« Everything Everywhere All at Once », « la Page blanche », « la Dégustation »… Les films à voir (ou pas) cette semaine

♥♥♥ Everything Everywhere All at Once

Comédie d’action américaine par Daniel Scheinert et Daniel Kwan, avec Michelle Yeoh, Ke Huy Quan, Jamie Lee Curtis (2h19).

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« Tout partout en même temps » : le titre dit bien les choses. Explosion d’idées débridées, débiles, brillantes ou potaches, mélange de drame familial, de comédie absurde et de SF kung-fu, ce film fou, qui fait de l’ubiquité un principe de mise en scène, est l’expression iconoclaste de la folie qui guette nos cerveaux d’humains interconnectés. Résumons. Evelyn, partie de Chine pour réussir à Los Angeles, a remisé ses ambitions, mais ne sait plus où donner de la tête entre la gestion du Lavomatic familial, sa fille, dont elle cache l’homosexualité au grand-père atrabilaire, son époux, trop gentil pour être honnête, et le fisc, qui lui cherche des noises. Au bord du burn-out, elle est visitée par une version alternative de son mari qui l’initie à des univers parallèles et délirants, où un destin d’héroïne l’attend.

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« Un récit bien mené, si l’on n’y prend pas garde, peut pousser des types à envahir l’Ukraine »

Ce serait la porte ouverte au grand n’importe quoi si les Daniels n’adossaient leur ambition épique digne de « Matrix », leur folie « montypythonesque », leur approche bricolo-surréaliste à la Michel Gondry et leur dextérité inouïe au parcours émotionnel d’Evelyn, interprétée par l’époustouflante Michelle Yeoh, légende du cinéma de Hongkong, que le film célèbre autant qu’elle, à 59 ans, le sert sans s’économiser. A ses côtés, Jamie Lee Curtis, méconnaissable en flasque fonctionnaire des impôts, et Ke Huy Quan, inoubliable Demi-Lune d’« Indiana Jones et le temple maudit », ajoutent au plaisir de cette dinguerie, débordante de générosité et d’amour du cinoche. Nicolas Schaller

♥♥ La Page blanche

Comédie française par Murielle Magellan, avec Sara Giraudeau, Pierre Deladonchamps, Grégoire Ludig (1h40).

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Eloïse (Sara Giraudeau) se réveille sur un banc de Montmartre sans aucun souvenir. Son enquête à la recherche d’elle-même lui apprend qu’elle lit Amélie Nothomb, exerce un job insipide chez Gibert Joseph – les employés apprécieront – et que ses proches sont des crétins. Mais grâce à cette tabula rasa, la jeune femme va découvrir l’amour pur, l’amitié désintéressée, la famille soudée, les vraies valeurs en somme. « On devrait tous perdre la mémoire au moins une fois dans sa vie », minaude-t-elle. Adapté d’une BD calibrée pour le succès avec ses deux auteurs stars (Pénélope Bagieu et Boulet), le film pâtit d’un flagrant manque de relief et d’idées. Un vrai syndrome de la page blanche. Amandine Schmitt

C’EST RATÉ

La Dégustation

Comédie dramatique française par Ivan Calbérac, avec Isabelle Carré, Bernard Campan, Mounir Amamra (1h32).

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Un film moins raté que maladroit, jusqu’à l’agacement. Incapable de faire le deuil d’un fils disparu, réfugié dans la boisson, Jacques voit son quotidien, aussi poussiéreux que les millésimes qu’il vend, perturbé par une jeune femme en quête d’enfant et un jeune délinquant en réinsertion. En portant à l’écran sa pièce (molière 2019 de la meilleure comédie), Ivan Calbérac veut faire oublier l’origine théâtrale de cette dégustation. Mais son adaptation reste fade, et sa mise en scène, illustrative. Surtout lorsqu’elle se risque à un flash-back démonstratif. Dommage, car le talent des trois comédiens vaut mieux que cela. Tout comme ce personnage de quadra catholique fervente ayant recours à la science pour procréer. Héroïne complexe, mais traitée en surface. X. L.

♥ Avec amour et acharnement

Drame sentimental français par Claire Denis, avec Juliette Binoche, Vincent Lindon, Grégoire Colin (1h56).

