Fall, Mission : Impossible… 10 films qui donnent le vertige

Le très flippant Fall exploite une peur fondamentale et paradoxalement plutôt rare au cinéma : la peur du vide. À l’occasion de sa sortie, retour sur 10 films qui donnent le vertige.

Fall est désormais disponible en Blu-ray, DVD et VOD. Le survival réalisé par Scott Mann raconte l’ascension d’une tour de télécommunication de 600 mètres, ascension qui ne va évidemment pas se passer comme prévu. Un postulat assez génial, qui autorise évidemment moult contre-plongées vertigineuses et angles vicieux. Pour les acrophobes (les phobiques du vide), c’est une torture. Pour les acrophobes en quête de sensations sans décoller du canapé, c’est une délicieuse torture.

Fall nous rappelle donc à quel point la mise en scène du vide peut être terrifiante au cinéma. Pourtant, bien que de nombreux divertissements usent à bon escient des falaises escarpées et autres ponts suspendus, peu sont les longs-métrages à se consacrer sinon intégralement, au moins soigneusement à ce type de suspense. L’équipe d’Ecran Large s’est donc dévouée pour affronter ses angoisses et sélectionner, les mains moites, dix films qui donnent envie de détester la gravité.

 

Jusqu’ici tout va bien

 

VERTICAL LIMIT

Sortie : 2000 – Durée : 2h04

 

Vertical Limit : photo, Robin TunneyLeçon : comment donner les mains moites en 2 minutes de film

 

Il y a des films qui, tout en étant sympathiques dans l’ensemble, se démarquent par une scène spécifique. Dans le cas de Vertical Limit, sa grande force (mais aussi sa faiblesse), c’est qu’il démarre sur les chapeaux de roue, et synthétise toutes nos peurs liées à l’escalade en quelques minutes. Avec sa séquence introductive magistrale, qui sert de trauma à ses personnages, Martin Campbell (Le Masque de Zorro, Casino Royale) amorce l’ambiance purement vertigineuse de son rollercoaster.

Alors qu’ils font de la grimpe en famille, les deux héros du récit (qui sont frère et soeur) se retrouvent pris malgré eux dans une descente aux enfers littérale. Un personnage lâche sa prise, et entraîne dans sa chute tous les autres grimpeurs qui étaient reliés à lui. Avec une efficacité redoutable, le découpage de Campbell joue de chaque coupe pour créer des à-coups, alors que les sécurités se détachent de la falaise au fur et à mesure. On ressent toute la violence des cordes tendues, et le cinéaste s’amuse à bien construire la profondeur des plans pour nous donner le vertige, et nous ramener à l’immuabilité de la gravité.

Ce set-up trouve d’ailleurs de bien beaux pay-off sur le reste du film, où l’ascension du K2 entamée par les protagonistes (dont un Bill Paxton joyeusement détestable) provoque son lot de belles suées, surtout quand on pense à la conclusion funeste de son point de départ.

 

THE WALK

Sortie : 2015 – Durée : 2h03

 

The Walk - Rêver plus haut : Photo Joseph Gordon-LevittFacile

 

Si Robert Zemeckis a été l’un des plus grands pionniers de la 3D pré et post-Avatar, le concept même de The Walk était taillé pour la technologie du relief. Idée à la fois géniale et démoniaque pour ceux qui ont peur du vide, le film raconte la véritable prouesse du funambule français Philippe Petit, qui s’est amusé en 1974 à faire une traversée entre le sommet des deux tours du World Trade Center.

Au-delà de son travail sur les images de synthèse assez sidérant (qui rend un hommage touchant et mélancolique au fantôme des Twin Towers), The Walk est une oeuvre fascinante sur le poids des rêves et leur matérialisation. Zemeckis tire de cette expérience une jolie poésie, un appel à l’élévation physique et spirituelle qui se métaphorise par la taille imposante des tours. D’abord limité à rester cloué au sol avant de s’infiltrer dans le World Trade Center (ce plan magnifique où le personnage pose sa tête sur l’arête du bâtiment), Philippe Petit accapare les airs, et fait de son acte un moment suspendu dans le temps absolument sublime.

Bien entendu, Zemeckis sait construire son film autour de son final attendu, et en fait un morceau de bravoure dont la mise en scène nous embarque avec le personnage dans sa performance insensée. C’est aussi impressionnant qu’absolument terrifiant à regarder… surtout en 3D.

