Sacheen Littlefeather accepte les excuses de l’Académie des Oscars

La militante amérindienne Sacheen Littlefeather était montée sur scène à la demande de Marlon Brando pour parler des Amérindiens et avait été huée.

Sacheen Littlefeather, la militante amérindienne des droits civiques qui a refusé l’Oscar du meilleur acteur de Marlon Brando en 1973, a évoqué cette fameuse nuit et les récentes excuses de l’Academy of the Motion Picture Arts and Sciences pour la façon dont elle a été traitée lors d’un événement en son honneur ce week-end.

Le discours de Littlefeather a occupé une place importante dans l’histoire des Oscars : après que Brando a remporté le prix du meilleur acteur pour son rôle dans Le Parrain, Littlefeather est montée sur scène et, à la demande de Brando, a refusé de recevoir le prix. Elle a parlé des stéréotypes des Amérindiens au cinéma et à la télévision, ainsi que de la manifestation de Wounded Knee dans le Dakota du Sud. Le discours de Littlefeather a été accueilli par des huées : elle a été menacée d’arrestation et a affirmé plus tard que John Wayne avait essayé de l’« agresser physiquement ».

Près de 50 ans plus tard, l’Académie a présenté des excuses officielles à Littlefeather dans une déclaration privée en juin. Ces excuses ont été annoncées publiquement en août et, au cours du week-end, l’Académie a organisé un événement en son honneur, « Une soirée avec Sacheen Littlefeather ».

Lors d’une conversation avec Bird Runningwater, membre de l’Académie, Sacheen Littlefeather s’est souvenue de la soirée avec autant de gravité que d’humour. Elle a plaisanté sur le fait qu’elle avait vu certains de ses acteurs préférés dans la foule, comme Lee Bowman et Roger Moore, et a noté que son discours de non-acceptation avait duré « moins de 60 secondes ». Mais elle a également évoqué l’agitation qui régnait derrière la scène, dont elle a appris plus tard qu’il s’agissait de six agents de sécurité retenant un Wayne furieux.

« C’est l’acte le plus violent qui ait jamais eu lieu à la cérémonie des Oscars », a déclaré Littlefeather, ajoutant qu’en marchant dans les coulisses, elle a entendu des gens se moquer des chants amérindiens et en a vu d’autres faire le coup du tomahawk. « J’ai juste continué à marcher, dans la dignité, vers les quatre différentes salles de presse où je suis allée. Et puis, après ça, j’ai gardé la tête haute, et je suis partie avec une voiture qui m’attendait. »

Après que Runningwater a fait remarquer que Littlefeather avait prononcé l’un des premiers, sinon le premier, discours politique aux Oscars, elle a déclaré : « Je ne me représentais pas moi-même, je représentais toutes les voix autochtones. Tous les peuples indigènes. Parce que nous n’avons jamais été entendus de cette façon auparavant. »

Parallèlement à sa conversation avec Runningwater, Littlefeather a partagé un court discours en réponse aux excuses de l’Académie. Parlant des défis auxquels elle et d’autres peuples autochtones étaient confrontés dans une « société impraticable qui a délibérément entrepris d’effacer l’existence et la diversité des peuples autochtones par le biais du génocide et de l’oppression », Littlefeather a déclaré qu’elle avait accepté la demande de Brando en sachant « l’impact et l’importance de représenter tous les peuples autochtones cette nuit-là ».

Elle a ajouté : « Je suis ici pour accepter ces excuses, non pas pour moi seule, mais en guise de reconnaissance, sachant que ce n’était pas seulement pour moi, mais pour toutes nos nations, qui ont également besoin d’entendre et méritent ces excuses ce soir. » Après avoir demandé à tous les autochtones présents dans le public de se lever, Littlefeather a poursuivi : « Soyez fiers que nous soyons des survivants – nous tous. S’il vous plaît, quand je ne serai plus là, rappelez-vous toujours que chaque fois que vous défendrez votre vérité, vous garderez votre voix et les voix de nos nations et de nos peuples en vie ».

 

Jon Blistein

Traduit par la rédaction

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