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Ex-joueur de rugby pris dans une affaire de corruption, Jean (Vincent Lindon) sort de prison, retrouve Sara (Juliette Binoche), qui partage sa vie, et renoue avec François (Grégoire Colin), qui lui propose un job. Or celui-ci est aussi l’ex de Sarah, qui ne l’a pas oublié : « Ça y est, c’est reparti : l’amour, la peur, les nuits sans sommeil, le téléphone au pied de mon lit sans dire que je mouille. » Du pur Christine Angot, qui collabore pour la seconde fois avec Claire Denis et Juliette Binoche après « Un beau soleil intérieur », lumineux portrait de femme. On ne saurait en dire autant de cet irritant triangle amoureux virant à l’autopsie de couple. L’aveuglement de Jean comme la duplicité de Sarah et sa dépendance à son amant toxique paraissent, au mieux, pathétiques. N. S.

♥♥ Les Cinq Diables

Comédie dramatique française par Léa Mysius, avec Adèle Exarchopoulos, Sally Dramé, Swala Emati (1h35).

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En ouverture, des filles en justaucorps pailleté contemplent un incendie tandis que l’une d’entre elles, Joanne (Adèle Exarchopoulos, très bien), se tourne face caméra. A la tête d’une famille métissée, cette ex-miss Rhône-Alpes devenue maître-nageuse a une petite fille, Vicky (Sally Dramé, formidable), dotée d’un pouvoir olfactif qui lui permet d’encapsuler les odeurs et de revoir par flashs la vie de sa mère. Quand la tante de Vicky, Julia, débarque dans leur village des Alpes, les secrets enfouis resurgissent sur fond d’homophobie et de racisme latents. Léa Mysius, révélée par « Ava », se frotte au fantastique pour proposer un puzzle excitant mais un poil alambiqué où désosser le passé donnera une chance au présent. Et puis, de la nature sublime (Jim Harrison est une de ses références) à une scène de karaoké électrique, elle filme avec une puissance diabolique. Sophie Grassin

♥ Rebel

Drame franco-belge par Adil El Arbi et Bilall Fallah, avec Aboubakr Bensaihi, Amir El Arbi, Lubna Azabal (2h15).

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L’enfer de l’Etat islamique vu des deux côtés de la Méditerranée : en Syrie, où un rappeur de Molenbeek, parti dans un but humanitaire, se trouve embringué dans les troupes de Daech. Et en Belgique, où son jeune frère de 12 ans, pour le rejoindre, se laisse embrigader par un recruteur de quartier, malgré les efforts de sa mère pour l’en éloigner. Revenus d’Hollywood après avoir signé « Bad Boys 3 », les Belges El Arbi et Fallah n’ont pas froid aux yeux. Ils emballent quelques séquences fortes en mettant leur savoir-faire au service de leur sujet délicat : rares sont les films à être allés aussi loin dans le récit de l’engrenage et de l’horreur djihadistes. Hélas, « Rebel » devient embarrassant lorsqu’il bascule en mode comédie musicale façon Bollywood du pauvre, sur des paroles dignes d’un TikTokeur fan de Diam’s. Osé mais hasardeux. N. S.

♥ Memory House

Drame opaque brésilien par João Paulo Miranda Maria, avec Antonio Pitanga, Sam Louwyck, Ana Flavia Cavalcanti (1h33).

Vimeo – Memory House – Bande annonce

Dans une région du sud du Brésil où la langue officielle est l’allemand et qui rêve de faire sécession, un ouvrier modeste et nordiste est victime des coupes budgétaires de l’abattoir où il travaille. Le soir venu, il retourne dans sa maison, qu’il retrouve saccagée. S’agit-il de malversations de ses voisins ou de la manifestation d’un phénomène surnaturel ? Une fable dystopique, politique, fantastique et poétique qui a tout pour séduire. D’autant que la mise en scène instaure une étrangeté pernicieuse qui vous happe. Mais, au résultat, c’est répétitif et sans finalité. Comme si le cinéaste était en quête de sensations, mais jamais de sens. Xavier Leherpeur

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♥♥ Flee

Film d’animation danois par Jonas Poher Rasmussen (1h23).