 

MISSION IMPOSSIBLE 4

Sortie : 2011 – Durée : 2h13

 

Mission : Impossible - Protocole Fantôme : photo, Tom CruiseJusque là, tout va bien

 

Tout être humain avec un minimum d’instinct de survie a eu les mains moites (et pas que) devant cette incroyable scène de Mission : Impossible – Protocole Fantôme où super-Tom Cruise se lance à l’assaut du Burj Khalifa. Deux raisons à ça : la scène est effroyablement efficace, et illustre à merveille le cauchemar ultime du vertige ; et Tom Cruise a réellement escaladé la tour de Dubaï qui mesure plus de 800 mètres, pour les besoins de la scène (et de son ego).

Des parois-miroirs qui renforcent le sentiment de grand vertige, à la cruauté irrésistible des foutus gants qui déconnent en pleine ascension, la scène est un modèle du genre. Elle représente même la quintessence de la saga : une idée simple (accéder à une salle de serveur en passant par l’extérieur), des cascades folles, des sensations fortes, et une tension parfaite. Tournée en IMAX quasiment entièrement sur place, elle symbolise aussi toute l’ambition hallucinante de la franchise, qui a gentiment réinventé la scène d’action hollywoodienne.

Autres moments dans la saga Mission : Impossible déconseillés aux gens sujets au vertige : Tom Cruise qui glisse sur un toit de Shanghai dans M:I 3, le décollage de l’avion au début de Rogue Nation ou le saut HALO dans Fallout.

 

LA TOUR INFERNALE

Sortie : 1974 – Durée : 2h45

 

La Tour infernale : photoAscenseur pour l’échafaud

 

C’est le film catastrophe hollywoodien par excellence, plein à craquer de vedettes (Steve McQueenPaul NewmanWilliam HoldenFaye DunawayFred Astaire…) et d’effets spéciaux, produit pour une somme impressionnante et couronné d’un succès colossal. Deux heures quarante-cinq de grand spectacle, où le public médusé suit, quasiment en temps réel, l’incendie d’une gigantesque tour. Et si la première partie se contente de jouer la carte du suspense avec la propagation du feu, la seconde confronte directement ses personnages au vide.

En effet, l’inauguration de cet immeuble pas exactement aux normes se déroule aux derniers étages. Et l’évacuation des fêtards n’est pas de tout repos, la faute au laxisme du grand patron et à l’ascenseur central, un aller direct pour le barbecue. La Tour infernale comporte de nombreuses scènes bien vertigineuses, d’autant plus crispantes que le scénario n’hésite pas à rôtir ou faire chuter plusieurs personnages. Dans Mission : Impossible 4, on a beau avoir chaud pour les fesses de Tom Cruise, on se doute qu’il retombera sur ses pattes. Les petits bourgeois de la tour de verre, en revanche…

La séquence de la cage d’escalier en ruine est déjà tendue, mais dès lors que les secouristes installent une sorte de tyrolienne, les contre-plongées sadiques et les traversées périlleuses se multiplient. Le pire étant très probablement cet ascenseur panoramique endommagé par une explosion, incliné vers le vide, que les valeureux pompiers accrochent au treuil d’un hélicoptère. La mise en scène colle aux infortunés tout au long de la descente : un tour de force technique et une idée de génie, si bien qu’on serre les dents du 100e étage au rez-de-chaussée.

 

VERTIGE

Sortie : 2009 – Durée : 1h24

 

Vertige : photoLa peur du vide… et de Photoshop

  

Impossible de ne pas inclure cette tentative française plus qu’honorable. Certes, la promesse du survival n’est qu’un leurre, qui cache – attention, spoilers – un redneck movie bien moins intéressant et bien plus générique. Mais malgré la stupidité des personnages et leurs motivations pas très originales, les 50 premières minutes ont de quoi impressionner.

Et c’est moins grâce aux effets spéciaux, de très bonne facture puisque les CGI sont utilisés par touches, qu’à travers un personnage en particulier, celui campé par Johan Libéreau, paniqué. C’est l’un des ingrédients secrets de la peur du vide au cinéma : user à bon escient de la subjectivité d’un protagoniste atteint de vertige. À travers son point de vue, la réalisation peut s’amuser, à coups de zooms en tous genres, à simuler ce trouble et donc à donner une réalité à la dangerosité de la situation. Sans compter l’empathie des spectateurs eux-mêmes terrifiés par les hauteurs.

