Le septuagnaire a t bless lorsqu’un homme a ouvert le feu sur son convoi alors qu’il menait une marche de protestation Islamabad pour rclamer une lection surprise. Il avait t vinc du poste de premier ministre en raison de la frustration du public face l’inflation leve, aux dficits croissants et la corruption endmique que Khan avait promis d’radiquer.

Khan a t chass du pouvoir par ce qu’un collaborateur de l’poque a appel un coup d’tat judiciaire de la Cour suprme, qui a annul sa dcision de dissoudre le Parlement et ordonn aux parlementaires de retourner la chambre basse.

Des dfections au sein de sa coalition au pouvoir lui ont fait perdre le vote de “non-confiance” qui a suivi.

Il fait ainsi partie d’une longue liste de premiers ministres pakistanais lus qui ne sont pas alls au bout de leur mandat – aucun ne l’a fait depuis l’indpendance en 1947.

En 2018, la lgende du cricket, qui a men le Pakistan sa seule victoire en Coupe du monde en 1992, avait ralli le pays derrire sa vision d’une nation prospre, sans corruption et respecte l’tranger. Mais la renomme et le charisme du nationaliste incendiaire n’ont pas suffi.

Ironiquement, pour un homme politique autrefois critiqu pour tre sous la coupe du puissant establishment militaire, son viction est intervenue au milieu de signes de dtrioration des relations entre lui et le chef de l’arme, le gnral Qamar Javed Bajwa.

L’arme, qui joue un rle dmesur au Pakistan, ayant dirig le pays pendant prs de la moiti de son histoire et obtenu le contrle de certaines de ses plus grandes institutions conomiques, a dclar qu’elle restait neutre vis–vis de la politique.

PROMESSES ALLCHANTES

Beau et charismatique, Khan a d’abord attir l’attention du monde du cricket au dbut des annes 1970 en tant que joueur de bowling agressif et rapide, dot d’une action bondissante distinctive.

Il est ensuite devenu l’un des meilleurs joueurs polyvalents du monde et un hros dans un Pakistan fou de cricket. Il a men une quipe de stars en difficult la victoire en Coupe du monde en 1992, incitant ses joueurs se battre “comme des tigres acculs”.

Aprs s’tre retir du cricket cette anne-l, il s’est fait connatre pour sa philanthropie, levant 25 millions de dollars pour ouvrir un hpital pour cancreux en mmoire de sa mre, avant d’entrer en politique avec la cration de son parti Tehreek-i-Insaf (PTI), ou Mouvement pakistanais pour la justice, en 1996.

Malgr sa notorit, le PTI a langui dans le dsert politique pakistanais, ne remportant aucun sige autre que celui de Khan pendant 17 ans.

Cette priode a toutefois connu des moments dramatiques. En 2007, Khan a chapp l’assignation rsidence en sautant par-dessus un mur dans le cadre de la rpression des figures de l’opposition par le gnral Pervez Musharraf, alors dirigeant militaire.

En 2011, Khan a commenc attirer des foules immenses de jeunes Pakistanais dsabuss par la corruption endmique, les pnuries chroniques d’lectricit et les crises de l’ducation et du chmage.

Il a attir des soutiens encore plus importants dans les annes qui ont suivi, avec des expatris pakistanais duqus qui ont quitt leur emploi pour travailler pour son parti et des musiciens et acteurs pop qui ont rejoint sa campagne.

Son objectif, a dclar Khan ses partisans en 2018, tait de transformer le Pakistan d’un pays avec un “petit groupe de riches et une mer de pauvres” en un “exemple pour un systme humain, un systme juste, pour le monde, de ce qu’est un tat-providence islamique”.

Cette anne-l, il a enfin remport la victoire, marquant l’ascension rare d’un hros sportif au sommet de la politique. Les observateurs ont toutefois averti que son plus grand ennemi tait sa propre rhtorique, ayant fait natre de grands espoirs chez ses partisans.

DU PLAYBOY AU RFORMATEUR

N en 1952, fils d’un ingnieur civil, Imran Ahmed Khan Niazi se dcrit comme un enfant timide qui a grandi avec quatre surs dans une famille urbaine pachtoune aise de Lahore, la deuxime plus grande ville du Pakistan.

Aprs une ducation privilgie Lahore, au cours de laquelle ses talents de joueur de cricket se sont rvls, il est entr l’Universit d’Oxford o il a obtenu un diplme en philosophie, politique et conomie.

Alors que sa carrire de cricket s’panouit, il dveloppe une rputation de playboy Londres la fin des annes 1970.

En 1995, il pouse Jemima Goldsmith, fille du magnat des affaires James Goldsmith. Le couple, qui a eu deux fils ensemble, a divorc en 2004. Un second bref mariage avec la journaliste de tlvision Reham Nayyar Khan s’est galement sold par un divorce.

Son troisime mariage avec Bushra Bibi, un chef spirituel que Khan avait appris connatre lors de ses visites dans un sanctuaire du XIIIe sicle au Pakistan, reflte son intrt croissant pour le soufisme – une forme de pratique islamique qui met l’accent sur la proximit spirituelle avec Dieu.

Une fois au pouvoir, Khan s’est lanc dans son plan de construction d’un tat “providence” model sur ce qu’il disait tre un systme idal remontant au monde islamique quelque 14 sicles plus tt.

Son gouvernement a procd un certain nombre de nominations cls sur la base de qualifications et non de faveurs politiques et a cherch rformer l’embauche dans la bureaucratie et la fonction publique.

Parmi les autres mesures, citons la facilitation du dpt de plaintes par les citoyens et l’introduction de soins de sant universels pour les pauvres dans une province, avec des plans pour tendre le programme l’chelle nationale. Le gouvernement a galement lanc un projet visant planter 10 milliards d’arbres pour inverser des dcennies de dforestation.

Pour soutenir une conomie en difficult, M. Khan a opr un important revirement politique en dcrochant un plan de sauvetage du FMI pour le Pakistan et en fixant des objectifs ambitieux, bien que non atteints, pour tendre la collecte des impts.

Mais sa campagne de lutte contre la corruption a t fortement critique comme tant un outil permettant de mettre l’cart les opposants politiques – dont beaucoup ont t emprisonns pour corruption.

Les gnraux pakistanais sont galement rests puissants et des officiers militaires, retraits ou en activit, ont t placs la tte de plus d’une douzaine d’institutions civiles.

Imran Khan, star du cricket devenue premier ministre du Pakistan, bless par balle la jambe