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A la fin des années 1980, de Kaboul à Copenhague en passant par l’URSS, la transhumance d’un jeune garçon et de sa famille vers la liberté. Liberté de pouvoir vivre pleinement son homosexualité. Primé à Annecy et cité trois fois à l’oscar, « Flee » combine reportages de l’époque, dessin figuratif et esquisses fantomatiques en noir et blanc pour retracer la géopolitique de cette époque et l’histoire vraie du jeune Amin, aujourd’hui universitaire et époux comblé de Kasper. Le récit s’affranchit de la seule dimension biographique pour dire, à la première personne (le héros se confie à un réalisateur qui veut faire un film sur lui), la tragédie silencieuse de ces déplacés. Seule réserve, la stylisation tient parfois l’émotion à distance. X. L.

♥♥ The Princess

Documentaire britannique par Ed Perkins (1h44).

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Disparue il y a vingt-cinq ans, Diana fascine toujours autant. Piochant dans les archives et les actualités, Ed Perkins nous livre un portrait passionnant d’une princesse simple, spontanée, déboussolée et séductrice. Du mariage solennel à la cathédrale Saint-Paul jusqu’à ses funérailles, au même endroit, en passant par l’accident à Paris et le culte né dans la foulée, le film évite les pièges habituels du documentaire : pas de bla-bla, juste l’utilisation magistrale d’images existantes, qu’il s’agisse d’interviews ou de films d’amateurs. Même si on n’est pas un fan de Diana, le film reste captivant. François Forestier

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♥♥♥ My Name is Gulpilil

Documentaire australien par Molly Reynolds (1h45).

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Extraordinaire, littéralement. Molly Reynolds («  AnotherCountry ») retrace la vie de David Gulpilil, acteur aborigène qui fut révélé par son rôle d’ado errant dans «  Walkabout  » en 1971. De « Storm Boy » à « Rabbit Fence  », Gulpilil a traversé toute l’histoire du cinéma australien, et, contre toute attente, est devenu une vedette. En 2017, vieillissant, on a diagnostiqué un cancer, et, tandis qu’il est soigné, il revient avec humour sur sa biographie, avec la complicité de la réalisatrice. Oui, il a eu maille à partir avec la justice ; oui, il a la nostalgie des terres ancestrales. Méditation sur la mort, le film est à la fois une belle leçon de vie et un poignant portrait d’un homme élégant et empreint de spiritualité. F.F

♥♥ Shabu

Documentaire néerlandais par Shamira Raphaela (1h15).

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Quelque part entre le doc et la fiction : Shabu, gamin issu de la communauté caribéenne de Rotterdam, est un adolescent black qui rêve de hip-hop et de fun. L’été s’annonce bien, avec les copains : hélas, Shabu a détruit la voiture de sa grand-mère, qui en exige le remboursement. Va falloir travailler, donc. Fable morale, drôle et touchante, ce petit film d’une réalisatrice engagée (Shamia Raphaela a signé un documentaire sur le Liberia et un autre sur la montée de l’extrême droite au Pays-Bas) prend le contrepied des clichés habituels : « Dans notre société, les garçons noirs sont trop souvent stéréotypés », explique la réalisatrice. Dialogué en dialecte surinamais, le film est donc une balade dans un monde souriant, fraternel, tragicomique. Feel-good movie ? Oui, et c’est réussi. F. F.

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ÇA RESSORT

♥♥♥ Les Petites Marguerites

Comédie tchécoslovaque par Vera Chytilova, avec Jitka Cerhova, Ivana Karbanova, Julius Albert (1966, 1h14).

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C’était en 1966. Vera Chytilova, une jeune cinéaste tchèque de 37 ans, ex-étudiante en architecture, bousculait tout, avec des films surréalistes et absurdes. Ici, elle imagine deux pestes – Marie 1 et Marie 2 – qui se font inviter par des hommes mûrs, qu’elles laissent tomber en semant la pagaille. C’est drôle, inattendu, insolent : évidemment pas dans la ligne du Parti, qui, à l’époque, n’appréciait pas cet humour digne de Jarry : le film fut interdit. Vera Chytilova a signé, par la suite, une douzaine de films, mais celui-ci reste le meilleur exemple de sa révolte et de son ironie. Plus d’un demi-siècle plus tard, le message reste valable : indignez-vous ! F. F.

« Everything Everywhere All at Once », « la Page blanche », « la Dégustation »… Les films à voir (ou pas) cette semaine