Saintes : ça va se passer à l’Abbaye aux dames en 2023

Musicaventure a été lancée en 2016 avec plusieurs étapes programmées dont le Carrousel en 2017. Une affluence de 70 000 visiteurs était prévue. 2023, c’est l’année de lancement du 4e parcours. Où en est-on ?

« Je n’étais pas là mais je vais refaire un peu le parcours. En 2014, année où le projet Musicaventure a été évoqué, il y avait un parcours qui existait déjà avec des audioguides, quelque chose de très habituel et l’Abbaye aux dames enregistrait un visitorat de l’ordre de 6 000 entrées. L’objectif avec Musicaventure était de faire plus de liens entre l’activité artistique et le patrimoine du lieu. Après la mise en œuvre du premier module, Les Voyages sonores, on est passé de 6 000 à 12 000 visiteurs. Puis, le deuxième module, plus méditatif, les Siestes, qui consiste à écouter des concerts enregistrés ici sur chaises longues. Il a trouvé un second souffle depuis deux ans. On invite les publics à venir se reposer ici mais ces siestes s’exportent. L’an dernier, nous sommes allés dans des communes de l’Agglomération, dans des entreprises… Il rencontre un franc succès avec plus d’une trentaine d’itinérances programmées par l’équipe. »

« Le troisième module, le Carrousel. Au-delà de sa fonction, il fait parler de lui. Aujourd’hui, l’Abbaye aux dames est connue pour deux choses : le festival et le Carrousel. C’est un outil de rayonnement. Puisqu’on est passé de 12 000 à 25 000 en 2019, et 22 000 en 2020. Ce qui est plutôt positif en cette période de pandémie. C’est un manège familial qui permet de s’exercer à la pratique musicale collective, de faire tomber les barrières sur la pratique instrumentale, de façon assez ludique. Les ambitions initiales ne sont pas atteintes. Mais je ne compte pas les visites extérieures. Il est fréquent de voir des cars, des visites de guides conférenciers. On peut se dire que le site est un lieu d’attractivité pour d’autres acteurs du tourisme. Les arènes attirent environ 40 000 personnes par an. J’estime que l’abbaye et les arènes sont deux éléments d’attractivité majeurs pour la ville de Saintes. »

Et il y a donc ce nouveau module lancé cette année inspiré du géocaching…

« Le 8 avril prochain, nous inaugurerons le 4e module, baptisé « Odyssée ». Cette fois-ci, nous proposerons au public de venir jouer à l’abbaye en équipes, permettant de découvrir l’abbaye mais aussi la cité. En effet, on va proposer un jeu d’aventures urbaines, à cheval entre la rive droite et la rive gauche. On va partir de l’abbaye pour aller au jardin Martineau, à la cathédrale, vers le cloître, dans les venelles de la ville, place Bassompierre… Tout ça en équipes. Les joueurs vont pouvoir à la fois découvrir la ville mais aussi retrouver le bestiaire roman et les sons qu’ils ont emportés avec eux, suite à la colère du Basilik, enfermé dans notre carrousel, qui a dispersé tous ces monstres dans la ville. Le public est invité à les retrouver, récupérer les sons sur une tablette puis revenir à l’abbaye au bout de deux heures d’aventure. Il faudra ensuite s’enfermer trente minutes dans un studio d’enregistrement simplifié pour inventer sa propre mélodie. Ce sera aussi possible chez soi puisque l’aventure pourra se poursuivre sur les ordinateurs personnels des joueurs. Ce module est un outil de valorisation de Saintes puisqu’on n’est pas seulement centré sur l’abbaye. C’est une bonne façon de sensibiliser le visitorat aux richesses de la ville. »

Cette quatrième partie fait donc partie du plan d’investissement 2020-2023…

« Oui, il est financé en grande partie par l’État, le Département, la Ville, le fonds Feader… Le budget pour ce nouveau module s’élève à un peu plus de 400 000 euros. L’Abboutique va également connaître de nouveaux aménagements pour créer un « hub » pour le départ de tous les parcours Musicaventure. Et sur les deux années suivantes, nous allons revoir de fond en comble cette boutique, qui a une quinzaine d’années, pour laquelle on souhaiterait un peu réactualiser les codes. Et puis, le studio de création musicale, qui sera très didactique afin qu’un enfant de 6 ans comme une personne de l’ancienne génération puisse l’utiliser. Voilà c’est une belle aventure dans sa création puisqu’elle comprend une compositrice, des musiciens professionnels, des concepteurs graphiques, des programmeurs, des animateurs 3D… »

Comment Odyssée a-t-il été conçu ?