On retient de Vertige deux ou trois morceaux de bravoure donc, à l’instar de cette traversée de pont suspendu qui tourne mal. Et c’est suffisant pour serrer quelques fesses.

 

LA TOUR BLANCHE

Sortie : 1950 – Durée : 1h38

 

La Tour Blanche : photoDon’t look up

 

Meru, La mort Suspendue, Everest… les films d’alpinisme ou de montagne auraient à peu près tous leur place dans cette liste. Certains d’ailleurs sont excellents, comme l’époustouflant long-métrage Le sommet des Dieux, sorti en 2021. Non seulement il a fallu trancher, histoire de ne pas aligner les histoires de piolets, mais la plupart de ces œuvres ont pour sujet le dépassement de soi, le goût immodéré du danger ou la solidarité face à l’adversité plus que la peur du vide en elle-même.

La Tour Blanche ne fait pas forcément exception. L’ascension réputée impossible dans laquelle se lance ce groupe improbable est bien évidemment une excuse pour le corrompre au fil des difficultés et révéler les travers de la nature humaine dans des conditions extrêmes. Ils partent tous pour des raisons différentes et ils s’arrêtent tous plus ou moins contre leur gré. Néanmoins, il fallait bien corser la grimpette. Or, dans les années 50 à Hollywood, où les studios sont rois, difficile de simuler l’altitude, à moins de forcer un peu sur les fausses tempêtes (ce que La Tour Blanche ne manque pas de faire).

Et le film de Ted Tetzlaff, non content d’anticiper plusieurs codes du survival contemporain, s’en sort plutôt bien. En alternant quelques plans naturels et des plans de studio bien agencés, il parvient à donner quelques sueurs froides, notamment lors d’un final sur une pente glissante. Déjà, il démontre à quel point la mise en scène du vertige au cinéma dépend de l’impression de profondeur et de quelques tours de passe-passe que les effets numériques ont imités, mais jamais totalement maitrisés.

 

THE AERONAUTS

Sortie : 2019 sur Amazon Prime Video – Durée : 1h41

 

The Aeronauts : photo, Felicity Jones“Viser la Lune, ça ne me fait pas peur”

 

Niveau film qui se passe beaucoup trop loin du sol, The Aeronauts se place littéralement très haut. Le film réalisé par Tom Harper retrace (et enjolive) l’expédition scientifique en montgolfière menée par James Glaisher, incarné par Eddie Redmayne, et Henry Coxwell, remplacé pour l’occasion par Felicity Jones. Défiant la nature même de l’être humain, les deux avaient pour but d’explorer le ciel et d’aller plus haut que n’importe quel homme ou femme, c’est-à-dire à plus de 7 kilomètres de la terre ferme, se rapprochant ainsi dangereusement de la stratosphère et donc de la mort. 

Si le film épargne aux spectateurs une profusion de plans en contre-plongée sur le sol (qui est la plupart du temps recouvert par les nuages), il les crispe et leur donne les mains moites en insistant sur la fragilité et l’instabilité de la nacelle, filmée dans l’immensité du ciel comme le serait un minuscule radeau de fortune en plein océan Pacifique. Cette nacelle, en plus de partir en vrille à la moindre bourrasque, n’est ainsi retenue que par quelques fins cordages et soumise aux aléas de la météo, rendant l’expérience encore plus angoissante et spectaculaire.

La chute – qui serait mortelle avant même l’impact – est quant à elle toujours suggérée et redoutée (surtout quand Eddie Redmayne a la formidable idée de s’asseoir nonchalamment sur un des rebords). Le film fait aussi de l’ascension à plusieurs échelles en obligeant le personnage de Felicity Jones a quitté le peu de sécurité garanti par la nacelle pour escalader le ballon gelé qui, de fait, prend des allures de flanc de montagne particulièrement glissant.

 

CLIFFHANGER

Sortie : 1993  – Durée : 1h52    

 

Cliffhanger : photo, Sylvester StalloneProchaine étape, sans les mains

 

Avec un sous-titre comme “Traque au sommet”  et une affiche américaine avec Sylvester Stallone en short et débardeur pendu à un câble tête en bas dans les montagnes enneigées, il était impensable de ne pas mettre Cliffhanger (ce plaisir même pas coupable) dans la liste. Si le film, en plus de profiter d’un statut de série B culte, a redonné de l’élan à la carrière de l’Étalon italien, ce long-métrage réalisé par Renny Harlin a aussi et surtout été un enfer pour l’acteur qui a notamment tourné en altitude dans les Dolomites italiennes, alors que celui-ci est sujet au vertige (l’entrainement en Russie dans Rocky IV n’a donc pas été une partie de plaisir pour lui non plus).

