort

Haut et fort
©Cinéart

Avec Haut et fort (Casablanca Beats), son 7e long métrage, Nabil Ayouch signe un formidable film sur la jeunesse au Maroc. La recette, en apparence toute simple, est celle de la rencontre entre un casting électrique et un sujet crucial : la liberté d’expression. Le film s’inscrit dans les pas d’Anas Basbousi, ancien rappeur venu proposer ses services pour initier à son art les jeunes du quartier pauvre de Sidi Moumen, à Casablanca. L’occasion pour eux de découvrir la culture hip-hop, encore très mal vue au Maroc. Haut et fort retrace le travail de l’artiste, que Nabil Ayouch a observé pendant un an avant de se lancer dans ce film.

Très rapidement, les jeunes se prennent au jeu. À travers leurs textes évoquant leur quotidien et leurs difficultés, mais aussi des sujets plus délicats comme la politique ou la religion, ces jeunes Marocains et Marocaines partagent leurs craintes et leurs espoirs pour demain. Une façon de se libérer du carcan d’une société où la liberté d’expression reste souvent sujette à caution. KT

  • Disponible à l’achat et la location sur Sooner, AppleTV et Google Play et en streaming sur BeTV Go.

À lire: notre critique de “Haut et fort”À lire: notre entretien avec Nabil Ayouch

Licorice Pizza

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©Sony

L’année 2022 a très bien débuté avec cette délicieuse “pizza à la réglisse” de Paul Thomas Anderson au parfum de madeleine proustienne. Gary Valentine, lycéen et enfant acteur star d’une série à succès, invite au culot Alana Kane à dîner. Il a 15 ans, elle 25 et un sacré caractère. Mais tous deux ont en commun un désir d’autonomie et d’indépendance. Gary se rêve entrepreneur et Alana veut s’émanciper d’une famille juive traditionnelle. Alana s’attache à son cadet et s’associe à son projet de vente des matelas à eau.

Un garçon et une fille se plaisent vaguement, se tournent autour, on a déjà vu ça. Mais, s’inspirant de sa jeunesse, Paul Thomas Anderson (Magnolia, There Will Be Blood) revisite cela et le Los Angeles des Seventies avec joie, allégresse, délicatesse. Il a trouvé en Cooper Hoffman (fils de Philip Seymour, dont il a hérité du talent) et Alana Haim (chanteuse de son état, dont la famille joue la famille) deux vecteurs irrésistiblement attachants et séduisants, loin de tout glamour superficiel. A.Lo.

  • Disponible à l’achat et la location sur AppleTV, Google Play et Rakuten TV et en streaming sur Prime Video.

À lire : Notre critique de “Licorice Pizza”

Nobody Has to Know

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©O’Brother

Bouli Lanners sera sorti de sa zone de confort cinématographique avec Nobody Has to Know (L’Ombre d’un mensonge en français). Il est parti tourner un beau drame et une non moins belle histoire d’amour sur l’île écossaise de Lewis, qu’il arpente depuis plusieurs années avec sa compagne. Il y incarne Phil, un Belge exilé là-bas depuis plusieurs années. Victime d’un AVC, dont il réchappe de justesse, il a tout oublié de sa vie récente. Au point de ne pas reconnaître Millie (Michelle Fairley), la fille de son employeur, qui s’obstine à revenir dans son giron.

Thriller psychologique hanté par la mort et la spiritualité, ce film marque un basculement dans ce qu’il convient désormais d’appeler une oeuvre. L’ancien étudiant des Beaux-Arts de Liège y retrouve la verve visuelle, empreinte de pictural, qui avait marqué Ultranova, son premier long métrage. Un vrai film de cinéma. Comprenez : à voir religieusement sur grand écran, dans une salle obscure. À défaut, il est disponible sur la plateforme Sooner, ainsi que d’autres films du réalisateur. A.Lo.

  • Disponible à l’achat et la location sur Sooner, AppleTV et Google Play et en streaming sur BeTV Go.

À lire: notre critique de “Nobody Has to Know”À lire : Notre rencontre avec Bouli Lanners

Le Petit Nicolas: Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux?

Voici notre sélection des 10 meilleurs films de 2022
©Onyx Films – Bidibul Productions – Rectangle Produ

On ne compte plus les films d’animation sortis sur les écrans. Il n’en a pas manqué de beaux, joyeux et délicats en 2022, surtout de ce côté-ci de l’Atlantique (mentionnons, parmi les plus récents, nos coups de coeurs Yuku et la fleur de l’Himalaya et Ernest et Célestine : le voyage en Charabie, encore à découvrir dans certaines salles). Mais l’émotion a transcendé d’un bout à l’autre Le Petit Nicolas, d’autant plus émouvant qu’il est sorti peu de temps après la disparition du père graphique du facétieux écolier, Sempé.

Écrit par Anne Goscinny, la fille de René, l’autre père de Nicolas, le film respecte l’esprit et le graphisme des auteurs mais est, aussi, un vibrant hommage au parcours de ceux-ci. Les réalisateurs, Amandine Fredon et Benjamin Massoubre, en ont respecté l’intégrité jusqu’à s’abstenir de toute mise à jour du matériau d’origine. Derrière la (fausse) nostalgie d’une enfance idéalisée, c’est aussi l’histoire de deux enfances volées compensées par la création de Nicolas. A.Lo.

À lire: notre critique du “Petit Nicolas”À lire : Entretien avec Benjamin Massoubre

Saint Omer

 Laurence (Guslagie Malanda) est accusée d’infanticide. Un acte qui pose une infinité de questions.
Laurence (Guslagie Malanda) est accusée d’infanticide. Un acte qui pose une infinité de questions. ©SRAB FILMS ARTE FRANCE CINÉMA  

Dans Saint Omer, Alice Diop (Nous, Vers la tendresse) s’est inspirée du procès de Fabienne Kabou, jeune femme sénégalaise qui a abandonné sa fille de 15 mois sur la plage de Berck, la laissant happer par les flots glacés. Un infanticide qui avait défrayé la chronique en France à l’époque. À travers le geste de cette mère désespérée et le regard que porte une jeune écrivaine sur son procès, la cinéaste interroge notre perception de la maternité. Tant Guslagie Malanda, dans le rôle de la mère accusée, que Kayije Kagame, dans celui de l’autrice résolue à suivre son procès, brillent dans ce thriller psychologique au propos âpre et tranchant et à la bande-son percutante. Un film qui saisit son public et remue profondément les spectateurs.

Remarquée pour son rôle dans Mon amie Victoria, Malanda livre une prestation dense et habitée face à Kagame (vue dans la série H24), troublée et fantomatique. Doublement distingué à Venise (dont le grand prix), sacré Prix Jean Vigo et Prix Louis Delluc, grand prix à Gand, le film d’Alice Diop est par ailleurs sélectionné parmi les 15 candidats encore en lice pour décrocher l’Oscar du meilleur film étranger. KT

À lire: notre entretien avec Alice DiopÀ lire: notre critique du film “Saint Omer”

Voici notre sélection des 10 meilleurs films de 2022