« Ça a été une démarche très participative et très démocratique puisque nous avons créé un comité de pilotage. Il est constitué de la société à qui on a confié le projet, à la suite d’un appel d’offres, les différents financeurs et partenaires. Mais aussi un certain nombre de personnes qualifiées comme l’assistance à maîtrise d’ouvrage, qui vont vérifier la conformité du produit. Enfin, les équipes de l’abbaye, administrateurs comme professionnels. Il y avait cette volonté de sortir des murs. Et ce n’est pas fini. »

Y aura-t-il un nouveau module ?

« Ce ne sera pas l’ultime. On commence à réfléchir, de façon assez informelle, à l’après. C’est normal. »

Quelles sont les prévisions d’affluence pour Odyssée ?

« Dans une prévision qu’on a voulue réaliste voire sensiblement pessimiste, on espère vendre 10 000 parties, à 60 euros la partie. Elles se jouent de 2 à 6 personnes. L’objectif est que les gens, en famille, entre potes, collègues viennent s’amuser avec nous à ce jeu. Et ce, tout au long de l’année ou presque, sauf en janvier où c’est calme. Si on y parvient, c’est de l’ordre de 60 000 visiteurs en plus mais on compte en parties. »

Festival de Saintes : la nouvelle direction artistique

Avec le départ de Stefan Maciejewski en tant que directeur artistique du Festival de musique de Saintes, vous avez opté pour une nouvelle formule où le directeur artistique changera tous les deux ans. Comment se passe la préparation ?

« Hervé Niquet va ouvrir le bal pour les éditions 2023 et 2024. Il a un cahier des charges avec cet esprit de découvreur, de folie et en même temps avoir cette attention à des grands maîtres comme Bach, Brahms et autres. »

Ce n’est pas une carte blanche totale…

« Ce qui est normal. En fait, il y a un cadre. On est toujours sur huit jours, avec un rythme plus apaisé pour les festivaliers. On va respecter les heures de repas. Pour ceux qui sont les plus fous de musique, c’est un temps de Carême. Il y aura un rythme vraiment différent, avec le même nombre de concerts, voire un peu plus. On va renouveler le concert de clôture dans les jardins. Ce n’est pas une tradition de faire des concerts en plein air à l’abbaye, ni de faire les valses de Strauss, ni d’accueillir plus de 1 000 personnes dans une salle de spectacle. Cette ambiance m’a plu. »

Comment se fait le choix des artistes pour cette édition 2023 ? Hervé Niquet propose et un comité artistique valide ?

« Non, on a confié la direction à Hervé Niquet, qui a eu une très belle carrière internationale. Ce n’est pas pour lui dire ensuite, il faudrait que tu prennes ça, ça c’est pas très bon, etc. Nous, à l’Abbaye, on a une responsabilité avec un budget à respecter. On ne peut pas se permettre toutes les aventures les plus folles. C’est la clé des choses. Mais avec Hervé Niquet, on travaille quasiment quotidiennement. Je peux émettre des réserves mais c’est lui qui a le mot. Courant décembre, il est venu présenter ses propositions au comité artistique, qui n’est pas là pour valider. J’étais en visio mais je crois que l’ambiance était plutôt enthousiaste. On sait déjà qu’il y aura le retour de William Christie et des Arts florissants, d’Hervé Niquet avec le concert spirituel, la présence de Philippe Herreweghe. Il y a matière à passer huit jours exaltants et plein de surprises. Il nous a fait un programme très sérieux, très grave et puis à d’autres moments totalement explosifs, parfois même iconoclastes. »

En cette fin d’année, la programmation est-elle bouclée ?

« On est sur des ajustements. La programmation sera présentée lundi 13 mars, en présence d’Hervé Niquet. »

En 2022, avec les travaux de restauration de l’abbatiale, le festival s’était plus exporté, au Silo notamment. Allez-vous continuer en 2023 ou resterez-vous seulement à l’abbaye ?