Pour autant, c’est bien ce cadre naturel et majestueux qui permet de rendre plus vertigineuses et étourdissantes les séquences d’escalade et parties de cochon pendu. Mais Stallone n’est pas le seul à avoir donné de sa personne. Lors de la scène d’introduction – la plus susceptible de traumatiser les spectateurs qui ont peur du vide –, l’actrice Michelle Joyner a véritablement été suspendue dans le vide, tandis que la cascadeuse Georgia Phipps a réalisé une chute de 160 mètres pour les besoins de la scène. 

VERTIGO

Sortie : 1959 – Durée : 2h08

 

Sueurs froides : Photo James Stewart“Attention, ça va lâcher”

 

Alfred Hitchcock était un pur génie, ne cessant jamais d’expérimenter durant une bonne partie de sa carrière, notamment formellement entre son film en plan-séquence La Corde, son huis-clos à bord d’un canot de sauvetage Lifeboat ou bien carrément l’utilisation de la 3D dans Le Crime était presque parfait dès 1954. Des expérimentations qui lui ont permis d’inventer des techniques révolutionnaires, notamment dans Sueurs froides.

Le film suit Scottie (James Stewart), un ancien détective de la police qui souffre d’acrophobie (soit la peur des hauteurs), et Alfred Hitchcock voulait rendre sa peur panique du vide palpable chez les spectateurs. Il a alors eu l’idée de jouer avec la caméra et d’inventer un double mouvement de caméra en simultanée : un travelling arrière et un zoom avant. L’effet Vertigo (nommé d’après le film) provoque alors une déformation de l’arrière-plan tandis que le premier plan reste inchangé.

Et dans le cas de Sueurs froides cela donne une sacrée impression du ressenti panique du personnage principal puisqu’Hitchcock utilise le procédé en caméra subjective. Ainsi, qu’il se remémore la mort d’un collègue durant l’ouverture en regardant le sol paniqué ou essaye de ne pas flancher en grimpant les escaliers d’un clocher, Scottie vit un véritable cauchemar que les spectateurs éprouvent grâce à la mise en scène. Une sensation inédite, troublante, voire nauséeuse, qui constitue un des premiers grands éléments du vertige au cinéma.

 

FREE SOLO

Sortie : 2018 – Durée : 1h40

 

Free Solo : photoLe vertige, le vrai

 

Difficile de parler du vertige au cinéma sans évoquer l’incroyable documentaire Free Solo sur le grimpeur professionnel Alex Honnod. Le long-métrage, mis en ligne tristement uniquement sur Disney+ en France, raconte la préparation minutieuse d’Alex Honnod avant son ascension en free solo (c’est à dire sans aucune sécurité) d’El Capitan, une paroi verticale de près de 1000 mètres de haut dans le parc national de Yosemite. Autant dire que National Geographic s’est lancé dans une aventure spectaculaire, suivant les moindres faits et gestes du grimpeur avec de multiples caméras pour ne rien rater de cet exploit.

Dans ce contexte, impossible de demander au grimpeur de porter une mini-caméra ou même aux techniciens de s’approcher trop près pour éviter de lui faire prendre des risques, de le gêner ou de le distraire (Alex Honnod risquant tout simplement de mourir pour rappel). Free Solo s’est donc construit sur de nombreux plans aériens capturés par un hélicoptère suffisamment éloigné pour ne pas déranger le grimpeur ainsi que plusieurs caméras à déclenchement à distance accrochés aux parois.

Le résultat à l’écran est tout bonnement impressionnant puisque le documentaire ne triche sur rien. Le vide est littéralement du vide, le danger est réel et la hauteur que grimpe Alex Honnod terriblement effrayante. Car plus que les plans aériens scrutant le sol à des centaines de mètres de hauteur, découvrir depuis la terre ferme la petite silhouette d’Alex Honnod crée une sensation tout aussi dérangeante. Ou comment donner le vertige en regardant en l’air !

Ceci est un article publié dans le cadre d’un partenariat. Mais c’est quoi un partenariat Ecran Large ?

Fall, Mission : Impossible… 10 films qui donnent le vertige