« Les deux ! On a eu l’assurance par la Ville que la mise en sécurité du bâti serait réalisée au moment du festival et qu’on pourrait utiliser l’abbatiale. On n’abandonnera pas les autres lieux de l’abbaye : l’auditorium, les jardins. Ça va nous permettre aussi de recréer cet espace de convivialité qui a tant manqué aux festivaliers avec la voile ! Sinon, on va continuer d’aller à l’extérieur, dans moins de lieux cependant. On ira à la cathédrale, sur les deux rives. On a eu confirmation pour occuper la salle de l’Étoile où il y aura plusieurs concerts. On renouvelle le partenariat avec Réseau Buss. »

Nouveauté : six résidences autour de la voix

Les Kapsber’girls effectuent la première des six résidences artistiques autour de la voix, lancées cette année à l’Abbaye aux dames.

« C’est un projet que nous avons lancé à la suite d’un appel à candidature au printemps dernier, autour de résidences de création. On s’est dit qu’il fallait qu’on soutienne les artistes créateurs, sur une thématique qui est la voix. Dans toutes ses dimensions. On a reçu 43 candidatures d’ensembles français et européens avec un spectre très large… Pour six places. Le choix a été difficile. On a retenu six projets. Elles sont dotées et assorties systématiquement d’une sortie de résidence. Ça va démarrer ce mois de janvier (avec les Kapsber’girls, 13 janvier, à 18 h 30, à l’auditorium, gratuit, NDLR) Il y en aura quatre au premier semestre 2023, deux au cours du second. Pareil en 2024, sur la même thématique, avec l’idée d’inscrire ce projet dans le temps. Ces résidences ont reçu le soutien de la fondation Orange, ce qui est aussi un symbole de la qualité du travail engagé. »

Le point sur la saison culturelle et les retours de Musik maestro, Préludes…

Samedi 13 mai, Musik maestro reviendra pour la Fête de l’abbaye. Les musiciens, débutants comme confirmés, pourront librement se produire sur différentes scènes.

Comment se déroule la saison culturelle autour des claviers lancée en septembre dernier ?

« On est plutôt satisfaits puisque, aujourd’hui, on est à près de 300 spectateurs à chaque concert, ce qui, je crois, de mémoire d’équipe, n’était jamais arrivé en saison. Des personnalités sont venues se produire : Anne Queffélec, Abdel Rahman El Bacha ou encore Philippe Cassard et Cédric Pescia, plus récemment. »

« Rien n’est jamais acquis mais pour l’instant, ça répond à une attente des publics. Ils ne sont pas que Saintais, on a aussi des Royannais, des Cognaçais… Il y en aura sept jusqu’au mois d’avril, qui viennent s’ajouter aux concerts du Jeune Orchestre de l’Abbaye (JOA). »

Qu’en est-il de Préludes ou Musik maestro initiés en 2022 ?

« Préludes est reconduit, on va continuer d’aller dans des communes de l’Agglomération de Saintes avec des jeunes musiciens pour donner des œuvres. L’an dernier, on avait en moyenne pas loin de 150 spectateurs. C’était drôle, on était dans un pré, au bord de l’eau, sur un terrain de foot, à côté d’une église. Il y avait cette dimension totalement décomplexée de la musique classique. Chacun s’appropriait à sa façon ce moment de musique : des enfants qui jouaient au foot, du public assis dans l’herbe sur des couvertures en train de siroter un jus de fruit ou autre… C’était vraiment un beau symbole de ce qu’on a envie de faire. C’est-à-dire de rester dans une exigence forte en termes artistiques et, en même, la rendre accessible à tous. En juin prochain, nous aurons neuf concerts, les sept prévus normalement et les deux autres que nous avons dû reporter à cause des fortes chaleurs.

Musik maestro reviendra samedi 13 mai. Ça a été un pari assez réussi, l’an dernier. Pourquoi ne pas donner les clés de l’abbaye aux musiciens. De 17 heures à 23 h 30, ça a joué tout le temps, tout le temps ! Il n’y a pas un endroit où il y a eu dix minutes de silence. »

Du changement au sein du navire

Élodie Douillard, la nouvelle responsable de la communication à l’Abbaye aux dames, a pris son poste en septembre.

Enfin, au niveau de l’organisation au sein de l’Abbaye aux Dames, quelle conséquence a eu le départ de la secrétaire générale, Marjorie Jalladot, l’été dernier ?

Saintes : ça va se passer à l’Abbaye aux dames en 2023